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Portfolio 11 février 2022

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La chute.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

  1. Illustration 1
    © @Jérémie Losson

    29 août 1993, 12h00, l’atmosphère m’échine lentement.
    La mer me crâne une soupape. Je soupire au nez de l’auspice.
    L’angoisse. Elle est là, constante, distante et tellement présente. J’ai appris à vivre avec.
    C’est devenu, par convenance, avec l’envie de continuer à voir ce que la vie me réserve, une sorte
    de concubine.


    Une rencontre comme celle qui n’a d’habitude pas d’avenir, éphémère.
    Seulement là, pas questions de séparation à l’amiable.
    On ne quitte pas l’angoisse.
    C’est elle qui décide.


    En l’état, l’angoisse et moi avons décidé de vivre ensemble depuis que j’ai l’ai rencontrée.
    Je n’étais pas particulièrement destiné à la rencontrer.
    On s’est croisé pendant les vacances. On a lié connaissance assez brutalement. La violence de notre
    contact m’a permis de la cerner instantanément. Quelque chose de nouveau, encore jamais ressenti.
    J’avais 17 ans, j’aimais la vie et la vie ne me détestait pas particulièrement.
    Cette décision d’être là. A cet endroit. A ce moment-là. Tout aurait dû être différent. Tout se prêtait
    à être différent.


    La mer m’a happé. D’un coup. Sans prévenir. Assassine. Immobile. A quelque centimètre de la vie.
    A quelque centimètre de la mort. Dans un no man’s land humide.
    Il ne se passe plus rien. Le temps est figé. Mon corps est figé. Rien ne bouge. Mes yeux, eux, sont
    en alerte. Je scrute l’horizon. Tente d’établir un contact avec l’environnement. Doucement, celui -ci
    parait très hostile.


    Je réalise que suis statufié. Aucuns moyens de se mouvoir. Je prends conscience que la situation est
    sévère. Le temps reprend. Sa notion est de moins en moins floue.
    Je remue, je m’agite. Rien. Je ne bouge plus. Je stagne. J’essaie de comprendre. Ce n’est pas clair.
    Mon cerveau analyse très lentement ce qui se passe. Je discerne à peine que tout peut très
    rapidement se scléroser.
    Une légère peur s’installe.

    Rien d’effroyable. Rien de rassurant non plus. Je m’agite de plus en plus. Je suis latent. Je ne suis
    pas en capacité de réagir. J’attends. Impassible. Je ne panique pas. Je n’appréhende pas. L’exotisme
    de la circonstance, son caractère nouveau n’engendre pas forcément une crainte démesurée. Je suis
    relativement stoïque, à mon insu.
    Dans ma coquille aqueuse, je suis isolé du temps. La vie s’écoule totalement différemment à la
    surface.


    Il existe à ce moment-là deux mondes étranger.
    Le mien, larvé, quasi virtuel.
    Celui de la surface, en effervescence, en éveil.
    Nous allons nous heurter.
    Bonjour angoisse.

    Jérémie Losson

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