Au fond profond de la Crau, dans la bergerie en galets d’un mas intemporel, une œuvre étonnante se construit, peinture et poésie. La peintresse, ainsi se nomme t-elle, œuvre dans le figuratif lyrique, presque en catimini, alors qu’elle crée puissance , originalité et fantaisie, enroulant sa peinture autour de la musique. Trompettistes, violonistes, pianistes aux courbes affirmées, aux âmes suggérées, vieillards parfois, d’autres fois alcooliques, affirment leurs mauves dominants qui se nuancent de rouge sombre, de bleus, d’oranges, parfois filetés d’or, parfois sur toiles recousues à gros points, ou brûlées, ou à jours ajoutées, ou semés de sable noir. Les mains dominent aux longs doigts torturés de notes et de passion, parfois démesurées, parfois stylisées. Les pieds leur répondent en échos railleurs. Les bouches petites, pulpeuses, dénotent par leur claire fraîcheur. On entrevoit Renaud ou Jul. Non contente de donner jour à une œuvre picturale forte et terriblement personnelle, la peintresse l’accompagne de textes qui mêlent l’humour à la poésie. Ainsi, cette artiste au pinceau puissant, à l’imagination vigoureuse, au trait sûr, ne se prend même pas au sérieux. Son pays peut l’inspirer, berger et bergère nus très loin de Fragonard, aux moutons esquissés roses ou bleu, traversés eux aussi de musique. Moulins, tours et arènes brouillés de chaleur irradiante. Elle touche de ses brosses l’actualité brûlante dans un Guernica revisité juste terminé, de grande dimension, qui parle de Russie et d’Ukraine, regard maléfique de Poutine, claire silhouette de Zelinsky. Elle signe de on nom, Pascal, et le tourbillon qui m’entraîne entourée de ses mauves et de ses symphonies, j’ai envie de le partager.
Billet de blog 19 septembre 2023
une artiste cravene
Où l’on parle de peintres ignorés
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