Dans une nouvelle déclaration polémique, le président tunisien Kais Saied, titulaire d’un doctorat honoris causa de La Sapienza, a tenu des propos antisémites et complotistes d’une extrême gravité tout en critiquant les migrants subsahariens, les institutions européennes, les médias, ses opposants et la société civile. Il s’est en effet fendu d’un réquisitoire contre l’influence du “mouvement sioniste mondial”, allant jusqu’à lui attribué le choix du nom de la tempête Daniel qui a touché la Libye voisine et qui a fait des milliers de morts, selon une vidéo diffusée par la présidence.
Le président tunisien a déclaré lors d’une réunion avec des membres de son gouvernement : “Concernant la tempête Daniel, ils n’ont même pas pris la peine de s’interroger sur l’origine de cette appellation. C’est qui Daniel ? C’est un prophète hébraïque. Pourquoi le nom de Daniel a été choisi ? Parce que le mouvement sioniste s’est infiltré, laissant les esprits et toute réflexion dans un coma intellectuel total”.
Ces déclarations, mêlant l’ignominie à la bêtise, rappellent les discours de l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi, auquel le président tunisien est de plus en plus comparé.
Le point de départ de cette nouvelle diatribe est une attaque contre la télévision publique, que le président Saied a largement assujettie. Il a pourtant exprimé sa colère envers le journal de 20 heures pour ne pas avoir diffusé des images de propagande relatives à la traque des migrants subsahariens à Sfax et Kerkennah le week-end dernier, alors que les arrivées d’embarcations de migrants depuis la Tunisie se multiplient vers l’île de Lampedusa.
À la suite de rafles visant les migrants noirs à Sfax, la deuxième plus grande ville du pays, le week-end dernier, les autorités tunisiennes, sous les ordres du président Saied, ont transféré des centaines d’entre eux vers le village d’al-Amra, situé à 30 km au nord de la ville. Ce petit village de pêcheurs est l’un des principaux points de départ des embarcations clandestines vers Lampedusa, située à moins de 150 km. « On dirait qu’ils les poussent à partir, alors qu’ils n’ont même pas les moyens de payer leur traversée. On les mène à la mort », a fustigé Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG locale.
Cette action soulève des inquiétudes quant à la sécurité et au bien-être des migrants, qui se trouvent désormais dans des conditions encore plus précaires dans un village pauvre dépourvu des infrastructures nécessaires pour les soutenir. La semaine dernière, le ministère de l’Intérieur avait déjà averti les organisations qui viennent en aide aux migrants et empêché les bénévoles de leur apporter assistance. Il semble donc que l’objectif soit de priver les migrants noirs de nourriture et d’eau.
On ne peut que se demander jusqu’à quand La Sapienza maintiendra son titre honorifique à un personnage aussi répugnant. L’Afrique en général et la Tunisie en particulier en sont meurtris.