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ACTE PREMIER
Chez le malade - irruption de la maladie
SCÈNE PREMIÈRE - LE MALADE, LE JOKER
Le malade a genre 45-50 ans, il est blond tirant sur le roux, au début avec une bedaine et des lunettes culs de bouteille - il a perdu connaissance au milieu du salon, on est un dimanche et il est 11 heures ; il reprend ses esprits sur la musique à donf de Dalida - Gigi l'amoroso, qu'il voudra arrêter, tâtonnant mais ne trouvant pas la télécommande (il est gaucher), il finira par mettre la main dessus, mais la droite, et le boîtier tombera (il sera aidé par le JOKER). La pièce est assez sombre, n'est éclairée que par une ampoule nue au plafond, et une lampe de chevet posée sur la table du salon, au milieu d'un fouillis
Le JOKER, au début accroupi à ses côtés, porte un sweat noir, avec une poche kangourou, marqué JOKER aux couleurs LGBT (voir image 2 à la fin), suivi d'un double point, et en dessous LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ sur 3 lignes, en bleu-blanc-rouge, avec une capuche comme la Mort dans le Septième Sceau, de Bergman - il a donc un fond de teint pâle - il remontera sa capuche à la toute fin de la pièce
L'intérieur de sa maison est très vivant, il y a du bazar, plein de livres, de journaux, il y a des cartons partout (divorce récent), des bibelots en vrac sur des étagères, mélangés avec plein de DVD, et de la musique, beaucoup (CD partout) et il a un chat (noir) qui pédalait sur lui quand il gisait à terre - en se relevant, maladroitement, il le fait tomber : la bestiole s'enfuit en miaulant stridemment
Pancarte à côté de la sonnette FORRÉ, c'est son nom (il ne pourra jamais l'épeler en entier) (il a pas de prénom)
LE MALADE
Qui suis-je ?
Il titube dans la pièce, perplexe - on entend en même temps : Gigi, c'est toi là bas dans le noir ? - c'est à ce moment que le JOKER lui prend la télécommande et éteint la chaîne
JOKER
T'es naze
LE MALADE
Où suis-je ?
JOKER
T'es dans la merdre
LE MALADE
Pourquoi mon bras droit ne marche plus ?
JOKER
T'as fait un AVC
LE MALADE, confus
Faut que j'appelle le SUMA
JOKER
Le SAMU imbécile (d'une traite)
Le malade prend son téléphone, fait maladroitement un numéro à plusieurs, puis trois, puis deux chiffres, on entend le répondeur (voix mécanique) : si vous téléphonez pour avoir le numéro du médecin de garde tapez 0 - si vous appelez obligatoirement pour une urgence à-tester véritable-ment pressante tapez 2 - si vous brûlez d'envie d'un pompier tapez 1 - si vous désirez vous taper un film de cucul tapez 4 - si vous voulez composer une pizza tapez 5 - pour consulter vos comptes tapez 9 - si vous vous êtes trompé ou trompée tapez 3 - pour vous abonner à Canal tapez oui - si vous ne savez pas pourquoi vous appelez tapez 6 (prononcé si) - pour une ou toutes autres raison(s) tapez 7 - si vous appelez d'un poste fixe ça va égale-ment vous goûter bonbon, et salé, vous [en] serez rapide-ment fixé - si vous ne voulez plus vous cogner ces messages vous tapez bémol, après le bip-bip vous pouvez laisser votre message parler, et pour finir, il [vous] faudra toucher l'astéroïde
... Souvent ça coupe n'importe quand, et/ou ça reprend " dans le désordre " et/ou à vitesses variables - de toute(s) façon(s) ça raccroche illico après " tapez 7 ", avec une tonalité occupée bip-bip-bip soit très mécanique, soit imitée par des petit(e)s facétieu(ses)x - même si le JOKER lui souffle : tape le 2 tape le 2
Il rappelle - le JOKER lui crie cette fois-ci de taper le 2 et lui montre deux doigts en forme de V - il le fait, et ça décroche enfin - on entend un message (voix aimable d'aéroport) : veuillez vous munir de vos carte(s) bancaire(s) et code vital, en boucle - la secrétaire à l'autre bout (au SAMU) maquillée jusqu'aux ongles qui crissent sur le combiné, finit par décrocher, avec une tonalité suraiguë « féminine » qui fait coin-coin, et quand elle prend la communication en décrochant son téléphone - rose bonbon avec des paillettes - elle met FORRÉ sur haut-parleur ; tou(te)s au SAMU, désœuvré(e)s, au milieu des tasses à cafés/gâteaux (pour la secrétaire et la toubibe, qui comparent leurs vernis à ongles) et des can(n)ettes de bières/verres de mousseux (pour les mecs), l'écoutent lui répondre et suivent la con-versation en [se] faisant des gestes de satisfaction/connivence, [en] [sou]riant comme de bonnes blagues, se moquant etc.
SCÈNE DEUXIÈME - LE MALADE, LE JOKER, LA SECRÉTAIRE DU SAMU, LE RÉGULATEUR, D'AUTRES MÉDECINS
(voir dans le premier commentaire la description complète du local du SAMU)
LE MALADE, essayant de trouver et de sortir ses cartes
Allô le SAMU ?
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, du tac au tac
Non c'est le SUMA !
JOKER, au public
Je vous l'avais dit
LE MALADE, suppliant
Allô le 15 ? (pas de réponse - la secrétaire lève une main à l'intention des autres) ... Excusez-moi, je vous appelle parce que je suis tombé dans les pommes ... Je crois que j'ai perdu connaissance !
JOKER, inquiet
Houlà ! Comment il amène ça, il est trop amène - bien élevé il va se faire ramasser, on va le prendre pour une pomme, c'est le fruit défendu de la connaissance - il est perdu
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, avec importance
Monsieur, si vous n'avez aucune connaissance(s), nous avons des urgences dont nous nous occupons (rires derrière elle) ... Et si vous êtes perdu ... (insinuante)
JOKER, au public
Je vous l'avais dit ! (au malade) Elle te cherche, celle-ci
En même temps il fouille dans la poche kangourou de son sweat, qui contient des cartons - un peu comme au foot, mais plus grands, avec des lettres blanches sur fond rouge
LE MALADE, hésitant
(après un temps d'arrêt) Excusez-moi je crois ...
JOKER, s'énervant
Mais non, ne t'excuse pas, z'attendent que ça !
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, péremptoire
Monsieur, il faudrait savoir pourquoi vous nous appelez (à ce moment là une cloche sonne les douze coups de midi) (s'adressant aux autres à voix plus basse, avec un doigt en l'air signalant la cloche) - tant mieux pour lui s'il croit en quelque chose (en minaudant ; rires étouffés des toubib(e)s derrière)
JOKER
Non mais ils se MOQUENT des malades ! Z'ont aucune excuse !!!
Il sort un carton de sa poche kangourou sur lequel il y a marqué " j'ai fait un AVC " qu'il montre à lire au malade
LE MALADE, mi-vexé mi-inquiet
Je crois que j'ai fait un AVC !
JOKER
Je te l'avais dit
Silence de mort : ni la secrétaire ni personne ne répond - après un temps d'arrêt :
LE MALADE, hésitant
Excusez-moi je crois ...
Le JOKER lève les yeux et les bras au ciel
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, péremptoire
(s'adressant aux autres à voix plus basse) C'est bien qu'il continue à croire ...
JOKER, criant
Mais je la crois pas ! Elle continue !!!
LE MALADE, élevant la voix aussi, mi-énervé, mi-inquiet
Mais je pense que j'ai fait un AVC !!!
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, autoritaire, sentencieuse
(sur son écran d'ordi le numéro de téléphone 06 66 66 66 66 et le nom du patient FORRÉ en grand)
(levant la main) Monsieur, c'est bien pensé d'avoir des idées, mais nous n'avons même pas votre nom ni qui vous êtes ni ce que vous [nous] faites … ni si vous nous constactez d'un numéro mobile, mais pour vous situer et le problème ou les problèmes, vous devez [nous] donner vos noms, prénoms, sexe, origine ethnique, date et âge du capitaine, lieu et pays de naissance, (jetant un œil sur sa liste), situation de famille/statut marital/nombre et quantité d'enfants si vous avez, si vous êtes propriétaire d'une adresse physique et de boites mails (survolant une liste), demeurez-vous chez vous-même, créchez-vous chez vos parents ou confiez-vous vos corps et âme à des personnes de confiance, lesquelles, combien, où , pourquoi ? Vous a-t'on déjà prévenu par exemples que vous êtes fou-aliéné, traité de maniaque-paranoïaque, d'autiste-hystérique, de dépressif-mythomane ou de borderline/schizophrène ? (pause après ça, pendant que FORRÉ réfléchit, abasourdi) ... (elle continue, sur sa lancée) Avez-vous une ou des activité(s) professionnelle(s) et un ou des avis d'imposition en rapport, des aptitudes particulières ou spécifiques, des habitudes et une hygiène de vie, un ou des loisirs, fonction du poids/de votre hauteur/de l'IMC ; (lisant la liste) il me faut les détails de vos antécédents familiaux ascendants et descendants ainsi que personnels, l'histoire de la maladie et des troubles allégués, le diagnostic ou les, les traitements suivis ou pas - pourquoi ou pourquoi pas, les effets secondaires reconnus, improvisés ou imaginés - vous buvez de l'alcool ou d'autres substances toxiques, du tabac, combien ? Vous avez de la température ou bien de la fièvre, combien/jusqu'où - si vous n'en avez pas il faut nous dire jusqu'où ça descend aussi ; une ou des douleurs, combien de 0 à 10 ; un ou des handicaps (ton glacial), pire, une ou des invalidités, où et combien ; à tout hasard l'aide médicale gratuite (soupir), la CMU (soupir), ou bien (ton plus enjoué, note d'espoir) une mutuelle, voire, une ou des assurance(s) - avec copies des contrats et photocopies de vos trois derniers relevés bancaires - mieux, sur trois ans ... Il nous faut les coordonnées complètes (insistante) de votre Docteur (se rengorgeant) référent ou rente, si c'est un ou une spécialiste (admirative) … ou seulement généraliste (méprisante), et vous devez nous donner ses numéros d'homologation(s) : à ce propos, avez-vous ou avez-vous eus ou non des rapports sexuels normaux ou anormaux, quand, combien, pourquoi, où, et au moins enchaînés tous les dépistages obligatoires, combien, quand ? Les vaccins et rappels facultatifs et obligatoires sont-ils à jour, depuis quand, avez-vous des puces, combien, où ? Avez-vous transmis à qui de droits vos prélèvements sanguins ou autres, subis des examens, quand, combien, pourquoi, vu(e)s des spécialistes, lesquels ou lesquelles ? Avez-vous déjà eues affaires avec des guérisseurs ou sseuses, avec ou sans Diplômes, lesquel(le)s, avant ou après nous ? Êtes-vous passé par des hôpitaux ou/et des urgences, des cliniques ou des poly-, quand, où, pourquoi, combien ? Vous avez pris des médicaments ou d'autres substances toxiques, pourquoi, pour qui, quand, combien ? Vous présentez des rougeurs, voire des marbrures ou même des plaies voire des blessures ouvertes, des tumeurs ou des boutons, combien, des allergies, combien, à quoi, à qui, de quelles formes et configurations : il nous faut les photos et les vidéos ? Vous êtes-vous rendu à l'étranger ou ailleurs dans le territoire national, quand, combien, pourquoi ? Vous avez mangé et/ou bu, quand, combien ? Et pour le dossier il faut (consultant toujours sa liste, elle pointe des lignes à la fin) un extrait de votre casier judiciaire - le n°3 et sinon le n°2 - et si vous êtes un homme, celui de votre grand-père, aryen c'est tout bon, avec votre code génétique, étant donné que nous codons les actes … Puisque vous croyez que c'est urgent, puisque personne ne veut vous amener, pouvez-vous vous conduire en personne, avec toutes vos pièces, sans oublier le code de votre carte bleue, et de quelle couleur est votre Carte Vitale si vous l'avez en, ou sous la main, Monsieur FORÊT
JOKER
La main, verte, comme le pré, mais quel maton baveur ! La matonne baveuse, plus précisément !
LE MALADE, complètement noyé, affolé
Mais Madame, mon bras droit ne fonctionne plus bien !
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, hautaine
Oui, je suis le bras droit du Docteur (fière, avec un sourire aguicheur au médecin régulateur) - Monsieur ne soyez pas agressif je ne fais que mon travail (d'une traite, sèchement)
JOKER
De police
LE MALADE, paniqué, s'écriant en prenant " les cieux " à témoin
Je suis tombé dans les pommes et maintenant mon bras ne marche plus !
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, vexée
Je vous passe LE Docteur (appuyant - sèchement) (elle raccroche brusquement-bruyamment son combiné et passe la communication au régulateur, ça fait coin-coin) - (aux autres derrière, énervée) je suis bonne poire !
JOKER
On ne va pas couper la poire en deux
Elle relit sa liste, en colère, la corrige un peu au crayon, écrit des trucs, et les autres se moquent d'elle derrière son dos sans qu'elle le remarque
SCÈNE TROISIÈME - LE MALADE, LE JOKER, LE REGULATEUR, ET LES AUTRES TRAVAILLEUR(SE)S DU SAMU DERRIÈRE ; UNE AUTRE URGENCE AU TÉLÉPHONE À LA FIN
La lumière s'allume sur le médecin, pieds sur son bureau, stéthoscope autour du cou (il tape sur le bureau avec son marteau de temps en temps, ou allume sa lampe frontale par intermittence), avec une longue blouse blanche, alors que ce ne sont que des bureaux avec des ordis et des téléphones ; le malade est toujours sur haut-parleur, tous entendent et écoutent la conversation, et quand il prend la communication - il a un très gros téléphone rouge rutilant, de forme phallique - ça fait un gros coin-coin - très très mâle - à nouveau
LE RÉGULATEUR, se rengorgeant
Ici c'est LE DOCTEUR - (puis rigolard) alors, vous nous racontez être tombé dans les pommes ? (il tape un grand coup avec son marteau sur le ballon de foot sur son bureau, rires derrière lui)
JOKER
C'est un bouleau où on ne se fend pas la poire pas tous les jours
LE MALADE, soulagé
Ah, Docteur ! Oui, je crois que j'ai perdu connaissance ...
JOKER
Et voilà qu'il recommence à être chou !
LA SECRÉTAIRE DU SAMU, en aparté, avec un rire étouffé
S'il croit en Dieu il a pas besoin de Nous
(les autres ne rient plus parce qu'elle l'a déjà faite et qu'ils écoutent le toubib, et elle sera encore plus vexée)
LE RÉGULATEUR, à nouveau sérieux
Monsieur, si vous nous appelez pour vous mettre à table vous n'avez pas pu tomber dans les choux
Fin des rires derrière-atmosphère de suspense, le toubib a fait un signe de la main (il l'a levée un peu en forme de salut - oui, un peu comme un salut h.) aux autres derrière, pour qu'ils écoutent la suite
JOKER, au public
Je vous l'avais dit !
LE MALADE, scié
Mais ... j'ai un problème avec mon bras droit aussi
LE RÉGULATEUR, sur le ton de la confidence
(coup d’œil en coin vers la secrétaire, son bras droit, qui travaille toujours à sa liste)
Mais, qui n'en a pas ? Ah ça, Cher Monsieur, on est mal servi de ce côté-là (il se tourne vers la gauche puis la droite, mais la secrétaire est derrière lui, écoutant la conversation dans son combiné rose … mortifiée, outrée) (puis à nouveau d'un ton " doctoral ") Vous n'avez pas de problème de mémoire, vous vous rappelez être tombé dans les pommes, et même dans les choux : vous n'avez pas le cerveau en compote, tout au plus c'est de la marmelade, donc ça ne peut pas être un AVC - quelle déconfiture ! (il termine d'un ton sec) Il faut arrêter de tout agglomérer, vous nous faites des farces !!!
Avec à nouveau le signe de la main (comme un salut h.) aux autres derrière (genre pour attirer encore plus leur attention), qui se remettent à rire
JOKER
C'est le Docteur Dindon qu'il s'appelle, le coco !
LE MALADE
Mais je croyais ...
(la secrétaire lève la tête, se gausse plus fort que les autres et gesticule en criant : en Dieu ? en Dieu ? mais personne ne l'écoute plus, elle sera vexée à mort)
LE RÉGULATEUR, péremptoire
Croyez-moi, Nous sommes là pour vous rassurer, Cher Monsieur, vous pouvez dormir comme une souche ! (il est donc midi)
Il s'essuie théâtralement le front pour amuser ses collègues - soulagé, certain d'avoir rembarré le malade
JOKER
Comme eux
LE MALADE, indécis
Peut-être que je pourrais … euh, devrais aller aux urgences, quand même ?
LE RÉGULATEUR, sursautant, laissant tomber ses pieds du bureau
Ah ça non Monsieur, je vous le déconseille ! Vous allez poireauter minimum six heures, et on va vous renvoyer chez vous ! Vous conprenez, il y a déjà sûr-charges de bouleaux !
Le malade est interdit, perplexe
JOKER
En nez fait l'important est de bien les consprendre !
LE RÉGULATEUR, insinuant
Et d'ailleurs, comment vous allez faire ? Puisque vous ne vous sentez pas bien ? Vous savez, nous ne sommes pas de bois !
LE MALADE, faiblement
Je peux appeler un taxi ...
LE MÉDECIN, inspiré, sur sa lancée
Mais, peut-être que vous vomissez plus ou moins, le taxi - ou n'importe quel bahut - ne va pas vouloir vous prendre non plus, à tous les coups vous übertaxer : allez, il vaut mieux patienter, enfin demeurer (ironique) dans votre baraque - vous savez, dans les urgences, il y a plein de monde qui passe et très passe sans arrêt(s) … C'est loin et d'être rassurant
Pendant sa tirade bien entendu on voit le malade se déliter de plus en plus
JOKER
C'est ce qu'on appelle avoir de l'empathie
LE MALADE, faiblement
C'est vrai, j'ai un peu la nausée ...
JOKER, dégoûté
Ça c'est bien vrai !
LE RÉGULATEUR, reprenant espoir
Peut-être que vous buvez de l'alcool, un peu, Monsieur ?
JOKER
Et merdre
LE MALADE
Euh ... hier soir, c'est vrai, j'ai bue une petite canette, c'était samedi
LE RÉGULATEUR, " rassurant ", heurtant son combiné qui fait coin-coin
Ah vous voyez bien, l'alcool !!! Et le dimanche, c'est fait pour se reposer !
La secrétaire se bidonne derrière, tout le monde la regarde, elle fait un petit signe de croix
JOKER, ironique
Mondieu ! Mais t'as qu'à croire !LE MALADE, encore plus faiblement
Mais, Docteur, vraiment, je ne me sens pas bien ...
LE RÉGULATEUR, bonasse
Allons, allons, vous Nous faites une petite dépression saisonnière !
JOKER
ll va lui faire le coup du stress, aussi !
LE MALADE
Non, je vous dis qu'il m'est arrivé quelque chose, je me suis réveillé d'une perte de connaissance et mon bras ne remue plus bien, il tremble, il est bizarre
LE RÉGULATEUR, s'énervant
Écoutez, Monsieur, vous savez, le stress ...
JOKER
Je vous l'avais dit
LE RÉGULATEUR, confident
... Peut vous jouer des tours, vous savez (appuyant)
JOKER
Y a pas que le stress
LE MALADE, désespéré
Mais qu'est-ce que je fais moi, maintenant ?
LE RÉGULATEUR, triomphant
Mais vous pourrez toujours appeler votre allopathe demain et y aller à pattes, Monsieur
Il s'amuse en même temps à allumer et éteindre sa lampe frontale
JOKER
Et l'Empereur de Chine, aussi !
(à ce moment, il y a encore un coin-coin qui résonne par erreur, le régulateur, en ayant marre de la " conversation " et qui s'agite un peu dans tous les sens, s'étant appuyé d'un coude nonchalant sur son combiné)
LE MALADE, désespéré, pour lui-même
Je pensais que vous vous occupiez des urgences, moi !
JOKER
Bien vu, coco
LE RÉGULATEUR, coléreux-rique, criant presque
Dites, Monsieur, c'est à nous de juger ce qui est urgent, Monsieur !
JOKER
Et non pas d'urger ce qui est jugeant ... Va te faire éduquer, hé !
LE MALADE, pour lui-même
Où vais-je ? Qui suis-je pour ces gens-là ?
JOKER
Mon pauvre chou, t'es un faire-valoir pour ces vauriens, tu vaux rien
LE RÉGULATEUR, agressif
Dites, Monsieur, vous nous sonnez, vous êtes un peu alcoolisé, sans hêtre très clair ni futaie vous ne savez pas très bien ce qui vous nous débitez, alors que nous avons de quoi bûcher ! On en-chêne sur du vrai bouleau !
Le malade est abasourdi
JOKER, désolé pour lui, et en colère
Et c'est pour ça Cher Monsieur que ta sœur est sciée
Pendant ce temps bien entendu on voit le malade se décomposer toujours plus
Le JOKER va chercher une barque qui se trouve derrière le local du SAMU
LE RÉGULATEUR
Vous allez vous mettre au pieu ...
JOKER
... Comme lui ...
LE RÉGULATEUR
... Sinon demain c'est lundi, si vous avez encore la gueule de bois (moqueur) vous irez chez votre traitant en discuter à bâtons rompus, sans langue de bois (rires partagés avec tout le SAMU) - et sinon vous avez peut-être de l'entourage, des poteaux pour vous soutenir ...
JOKER
Il veut des noms ?
LE MALADE, perplexe
Euh ... Oui Docteur, demain j'appelle le Docteur ... Au revoir, Docteur ... (s'embrouillant, soucieux) Bon courage, bon week-end, tout ça
JOKER, ironique
... Bonne nuit les petits ...
Le médecin raccroche très satisfait, avec encore un coin-coin, les autres approuvent, le félicitent, rigolent ensemble - le malade reste hésitant le téléphone à la main avec la tonalité raccroché(e) (bip-bip-bip) ; le JOKER passe en barque, qu'il est allée sortir de derrière le local du SAMU, en ramant devant la scène et en chantant à tue-tête : il était un petit navi-reu, il était un petit navi-reu, qui n'avait ja - ja - ja-mais navigué, sur fond de sonneries téléphoniques - il y a un autre appel d'une autre urgence qui sonne et résonne longtemps
Dans le local du SAMU on voit les toubibs boire des cafés-gâteaux, des can(n)ettes et du mousseux, avec la secrétaire, façons " on sabre le champagne " - ils se portent des toasts sans s'inquiéter des sonneries
Le malade se lève maladroitement, titube, perd l'équilibre, essaye son bras droit de multiples fois, le secoue
Le JOKER qui est passé devant le local du SAMU dans sa barque, le récupère au passage, l'emmène chez lui et va le déposer sur son lit - et tout à la fin de la scène, quand le JOKER va ranger la barque derrière en repassant devant le local du SAMU, la secrétaire décrochera enfin le téléphone pour récupérer l'autre appel, avec son coin-coin hypraféminin- elle décroche la bouche pleine de gâteau(x), une tasse de café à la main
L'AUTRE URGENCE, affolée
Allô, le SAMU ?
LA SECRÉTAIRE, glaciale
Non, c'est l'ASSUM
JOKER, rangeant sa barque et la tançant, en colère
Parce que t'assumes quelque chose, toi ? Et les autres guignols derrière, ça va comme vous voulez ?
La suite de la " conversation " téléphonique est inaudible, émaillée de coins-coins de tou(te)s sexes ; le JOKER rejoint le malade assis sur son lit, prostré-désespéré, essayant et secouant son bras - il lui met une main sur son épaule gauche pour le consoler
SCÈNE QUATRIÈME : LE MALADE, LE JOKER, PUIS LA SECRÉTAIRE DU DOCTEUR CLIENTÈLUS CAPTIVUS au téléphone, et UNE PATIENTE DE CAPTIVUS
LE MALADE, regardant le JOKER, suppliant
Mais,
bondieu, qu'est-ce qui m'arrive ? Et qu'est-ce que je vais pouvoir faire, maintenant ?JOKER, dubitatif, hochant la tête
… À ta place j'irais quand même aux urgences - mais bon, moi j'ai la santé !
Chanson like a rolling stone sur le malade se levant difficilement, perdant l'équilibre, titubant, essayant son bras, se rasseyant etc. il a des nausées, il se précipite maladroitement (se rattrape aux murs etc.), aux WC, souvent - bref on voit bien le calvaire qu'il endure, soutenu par le JOKER inquiet
On passe du dimanche au lundi - horloge qui tourne ... On peut mettre le requiem de Fauré quand il se couchera pour dormir, veillé par le JOKER
Et plusieurs fois dans la nuit noire il se réveillera - on l'entendra se demander qui suis-je ? et le JOKER lui répondre avec compassion je suis là
suite au prochain numéro/PORTFOLIO
Agrandissement : Illustration 2
donc le logo sur le sweat du JOKER façon LGBT suivi d'un double point : en-dessous en bleu LIBERTÉ le ciel, en-dessous en blanc ÉGALITÉ pour les royalistes, et la dernière ligne en rouge FRATERNITÉ pour les cocos
... sinon dans le premier commentaire je [vous] colle donc les éléments de déco[r]s du local du SAMU
enfin, la pièce pré-figure l’ère dictatoriale covidologique$ avec le défoulement tous azimuts de tou(te)s les petit(e)s chef(fe)s, la dictature " sanitaire " en marche, l'indifférence totale aux malades (et même aux pathologies ...) et les gros égos s'exerçant à bons comptes, le virilisme avec la soumission des femmes au système etc. tou(te)s ces " intellos " croyant tout savoir soumis(es) in fine aux pouvoirs financier et gestionnaire
Portfolio 16 juillet 2021
LE PARAVENT - LA PIÈCE - the PLAY
INITIALEMENT PUBLIÉE LE 14 JUILLET - HÉLAS, UN BUG ... de sinistres blagues prétextes à de tristes comédies auto-suffisantes - contenant des foultitudes de pièces [en]fermées qui ne servent à rien, cons-figurant un max d'actes inutiles-utilisant des mots insensés qui ne veulent rien dire, et surtout, les maux des autres pour arriver nulle part ... et que nul(le) n[e s]'en sorte
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