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Billet de blog 18 novembre 2025

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Et si nos institutions souffraient d’un problème de temporalité ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour à tous,

Ces derniers mois, je me suis beaucoup interrogé sur le mode d’élection du Président de la République française — et plus largement sur les mécanismes politiques des grandes démocraties occidentales.


En particulier, une question revient sans cesse : nos mandats sont-ils trop courts pour affronter les enjeux de notre époque ?

Une limite structurelle : le court-termisme institutionnel

Depuis le passage au quinquennat, le chef de l’État dispose d’une fenêtre très réduite pour gouverner efficacement.
Entre :

  • le temps d’installation du gouvernement,

  • l’inertie naturelle des institutions,

  • la mise en œuvre réelle des réformes,

  • puis, très vite, la préparation de la réélection…

… le temps utile d’action se retrouve souvent limité à à peine 18 à 24 mois.
Le reste du mandat se partage entre communication, arbitrages électoralistes, gestion d’urgence et stratégies politiques.

Cette dynamique n’est pas propre à la France : aux États-Unis, un mandat de 4 ans — coupé par des midterms — crée un cycle de campagne quasi permanent.

Pourtant, les enjeux contemporains sont tout l’inverse du temps court : transition écologique, réindustrialisation, numérique, démographie, géopolitique…Ce sont des projets à 20, 30, 50 ans, difficiles à traiter avec un horizon politique de 5 ans.

Ce décalage entre le temps politique et le temps réel est, à mon sens, un problème central de nos démocraties modernes.


Une piste : créer un mandat long, mais sous contrôle citoyen

J’aimerais partager une idée qui n’a rien de définitif, mais qui me semble intéressante à discuter.

Proposition : Un mandat présidentiel de 10 ans (ou 8 ans), renouvelable une seule fois, mais assorti d’un référendum obligatoire à mi-mandat.

Concrètement :

  1. Le Président est élu pour 10 ans.

  2. Au bout de 5 ans, le peuple répond à une question simple :
    « Souhaitez-vous que le Président poursuive son mandat ? Oui / Non »

  3. Si la réponse est OUI → le mandat se poursuit jusqu’à son terme.

  4. Si la réponse est NON → de nouvelles élections présidentielles sont organisées.

Ce système aurait plusieurs effets potentiellement intéressants :

  • Donner enfin une vraie temporalité longue au politique, compatible avec les enjeux d’aujourd’hui.

  • Responsabiliser l’exécutif, évalué non pas sur des promesses, mais sur des résultats concrets.

  • Réduire la démagogie électorale, en supprimant l’effet “campagne permanente”.

  • Conserver la souveraineté du peuple, grâce au contrôle démocratique à mi-parcours.

  • Supprimer une partie du vote utile, car le référendum ne porte que sur une seule personne déjà élue.

Ce n’est évidemment pas un modèle parfait, et il nécessite des ajustements et des garde-fous.
Mais je crois qu’il ouvre une réflexion utile sur la manière dont nous pourrions concilier stabilité, vision long terme et contrôle démocratique.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Un mandat long avec un contrôle citoyen intermédiaire pourrait-il renforcer notre démocratie ?
Ou au contraire créer de nouveaux risques institutionnels ?

Je serais très curieux d’avoir vos avis et de confronter les points de vue.

Ali Aliche

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