Journée d'étude: We need to talk... Adolescence et actes violents
La fulgurance adolescente, que l’on pourrait nommer de ce signifiant apparu dans l’horreur de l’actualité : la radicalité, a toujours interrogé, et la rareté du passage à l’acte cruel soulève néanmoins pour les parents, les professionnels du travail social et l’opinion publique une interrogation sur la vie et la mort, le bien et le mal, le normal et le pathologique...
Projections-débat et journée d’étude vendredi 2 et samedi 3 décembre 2016 IFSI, Centre Hospitalier Joseph Imbert, Quartier Fourchon, Arles
La fulgurance adolescente, que l’on pourrait nommer de ce signifiant apparu dans l’horreur de l’actualité : la radicalité, a toujours interrogé, et la rareté du passage à l’acte cruel soulève néanmoins pour les parents, les professionnels du travail social et l’opinion publique une interrogation sur la vie et la mort, le bien et le mal, le normal et le pathologique. La jeunesse dans sa « dépense improductive » selon les termes de Georges Bataille, interroge le monde de front, quelles qu’en soient les modalités.
Notre collectif associatif Ateliers Cliniques Psychanalyse Institution, composé de personnels du soin, de l’enseignement, du travail social et de psychanalystes, a décidé cette année de réfléchir à ce qui dans le phénomène de l’acte violent de l’adolescent interroge les bases de notre humanité, de notre lien social, et nous plonge dans le désarroi et l’impuissance. Si l’acte tient lieu d’un dire, n’est-ce pas la subjectivité elle-même qui se risque à naître ou à mourir dans ce mouvement?
Par l’utilisation des nouvelles technologies, certains actes cruels sont filmés puis diffusés, acte et image sont alors incorporés l’un à l’autre se déliant de la fonction symbolique. Très souvent le regard se trouve à l’œuvre dans le déclenchement des passages à l’acte : mais de quel regard est-il question ? La fascination qui pétrifie met fin à la parole et saborde l’altérité, alors que par les relais médiatiques elle ouvre aux propagandes de toutes sortes. Détournés et amplifiés, les actes violents servent à construire un discours global sur une jeunesse dont on se défie et qui défie l’ordre symbolique.
Un film sera projeté la veille de la journée d’étude.
« We need to talk about Kevin »
de Lynne Ramsay, 2011,
Notre travail et sa méthode permettra de sortir des catégories stigmatisantes, pour tenter de parler, là où l’acte vient justement faire apparaître la disparition de la parole, avec quelles implications subjective et sociale dans une actualité qui nous enjoint de faire retour sur ces questions.
Les intervenants
Claude Allione – texte lu – , psychanalyste, Anduze, auteur de la Haine de la parole, éd. LLL, Agnès Benedetti, psychanalyste, Arles, présidente ACPI Laurent Caillard, psychothérapeute à Fleury-Mérogis, enseignant à l’institut de criminologie de Paris II Xavier Canonge, psychanalyste, docteur en psychopathologie, auteur de Le regard de travers, Adolescence et délinquance, éd. Armand Colin, Delphine Capron, auteur-compositeur-interprète, Arles, auteur du CD Lighthouse Tree, septembre 2016 Laurent Garreau, docteur en cinéma audiovisuel, auteur du livre « Les archives secrètes du cinéma français” (1945-1975) PUF Christian Soupène, éducateur spécialisé en IME, Guy de Villers Grand-Champs, psychanalyste, membre de l’ECF, Professeur émérite à l’Université Catholique de Louvain la Neuve, fondateur de l’association internationale des histoires de vie
Déroulement
ACPI s’appuie sur le récit, la littérature et le cinéma, comme media de transmission de la clinique. Cette orientation permet de fédérer à partir des différences de pratiques institutionnelles. Les ateliers en petits groupes, conçus comme des espaces d’expression libres après l’écoute des intervenants, sont accompagnés par des rapporteurs qui facilitent les échanges en plénière par leur retour.
Vendredi 2 décembre soir, 18h30-23h, entrée 10€, IFSI Arles
Projection du film We need to talk about Kevin, Lynne Ramsay, 2011
Ce film est remarquable à bien des égards et jusque dans ses travers maniant l’excès et le baroque. Il vient interroger de nombreux aspects de la clinique contemporaine, les impasses d’une relation mère-enfant quand elle s’isole, le lien conjugal, la solitude d’individus juxtaposés désertés par la parole, l’importance du regard et de la mise en scène à défaut de reconnaissance symbolique. Le rapport à l’image et la violence questionne une particularité contemporaine d’une certaine monstration de soi dans l’espace public comme enjeu de subjectivation. Le traitement cinématographique propose une narration onirique et fragmentée propice à interroger la temporalité, la rapport fiction-vérité.
Le film sera suivi d’un chant inédit de Delphine Capron, auteur-compositeur-interprète, écrit et composé pour cette soirée. Discussion animée par Xavier Canonge, psychanalyste et Laurent Garreau, chercheur en audiovisuel.
9h: accueil 9h30 – Ouverture: Agnès Benedetti, psychanalyste, Arles, présidente ACPI: « Acte violent, du trauma à la fiction, introduction à la journée » 9h45: Espace des récits issus de la clinique: – Christian Soupène, Tué là – Xavier Canonge, Le joueur d’échec – Guy de Villers Grand-Champs, C’est à cause du chien 10h45: pause et mise en atelier sous la forme de petits groupes de parole 12h15: retour en salle avec rapports d’ateliers et discussion avec la salle
Buffet organisé par C2C : 13h00-14h30, 15€ sur inscription seulement, avant le 28/11/16
Après-midi, 14h30-17h30
Conférences-débat, Discutants: Guy de Villers Grand-Champs et Xavier Canonge 14h30 – Laurent Caillard, « Trauma représentable, trauma irreprésentable », 15h00 – discussion 15h20 – Lecture du texte de Claude Allione, « La défaite des mères », par Agnès Benedetti 15h50 – discussion et pause 16h30 – Laurent Garreau, « Les images violentes et la violence en image: une mise en perspective médiatique, artistique et historique » 17h00 – Discussion et clôture
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.