590213

Abonné·e de Mediapart

6 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 août 2016

590213

Abonné·e de Mediapart

Une plage de l'été 2016

Été 2016.

590213

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les quatre enfants, trois garçons, une fille, joyeux et fraternels, ont sculpté un superbe requin grandeur nature sur le sable mouillé, ils courent, ils s'éclaboussent, ils investissent le bateau gonflable que leur père a pris soin d'ancrer à la plage par une longue corde. Sympathique le père, joueur, bon enfant, attentionné, vigilant. Elle, elle arrive, silhouette jeune couverte de la tête aux pieds, leggings, tunique, la tête emmaillotée d'un foulard bien serré.  Attentive, elle aussi, discrète. Une belle famille. Il fait plus de 40°, pas un souffle, le soleil cuit. Mon plaisir d'être ici sur cette plage s'est envolé, j'étouffe, je me sens mal, elle là-bas couverte de la tête aux pieds. Les belles marquises et les duchesses de Balzac, en dépit de leurs charmes détaillés par l'auteur et de leur friponnerie m'étouffent de la même manière avec leurs corsets, leurs falbalas et leurs bonnets à rubans, piégées par leur insupportable époque.  Décidément, fini la  détente, irrésistiblement mes yeux se tournent vers elle. Je suis pourtant si bien la peau au soleil et à la légère brise qui se lève, mais ses étoffes m'étouffent, m'obsèdent. Les voici tous les cinq dans l'eau, ils jouent, une famille aimante, gaie, unie. Elle nage, le foulard serré autour de la tête, la tunique flottant. Elle nage bien. Ses enfants l'entourent, son mari rit et joue avec elle, avec eux, une belle famille. Elle est restée longtemps dans l'eau, je m'agite, je ne trouve pas la paix, elle va sortir avec ses tissus pesants, elle va s'asseoir dans le sable qui va cimenter son leggins, coller à sa tunique, engluer de froid humide et gratter sa peau, l'étouffer. Mon propre maillot qui sèche mal est déjà désagréable à porter avec son bout de tissu minimal. Comment fait-elle ?  Il est sympathique son mari, tendre quand ils se retrouvent tous les deux seuls dans l'eau, lui dans son bermuda léger, il est ouvert, rieur, chaleureux.  Je me tourne, je me retourne, je m'agite, tout entière à cette femme, ma sœur,  au corps honteux, au corps caché, au corps soumis. Elle sort de l'eau, elle est moins jeune que je ne croyais mais très bien faite. L'étoffe noire et ruisselante moule ses seins, ses fesses, sa taille, sa jolie silhouette avec plus d'impertinence que le plus indiscret bikini. Je souris.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.