Réflexions sur notre système de santé
Suite à l’émission de France Inter du 29 mai 2015
J’ai récapitulé ma réaction et ma réponse à un commentaire. Ce n’est qu’une ébauche de réflexion
Les manifestants ont eu mille fois raison ...
"ON" est en train de détruire l'hôpital pour des raisons de fric ... Et s'il n'y avait que l'hôpital ...
L'hôpital n'a pas à être ou devenir rentable.
Ce n'est pas sa mission et quand je vois la prolifération des services administratifs qui étouffent les soignants, je me dis qu'il existe un vrai problème.
C'est assez hallucinant de voir le patient devenir la seule variable d'ajustement dans la gestion de l'hôpital. Le patient coûte cher, le patient mobilise un lit, le patient mobilise du personnel ... etc ... etc .... et alors ce n'est pas la mission de l'hôpital de soigner !!!!! ou bien il faut supprimer le patient
Moi, médecin je suis outré et scandalisé ...
Que dire d'une infirmière à qui je demande de prendre un R.V. pour un patient avant de finir son service et qui me répond: "docteur ça fait deux heures que j'ai fini mon service, je mets à jour les dossiers de mes patients"
Que dire de cette autre infirmière avec laquelle j'ai travaillé pendant des années qui se voit reprocher d'avoir passé trop de temps avec une patiente jeune atteinte d'un cancer en phase terminale et qui pétait les plombs ... Elle a quitté son service est allée à la direction et a démissionné sans autre forme de procès ...
Que dire de cette autre infirmière malade qui refuse son arrêt de travail parce qu'elle sait très bien que ce sont ses collègues au bord du burn out qui devront faire son travail
Et tout cela au nom de la sacro-sainte "rentabilité"
Je me pose la simple question suivante: quelle est la "rentabilité" d'un député, d'un sénateur, d'un énarque haut fonctionnaire dont le rôle est de vivre en parasite de la société en se gavant pendant que les autres assument,eux.
Ils sont tellement imbus de leur fonction, de leur science, de leur toute puissance qu'ils ne se rendent même pas compte que ce sont eux qui provoquent et entretiennent le climat délétère, à tous les niveaux, de la société. "ON" ne touche surtout pas aux membres de la caste des intouchables.
Par contre il est plus que vital de repenser la structure et le fonctionnement de l'hôpital items sur lesquels aucun gouvernement n'a voulu se pencher efficacement depuis plus de 40 ans
Réaction à mon commentaire
29/05/2015, 23:16 | Par Kermorvan en réponse au commentaire de 6MEVIMLD le 29/05/2015 à 20:34
Erreur !
Tous les gouvernements qui ont voulu s'occuper de l'hôpital, de repenser structure et organisation, et pas toujours dans un sens "de rentabilité" (encore que s'intéresser à la manière dont sont utilisés les moyens publics n'est pas honteux) ont reculé devant les mêmes castes....médicales et syndicales, unies dans le refus du changement. On en voit le résultat aujourd'hui.
Rappelez vous ; 1983, la lutte des réactionnaires médicaux contre Ralite, ministre communiste qui voulait organiser différemment l'hôpital, .... 32 ans après, c'est toujours la même chose, les mêmes arguments, et on pousse devant les infirmières, profession si populaire...
Mais c'est vrai aussi en ville : le numérus clausus et son maintien étaient la revendication des représentants médicaux des années 70, inquiets de voir augmenter le nombre de médecins, ce qui aurait entrainé une pression sur leur pouvoir d'achat, diminué le rapport de force vis à vis des pouvoirs publics, comme dans les autres pays. Résultat : comme personne n'avait anticipé la féminisation, les aspirations nouvelles des jeunes médecins, et que les pouvoirs publics d'alors ont eu peur d'affronter le lobbye médical, on a maintenant un certain déficit, ce qui permet quant même à certaines catégories de médecins de jouer du rapport de force : anesthésistes, radiologues, ....
Il est un peu facile de critiquer le politique. Les professions de santé ont su jouer sur la peur de la maladie qui sommeille chez chacun pour imposer des organisations délétères, des orientations corporatistes, dont elles sont aujourd'hui victimes, même si ce sont comme d'habitudes les plus faibles qui souffrent le plus : les malades, la grande masse des soignants...
Et comme dans la chanson de Brassens à Brive la Gaillarde, tous se retournent contre le gendarme. Aujourd'hui, il s'appelle Hirsch.
En réponse la poursuite de mon analyse :
30/05/2015, 16:25 | Par 6MEVIMLD en réponse au commentaire de Kermorvan le 29/05/2015 à 23:16
Vous avez raison car mon analyse était superficielle. Il faudrait un véritable débat pour analyser les causes profondes sur ces 40 dernières années.
La situation actuelle n'est que la résultante d'une accumulation de résistances, de conservatismes, d'analyses à très court terme.
Il en va de la responsabilité du corps médical dans sa globalité:
l'Ordre national (j'ai été conseiller 18 ans) ... les idées et les évolutions sont toutes remontées des ordres départementaux, près du terrain ... le national, lui, freine des quatre fers devant toute innovation ... Il était bien content de voir instaurer un nummérus clausus de plus en plus drastique ... le raisonnement: moins il y a de convives plus la part de gâteau est grosse ... c'est ignorer superbement les courbes démographiques, l'évolution technologique ... la spécialité de gynécologie médicale n'existe plus par exemple ... il n'y aurait donc plus de femmes dans ce pays ?? Les évolutions sont toutes venues de la base départementale: régulation du centre 15, organisation de la permanence des soins depuis les grèves de 2002.
Les syndicats médicaux: presque aussi obtus au niveau du national que l'Ordre. Il y en a eu en 40 ans des mouvements partant de la base. Le seul système d'écoute de la part du gouvernement a été de matraquer sur le pont Alexandre III. A chaque mouvement les tutelles laissaient tomber 5 francs et tout rentrait dans l'ordre ... Syndicats contents mais sur quoi avons nous évolué ??? sur quoi avons nous innové dans l'exercice de tous les jours ... c'est simple: RIEN
Les syndicats de salariés impliqués dans la gestion paritaire de la SS. J'ai fait partie de la commission paritaire locale de mon département, CPL consultative. J'ai eu droit de la part de la CGT à des réflexions du genre: "le travailleur paye donc il a droit", argument on ne peut plus positif mais au niveau national c'était du même tonneau ... mais là aussi avons nous innové, avons nous évolué ... réponse NON
Les médecins eux mêmes bien que les choses aient bien évoluées. Longtemps le moteur était un individualisme forcené. J'ai assisté au premier congrès des médecins de groupe à Brest en 1976 c'était les premiers balbutiements de ce mode d'exercice. Par expérience personnelle je sais que la base évolue, elle: exercice en groupe, exercice pluriisiciplinaire, maisons médicales, groupes de pairs dans lesquels nous étions une quinzaine à discuter des problèmes quotidiens de prise en charge, de diagnotic, de thérapeutique ... La base bouge mais les remontées vers les hautes sphères se font à la vitesse de l'escargot ..... dopé.
Les ARS les agences régionales de santé, ces nouvelles usines à gaz qui auraient pu être utiles pour structurer la demande et l'offre de soins et éviter les redondances de service proposés dans un secteur donné.
Mais, pour en avoir été membre du bureau de mon département force est de constater que le rôle des ARS se réduit à une courroie de transmission du ministère cers les départements via la région.
le technocrate parisien pense, réfléchit, élabore dans sa tour d'ivoire loin des contingences locales supposées être farfelues et pond des directives. Ces directives ne tiennent pas compte du contexte local ni des besoins.Supprimer un SAMU local, envoyer le centre 15 dans une autre ville ... décrêter l'inutilité des visites de nuit puisqu'il a été décidé par la technocratie que les urgences de nuit n'existaient plus ... j'ia même entendu qu'à Caen il n'y aurait plus de permanence de nuit des pompiers ce qui veut dire que pour les accidents les urgences et les incendies vous êtes priés d'attendre les heures ouvrables. ........ C'est hyper génial !!! NON ??? Il suffisait d'y penser ....
Le seul argument audible par l'ARS est: "combien ça coûte ?"
Et il faudrait parler de l'hôpital ... avons nous toujours besoin d'un plateau technique onéreux pour soigner une grippe compliquée, ne peut non pas penser à des structures plus légères comme ce qui se fait dans mon département avec les hôpitaux ruraux ... Pourquoi étouffer l'hôpital avec des administrateurs et ges gestionnaires en pagaille ... puisqu'il faut parler argent ne peut on repenser la taxe sur les salaires qui plombe très largement les budgets hospitaliers.
Le sujet est vaste, plus que vaste et plus le temps passe plus les mesures à prendre pour améliorer les choses s'avèrent compliquées.
Il n'y a jamais aucun problème pour dépenser des montagnes d'argent dans les guerres, les dépenses somptuaires et inutiles, dans toutes ces commissions aussi nombreuses que voraces en argent public, rémunérer ques cohortes de préfets sans affectation réelle par exemple.
Le malade restera toujours la priorité et malheureusement je ne vois pas poindre la moindre volonté de rechecher des solutions intelligentes et pérennes de la part des politiques