Adedognin ABIMBOLA

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Portfolio 18 janvier 2017

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MIGRANTS, IMMIGRANTS ET IMMIGRÉS

Marchant, roulant ou navigant, ils sont avant tout des fuyants que n'arrêtent ni les dangers de la route, ni les mers déchaînées, ni même les nouveaux murs qui s'érigent pour leur barrer le chemin. Ce sont des mourants en puissance qui lorsqu'ils échappent non sans peine à leur funeste sort, deviennent pour nous des « Migrants ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Illustration 1

     

    Migrer ce n'est pas immigrer. Migrer c'est se déplacer alors qu’immigrer signifie « venir dans un pays pour s'y établir ». Les Immigrés sont des Émigrés qui ont "migré" pour poser leurs bagages dans un pays d'accueil. C'est ainsi qu'il y a des Immigrés réguliers parce qu'accueillis officiellement par leur pays de destination, et des irréguliers qui eux choisissent de s'établir illégalement. Qu'ils soient bienvenus ou non, ils ont en commun d'être installés dans un lieu où ils peuvent envisager leur vie. Pour un soudanais installé au Royaume-Uni, son frère qui est sur les routes, n'est pas un migrant. Sa destination finale est connue et du point de vue de celui qui l'attend, qui va l'accueillir, le migrant de Calais est un immigrant qui aussitôt la Manche traversée, enfilera ses habits d'immigré. C'est une question de point de vue ou plutôt d'angle de vue.

    Migrer c'est marcher, rouler ou naviguer, voire même voler sans avoir une destination finale. Migrer c'est errer. Les mots sont précis et disent bien l'état d'esprit qui est celui du moment dans les pays du Nord. Toutes ces personnes sur les routes de l'exil ou dans nos rues sont appelés des « Migrants ». Personne n'est donc censé les attendre ou les accueillir. Ils seraient condamnés au mouvement perpétuel, changeant de lieux au gré des mouvements d'humeur de populations locales excédées. Quelques-uns seraient repêchés en obtenant l’asile. Et puis les autres.... ?

    À Calais comme à Sangatte bien avant, les Migrants n'en étaient pourtant déjà plus. Ils étaient parqués, entassés dans cette « jungle » indigne même d'être appelée un bidonville. Ils ne se déplaçaient plus. Ils étaient « installés » souvent contre leur volonté d'être des « Immigrants » appeler à devenir des  « Immigrés » en terre britannique. Les frontières fermées et les murs érigés constituent de fait des destinations finales pour des Migrants que l'on établit ainsi mécaniquement comme Immigrés

    Cela sonne comme une évidence même si les gouvernants ne savent ou ne veulent pas l'expliquer à des opinions qui se refusent à lire les faits.  Il n'y a déjà plus de Migrants dans nos rues. Il n’y a que des Immigrés irréguliers dont certains seront régularisés et d'autres expulsés. Et pour ces derniers, c'est une autre paire de manches...

     

    Adedognin ABIMBOLA 

     

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