Comme l'air du temps aussi nous compose, avez-vous remarqué, à Paris, la semaine dernière, le violet tendre et vieillot de la floraison aussi soudaine que tardive des polovnias? Des places entières avaient pris un air de dentelles, de dessous de grands-mères. Sur les hauteurs, plus haut que les bus habituels, que la circulation indifférente, les fleurs avaient pris le dessus. Elles remplissaient l'espace, et tout en était différent. Cela fut bref. Aujourd'hui elles jonchent, brisées de pluie, les trottoirs mouillés. Là-haut, dans les polovnias, sortent les feuilles tendrement vertes.
Aussi, tranchant sur l'extrême noirceur qui depuis 14 ans (j'ai compté) règne sur les manteaux citadins, apparaît ici et là, ces tout derniers temps, un rouge étonnant. Ni bordeaux, ni carmin, ni lie-de vin, ni sang de boeuf. Un rouge de feu rouge. Un rouge stendhalien. Benoîtement éclaté. Disséminé harmonieusement dans la noirceur encore régnante. (Pas comme les groupes serrés, et bizarrement multicolores, des touristes en blousons, d'évidence venus d'autres habitudes et contrées. ). Les temps changent, vous dis-je.