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Portfolio 14 octobre 2021

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Sens interdits : parole au Chili

D'une enfance sous la dictature de Pinochet, au début des années 1980, à une adolescence dans des foyers d'accueil, dans les années 2000, Space invaders et Feroz, les deux premiers spectacles du festival Sens interdits, à Lyon jusqu’au 30 octobre, offrent deux visions du Chili. De ses blessures, mais aussi de sa volonté de prendre la parole. Plus que quelques heures pour aller voir le diptyque.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Illustration 1
    © Space invaders

     Quelle ouverture que ce "focus Chili" du festival Sens interdits avec deux œuvres, Feroz et Space invaders, qui semblent porter l’âme même du festival lyonnais : elles donnent la parole à ceux et celles qui ne l’ont pas, ou qui ne l’ont pas eu à temps. Et si les deux pièces ne traitent pas de la même époque, elles se répondent comme en écho. Entre jeu vidéo, lit à étage métallique et rap, Feroz, mis en scène par Danilo Llanos, raconte l’horreur des nuits de cinq adolescents de 16, 17 et 18 ans vivant dans un des centres du service national des mineurs (Sename). Le scandale d’État est très récent : entre janvier 2005 et juin 2016, 1 313 enfants et adolescents sont morts dans ses foyers qui tiennent à la fois de l'orphelinat et du centre de détention.  Si les voix des comédien.ne.s semblent fragiles au début, elles gagnent vite en densité avec les récits de ces gamins brisés par les violences et leurs corps, dos figé et mains agrippées à une barre du lit, vibrant au rythme d’une musique ou d’une branlette volée, nous entraînent avec virulence dans leurs drames. 

    Cette physicalité, cette émotion, se retrouve dans le jeu engagé, parfois proche de la danse ou du mime, des quatre magnifiques comédiennes de Space Invaders, mis en scène par Marcelo Leonart. Tiré des souvenirs et de la nouvelle de l’une d’entre elles, Nona Fernández, le spectacle nous plonge au début des années 1980, en pleine dictature de Pinochet. Entre rêve et mémoire, il s’appuie sur la trame d’un des premiers jeux vidéos à l’époque, Space invaders, pour raconter des enfances bridées. Dans les deux spectacles, ces micros où l’on vient déclarer, commenter, murmurer, parfois, traduisent la même urgence de dire enfin publiquement sa vérité.  

    Florence Roux

    https://www.sensinterdits.org

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