L'esprit LVMH-Kering est tombé sur Notre-Dame de Paris : une brume, légère, délicate, élégante très différente de la vilaine, épaisse et vulgaire bâche publicitaire dont Heineken a recouvert l'Hôtel de la Monnaie ou Samsung l'Hôtel de la Marine.

Le Saint-Esprit n'a pas été aussi éthéré quand Notre-Dame-sous-Terre à Chartes est venue surplomber la grotte des druides où nos fameux ancêtres les gaulois priaient la déesse-mère jusqu'à ce qu'elle se transmute en Vierge Marie.

A Rome, au coeur du Panthéon, le monothéisme s'est glissé dans les pierres du paganisme. Sans heurts.

A Cordoue, la mosquée a été convertie en église, tout en conservant l'architecture des Omeyyades.

A Istanbul, l'église s'est faite mosquée, l'édifice plus secoué par les séismes que par l'Histoire.

A Jérusalem, les paroles de Jean ne trouvent pas d'écho, l'heure n'est pas encore venue où sur cette montagne ceux qui L'honorent peuvent L'honorer uniquement en esprit et en vérité (4:21-24). Loin du nombril du Monde.

Sur ce qui ressemble à un faire-part, une part à 200 millions d'euros, l'engagement de la famille Arnault et du groupe LVMG-Kering pour la reconstruction de Notre-Dame est aussi émouvant qu'un serment de mariage.

On a vu le 7 décembre 2024, l'Entreprise, en la personne de Bernard Arnault, et le Politique, incarné par Emmanuel Macron, célébrer leur union sous la nef de Notre-dame de Paris, dans la continuité de l'alliance que nouaient autrefois la noblesse et le clergé. La cathédrale a retrouvé ses lettres de noblesses ou plutôt la nouvelle noblesse s'est trouvée sa cathédrale.

Sur le site du World Economic Forum, au centre de la carte de transformation dédiée à la France, il y a Notre-Dame de Paris, dans sa splendeur toute retrouvée. La France a repris sa place de fille aînée de la nouvelle gouvernance mondiale qui a pris ses quartiers à Davos où, depuis 50 ans, le Forum oeuvre au partenariat Public-Privé, sous le haut patronage de Klaus Schwab.

La laïcité n'est plus au centre de notre société pour les dirigeants mondiaux. Pour assurer la liberté d'expression et d'entreprendre dans notre pays, faut-il faire un « reset » de la laïcité : Si la laïcité supposait la séparation de l'État et des organisations religieuses, ne doit-on pas la repenser / la transformer pour tenir compte de l'union Public-Privé, Politique-Entreprise ?