
Deux bombes ont fait 17 morts et 154 blessés dans le quartier de Gungoren à Istanbul. Les explosions se sont produites à 10 minutes d’intervalle.
"Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un attentat", a déclaré le gouverneur Muammer Güler d'Istanbul. C’est l’attentat le plus meurtrier depuis 2003. Il n’a pas encore été revendiqué.
Ce matin une partie de la presse turque pointe du doigt le PKK (le parti des travailleurs du Kurdistan). Le PKK se bat depuis 1984 pour l'indépendance du Sud-Est de la Turquie. Les explosifs seraient du même type que ceux utilisés lors de l’attentat à Ankara en mai 2007 attribué au PKK. Mais une autre piste n’est pas négligée par le gouvernement AKP (parti de la justice et du développement) d'Abdullah Gül et du Premier ministre Tayyip Erdogan. L'AKP menace la laïcité, un des principes fondateurs de la démocratie turque.Une tentative de déstabilisation du pays avait déjà été menée par le groupe Ergenekon. Au début du mois de juillet 25 personnes, membres de cette organisation terroriste ont été arrêtées dans plusieurs grandes villes de Turquie. Le journaliste Rusen Cakir dans un article du journal Vatan daté du 26 juillet se demandait « Veut-on mettre fin à une « organisation terroriste » ou veut-on liquider un bloc qui fait l’opposition la plus virulente contre l’AKP ? On ne sait pas. Pour cette raison, la fin du procès sera possible à l’issue d’une décision politique… On ne voit aucune chance de paix, voire même de cessez-le-feu. ». Les membres regroupent d’anciens officiers à la retraite comme Levent Ersöz, ancien responsable des Renseignements de la Gendarmerie, et quelques nostalgiques actifs au sein de « l’Association pour la pensée d’Atatürk », putschistes en âme.
L'attentat coïncide avec le passage en jugement des putschistes présumés, au tribunal d'Istanbul, vendredi dernier. Ils sont soupçonnés de vouloir renverser le gouvernement issu de la mouvance islamiste.
L'attentat concorde également, avec le début à Ankara, ce matin 28 juillet, des délibérations de la Cour constitutionnelle concernant une possible interdiction de l'AKP. Voir l'interview de Jean Marcou dans le Monde.
Le journaliste-écrivain Samil Tayyar a publié récemment un livre "Operasyon Ergenekon”, à ma connaissance non traduit.