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Portfolio 28 décembre 2019

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Εξάρχεια (Exarcheia), Athènes: un quartier autonome en sursis

Exarcheia, sa place, ses rues inextricables, un quartier autonome inexpugnable où l'idéal se confronte à la pression immobilière, est face à un défi majeur: résister à la gentrification ou être domestiqué. Clichés pris à l'école Polytechnique (quasiment désertée) et autour de la Place Exarcheia.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Illustration 1
    © STANTOR 2019

    Banderole, place Exarcheia, Athènes, Grèce, 24/12/2019 : "Soutiens d'AirB'nB, rentrez chez vous, ici nous avons une guerre de classe, vous êtes une cible"

    Se hasarder dans ce quartier avec un ou plusieurs appareils photo n'est pas prudent car, il faut le savoir, ce n'est pas tant les anarchistes le danger, mais ce mélange funeste de dealers de drogues et de flics en civil qui rôdent ou simplement vous interpellent depuis la place Exarcheia où trône un énorme "A" cerclé et illuminé (Noël oblige), accolé à une statue au pied de laquelle des types louches vous surveillent du coin de l'oeil.

     

  2. Illustration 2
    © STANTOR 2019

    Une devanture d'une librairie de la place Exarcheia, vous présente les objets du délit.

    Par cette belle journée de réveillon de Noël, quoi de plus dynamisant que de se perdre ici  ?

    L'accès à cette place mythique, épicentre du séïsme libertaire qui secoue la Grèce depuis des décennies, est facile. Cherchez l'école polytechnique et remontez une rue assez commerçante pour tomber tout d'un coup dans un monde parallèle où les flics ne s'aventurent que par "blitz", des opérations coup de poing qui ne durent jamais plus de 20 minutes.

    Aujourd'hui, à 17:30, un 4x4 noir freine brutalement à un carrefour de la place. En sortent 5 hommes en noir, cagoulés, armés jusqu'aux dents, puis un fourgon arrive, d'où sortent 5 autres hommes en noir, tous policiers, missionnés sur place pour interpeller des dealers. Ca siffle dans tous les sens, les flics sont sur les nerfs, interpellent une personne pour repartir aussitôt.

    Notre contact nous indique que la durée de vie des flics dans ce quartier est courte, une présence de plus de 20 min provoque une réaction quasiment immédiate, le bouche à oreille, les cellulaires peuvent sonner la mobilisation générale.

    D'ailleurs la police ne se hasarderait pas à maintenir un effectif permanent sur la place au risque de voir le poste de police proche à nouveau flamber sous les attaques aux cocktails Molotov ou, pire, de déclencher une émeute gigantesque. Le poste de police de quartier a déjà été incendié pas moins de 15 fois ces dernières années.

  3. Illustration 3
    © STANTOR 2019

    Mais, pour bien commencer, il faut se plonger dans l'atmosphère de "calme avant la tempête" que suggère l'Ecole Polytechnique toute subjuguée par la Révolution et la lutte antifasciste.  Même si l'école a été relocalisée hors du centre d'Athènes il y a près de 30 ans, il reste sur ce site voisin du Musée d'archéologie quelques cours et des services administratifs qui font que ce campus relativement petit reste un bastion des organisations révolutionnaires qui refusent la rupture du status quo au point d'empêcher le projet d'une station de métro de se concrétiser.  La constellation d'organisations révolutionnaires marque le site avec de gigantesques fresques qui sont autant d'hommages à tel ou tel militant ou victime des fascistes ou de la police que des marquages de territoire.

  4. Illustration 4
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    Fresque à la mémoire du chanteur hip-hop "Killah P", Pàvlos Fyssas, proche de la coalition anticapitaliste Antarsya, assassiné le 18 septembre 2013 à Keratsini (Athènes) par un membre du parti néo-nazi Aube Dorée.

  5. Illustration 5
    © STANTOR 2019

    Fresque à la mémoire du militant internationaliste Lorenzo Orsetti, chef cuisinier et sommelier de métier, combattant italien au sein d'une formation militaire dépendant du TKP/ML turque puis de "Lutte Anarchiste"-Tekosina Anarsist (intégrée au sein d'une unité arabe des YPG), tué le 18 mars 2019 dans une embuscade des miliciens de l'Etat Islamique à Baghouz, Syrie. Son nom a d'ailleurs été donné à un parc de Rome, le Parco Nomentano Lorenzo Orsetti Partigiano.

  6. Illustration 6
    © STANTOR 2019
  7. Illustration 7
    © STANTOR 2019
  8. Illustration 8
    © STANTOR 2019

    "Défends ton quartier !"

  9. Illustration 9
    © STANTOR 2019

    Fresque du KKE (parti communiste de Grèce) /KNE (jeunesses communistes de Grèce) dans un hall d'un bâtiment de l'école.

  10. Illustration 10
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    Fresque du Mouvement de la Gauche Unie Indépendante (EAAK), groupe issu d'une scission du KKE/KNE, fondé en 1991. Mouvement implanté dans les universités qui désapprouve la représentation dans les conseils de l'administration universitaire pour privilégier les assemblées générales souveraines.

  11. Illustration 11
    © STANTOR 2019
  12. Illustration 12
    © STANTOR 2019

    "Mords la main qui te forme"

  13. Illustration 13
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    Lieu de pèlerinage à l'emplacement où une balle tirée par un policier paniqué tua par ricochet le 6 décembre 2008 le jeune Alexandros Grigoropoulos, 15 ans, militant anarchiste, fils d'une famille habitant le quartier voisin de Kolonàki.

  14. Illustration 14
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    Plaque commémorant la mort du jeune Berkin Elvan sorti de chez lui pour acheter du pain et qui fut tué par une grenade lacrimogène tirée par la police stambouliote. Berkin Elvan succomba après 269 jours de coma le 11 mars 2014, l'annonce de son décès déclenchant des manifestations massives.

  15. Illustration 15
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    Fresque qui résume laconiquement l'esprit qui flotte sur Exarcheia.

  16. Illustration 16
    © STANTOR 2019

    A Exarcheia, un gouffre étroit sépare donc deux mondes.

    Détroit de Corinthe. Isthme de Corinthe, Grèce, décembre 2019.

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