Jérôme Faÿnel, le président du Collectif 69 en soutien au peuple palestinien prend la parole en début de manifestation. Comme d'habitude, derrière son apparente modestie, se dégage un fort charisme. Ses mots sont justes, forts. J'espère qu'une vidéo a été tournée, car j'ai omis d'enregistrer le son du discours.

Il mentionne l'esprit de son engagement pacifiste, en citant Martin Luther King. Il lit notamment un texte de l'Union Juive Française pour la Paix, qui est très applaudi. Il mentionne au détour d'une phrase que le gouvernement de Netanyahou est fasciste, mais sans s’appesantir. Il martèle comme à chaque fois la demande de cessez-le-feu, et laisse à l'assistance le soin de reprendre le terme en chœur. Il fait de même avec le slogan "Gaza, on est là", après avoir lu un texte d'un correspondant gazaoui arrivé en Égypte qui a découvert le soutien des populations mondiales à Gaza. Comme d'habitude, il parvient à toucher les cœurs dans l'assistance.

C'est l'anniversaire du mouvement des Gilets jaunes. À Lyon, ceux-ci ont décidé de se mettre en retrait, pour éviter de voir leur rassemblement annulé par la préfecture, du fait de la concomitance de leur mobilisation avec celle pour le cessez-le-feu à Gaza.

Malgré tout, quelques uns sont là.

Les gens ici sont énervés par l'absence de couverture des luttes en soutien au peuple palestinien. C'est une chose que l'on entend aussi dans la foule, quand les gens discutent entre eux.

Le cortège a pris place sur la voie de façon relativement disciplinée, même si cela déborde un peu sur les trottoirs.

Les militants du boycott n'y vont pas de main morte avec leurs pancartes.

J'aime ce style direct, qui responsabilise les consommateurs des grandes multinationales.

Il y a aussi évidemment le discours plus officiel de BDS.

Les associations historiques de soutien à la Palestine sont là, comme ici l'Association France Palestine Solidarité.

L'Union Juive Française pour la Paix a fait savoir dans son texte le sens qu'elle donne à son action : "plus jamais cela", ce n'est pas seulement pour "nous" disent-ils, mais "plus jamais cela, tout court". Ils s'élèvent très clairement contre le génocide.

L'union syndicale est large, mais il manque à l'évidence la CFDT. Il y a d'ailleurs un camion, avec sa sono, typique des manifs syndicales. Le mot d'ordre est clairement antifasciste et pacifiste. Cela me rappelle le moment de l'intersyndicale de décembre 2022, en soutien au blocage des raffineries. Déjà, à l'époque, des femmes de ménages en grève avaient été agressées par des groupuscules d'extrême-droite et l'ensemble de l'intersyndicale présente avait bien dit que le syndicalisme était toujours antifasciste. 

Au micro, un syndicaliste insiste sur la nécessaire lutte de tous les travailleurs du monde, il rappelle  les actions de syndicalistes un peu partout pour empêcher les livraisons d'arme à l’État d’Israël. Il insiste sur la lutte conjointe nécessaire contre l'islamophobie et l'antisémitisme.

Par contre, il parle trop, et la façon dont il lance les slogans n'incite pas à le suivre. Les gens autour sont assez passifs.

Les zones du cortèges portées par des militants pro-palestiniens sont beaucoup plus dynamiques. Il y a beaucoup de franco-maghrebins avec des blanc.he.s moins nombreux/ses, mais disséminé.e.s. On sent une forte solidarité et beaucoup de détermination.

Ce sont souvent des femmes qui portent des enseignes mentionnant le nombre d'enfants morts.

Quelques unes d'entre-elles ont confectionné des effigies représentants les enfants gazaouis. Elles se mettent en bord de cortège pour être bien vues de tout le monde.

Les drapeaux rouges de différents associations ou de partis sont aussi là. La liste est trop longue pour les citer et j'ai peur d'en oublier. Mais en gros il y a la galaxie d'extrême-gauche, le PCF (bien présent, et qui a fait de bonnes photos) et LFI. Le mot d'ordre est clairement pacifiste.

Derrière la banderole de La Fosse aux Lyons, surtout des jeunes, militants pro-palestiniens, avec des Keffiehs pour dissimuler les visages, ou des anarchistes et antifas, dont on ne voit que les yeux. Quelques punks assument fièrement leur crête à visage découvert. C'est dans cette partie du cortège que l'antisionisme est le plus clairement exprimé.

Le passage dans les rues étroites qui permettent d'accéder à la place des Terreaux est l'occasion de chanter très fort des slogans. Ils résonnent beaucoup mieux entre les hautes façades et tout le monde se prend au jeu.

Une jeune femme d'environ 15 ans, grisée, s'amuse à lancer à côté de sa mère voilée : "Israël, casse toi, la Palestine n'est pas à toi". Marrant, ce slogan que j'ai entendu chez des queers a pris dans la jeunesse. Il marche bien. Les gens le reprennent facilement.

Des chrétiens de Palestine ont été pris pour cible à Jérusalem et les affiches de soutien sont là.

Une preuve d'un état d'esprit vraiment laïque, c'est à dire tolérant envers la foi des autres.

Le nombre de morts est dans toutes les têtes.

Et la liberté de la Palestine aussi.

Sur la place des Terreaux, la minute de silence pour les enfants de gaza est scrupuleusement respectée. Je n'ai pas pris la photo à ce moment là, cela aurait été un peu déplacé. Mais une foule en silence, c'est très émouvant et impressionant.

Le Collectif 69 en soutien au peuple palestinien a réussi à fédérer largement. Ils font un travail remarquable !

D'autres images sur leur Facebook.

(pas mon truc, les réseaux sociaux, mais tant pis).