Comment les médiums démonocratiques exorcisent-ils les esprits démocrates vulnérables aux Sirènes sans ambulance des débris infra-humains et infra-juifs ?
Il est temps de formuler des éléments d’esquisse pour une démonologie de l’irrationalisme militant à l’usage des médias en période de destruction massive allégée en amertumes…
Avec le matraquage concerté et l'unanimité inhumaine qui le distinguent, le système médiatique est sûrement aujourd'hui la technique de dressage tolérant au service de la plus vaste opération d'asservissement que l'humanité ait subie. Polyglotte, doué d'ubiquité et d'une sourde police grammaticale, omnipotent et infini, il rivalise avec le dieu inconditionné et invisible des théologiens et satisfait aux exigences élémentaires du tortionnaire distant, roulant dans sa monade inatteignable et dénuée de fissure, chatoyante et hermétique, à l'exception de la fenêtre univoque de sa parole souveraine, et astreignant l'usager suffoqué à la plus dérisoire des réactions.
Mis à rude épreuve, le lecteur qui déchire son journal ou le profane furieusement, le télespectateur qui balance son poste de télévision d'un balcon de quatrième étage sont plutôt des specimens démoniaques que des renégats, des métèques ou des transfuges fous, des enragés plus citoyens modèles que les conformistes prosaïques, l'envers noir et séduisant d'une rayonnante seconde nature terne et quelconque, dont le privilège est la sécurité morale, la suffisance intangible des demi-consciences supra-terrestres. Libre aux exceptions farfelues, à leur cinéma loufoque, incarnant l'hybris rédemptrice des démocraties altières, avides d'excentricités illustres et de sordides singularités (comme l'enquêteur sur le trafic d'armes ou d'organes, l'ennemi déclaré des O. G. M. ou du commerce licite de ses semblables) qu'elle cultive dévotieusement au besoin, auxquelles elle doit l'essentiel de ses prestiges, libre à eux d'interrompre le déballage sans réplique, sujets (mal)heureux qu'ils sont à un désordre de maniaque abandonné à sa démesure solitaire... Quant à l'internaute qui intervient à chaud, ou après mûre réflexion, on n'est guère obligé de lui répondre non plus, et quand l'auteur du billet répond, le calme ou le malentendu qui s'ensuivent ne modifient qu'en apparence les normes du débat, ou de la discussion courante, puisqu'à tout moment la voix qui se justifie ou rejette froidement les questions peut se renfermer mystérieusement dans la bulle infrangible d'un blog cloîtré sur sa perle, ainsi qu'une huître irascible ou replète de palabres agaçants.
C'est en période de crise que cette atmosphère tyrannique s'installe ouvertement. La libre concurrence, qui est au fondement du discours libéral, devenant un monopole absolu de la parole autorisée, c'est là que les limites du système explosent par excès de clarté. Une volonté surhumaine s'empare des mots et les modèle à sa guise, filtrant et omettant l'univers ratissé de l'adventice agitation humaine autant que cosmique, des élucubrations et excroissances superflues qui irritent sa rondeur parfaite, la sphère close et transparente de l'humanité réglée, expédiée, bâclée et dissertant, devisant, soupirant après une Histoire évaporée sans remède, ni appel d'aucune sorte. Tout est assigné méthodiquement, avec l'infaillibilité d'un flair partagé démocratiquement, c'est-à-dire un instinct de hydre meurtrière, sereine, repue de la chair cadavérique des événements, autant que de l'exaspération matée -- à force de martèlement doucereusement sadique -- de ses usagers, de ses sujets rendus à ses évidences de guerre lasse, ou vouant leur impatience à un mutisme atroce, au bord de la schizophrénie.
Comme c'est à une échelle mondiale que le rouleau compresseur se met en action, le moindre des constats à établir de cette unanimité est l'unicité du propriétaire, ce dieu qui détient les secrets et dispense les bribes théophaniques de son ineffable éloignement, ayant d'emblée sondé ses créatures et façonnné les organes récepteurs d'une anatomie commune, dotée de vocables distincts, quoique soumise à la rhétorique identique d'un verbe absolu. Les actionnaires sont légion, les chaînes (rêts démocratiques), ainsi que les écrans (rideaux translucides d'un libéralisme de cristal veiné de sang), sont multiples, tandis que le gène autofondateur, rédupliqué en des milliards d'images créées à son image, mais fragiles, est insupérablement dérobé dans les voiles de sa toute-puissance. Le simulacre qui vibre dans les consciences, en perforant les yeux et les oreilles, est un châtiment qui afflige, sauf qu'il est tributaire de sa finitude et ne saurait, de ce fait, qu'aspirer à la complétude salvatrice, à la fusion mystique, à l'évanouissent sans réserves dans l'éclair jailli à l'heure du journal télévisé ou du rituel contemplatif de la gazette attitrée.
Les réfractaires à ce régime lugubre, ahurissant, anachorètes dégoûtés de la créature ou indifférents professionnels, se passant orgueilleusement de la manne journalistique, en butte aux privations et aux macérations exigées par la purification, transgressent par cette attitude excessive d'ascète indiscret le commandement universel, certes, mais ne nuisent nullement à la propagation de la vulgate. Leur héroïsme dérisoire est un renoncement rétribué par une tolérance magnanime, un amour infini qui n'excepte ni zélateurs, ni méchants. La liberté de ne pas croire conforte la foi générale et verse en faveur du dieu le tribut de la passion, ou le denier du pauvre imbécile qui pense se passer d'information, à ses risques et périls. Consumés par une crédulité singulière, au point de se couper du reste de leurs congénères, ils se condamnent par excès d'abstinence, de distance à l'égard du commun, à végéter dans les déserts de l'Unique Nouvelle, de l'avènement peu probable des chaînes massivement fracassées et des claviers démantelés, des écrans rendus au rebut pittoresque et mélancolique du monde d'avant le brassage cosmique, d'avant l'ultra-monopole d'orthodoxie.
A côté de cette appropriation colossale de l'information, le traitement parallèle travaille dans l'enceinte commune, mais en pratiquant des brèches désespérées dans la tour de cristal. C'est en comparant, en recoupant, en analysant les déchets officiels et les omissions suspectes, qu'en chiffonniers de l'aurore harassante d'une utopie évanescente ou morose les rebelles tentent de désamorcer le prestige cosmogonique, de dénouer le charme délétère d'une inspiration sans reste, que rien ne corrompt efficacement en dehors de l'examen attentif soumis aux données même dont il faut ré-envisager à chaque seconde l'agencement occulte, c'est-à-dire la flagrante mystification ! Opération surhumaine et presque suicidaire, puisque même exténuée, dépliée, détachée de ses supports factices et de ses sources autoritaires, l'information reprend le dessus du seul fait qu'on lui reconnaît d'emblée un règne incontestable, une emprise instantanée sur la planète tyrannisée, pantelante. Il faut un levier muet et disponible en permanence pour modifier l'orbite de cette étoile sidérante, venir à bout de sa gravitation funeste. L'information contestataire n'attente pas au délire universel, qui la contamine par le virus originel du droit de savoir (concupiscence archaïque et indéracinable), pétition de principe dépourvue des moyens titanesques dont disposera toujours, avec une longueur d'avance incommensurable, un système médiatique qui se nourrit de curiosité, qui suscite la soif et administre la confusion, fût-ce dans les procédés de fortune ou les raffinements subversifs du journalisme alternatif, tâche sans issue et absorbée par une toile inassouvie, hospitalière et vive, happant d'un geste de fauve arachnéen et languide les turbulences et les frémissements des imaginations inventives et insoumises, comme les concrétions factices de l'ennui, ou les dévotions régulières de la monotone consommation.
La démocratie est devenue une démonocratie, au stade avancé de l'esprit néolibéral, -- comble d'irrationalisme !
C'est ce totalitarisme en douce (Pravda néolibérale) qui est à l'oeuvre à Gaza, qui en est aussi la transfiguration suprême, la mascarade et la crise originale. Autant la matrice informationnelle est mince (à l'image du destin spectral des Palestiniens, bons à effaroucher des naïfs et des illusionnistes), autant les modulations sont variées et le clonage inter-médiatique résolu à en répercuter les icônes d'usage (Tsahal imputrescible, humanisme occidental immaculé, professionnalisme onusien monumental...) et les pitoyables rejetons (protubérances organiques et paraboles musulmanes paléontologiques, décombres de routine et gazage bien au-dessous de la prophylaxie barbare, bombe à neutrons du spectacle réitéré, bouleversant mais intact...), non sans se laisser trahir malgré tout par les entrailles flasques d'un avortement imprévu, les reliefs trop calcinés pour attirer d'autres charognards que la majorité des envoyés spéciaux... Bref, nazification faite, par la plus incroyable, contraire à toute raison, la plus fantasmatique, la plus despotique entreprise de désinformation et à la l'échelle de l'humanité pétrifiée, justice est faite également, de visu (on peut presqu'en avoir d'ores et déjà le coeur net) et gazification réussie, accomplie vaillamment, avec la dernière rigueur scientifique et martiale... Ci-gît le monstre germanique-arabe qui ne s'était pas encore rendu (mais on recommencera comme d'habitude quand même, jusqu'à extinction, jusqu'à la solution radicale, jusqu'à la délivrance finale) !
Les Israéliens se défendant contre les roquettes du Hamas et le Hamas étant une "organisation terroriste", soutenue par le suffrage universel (ce qui aggrave le cas des électeurs, y compris les enfants), à même de bouleverser non seulement l'architecture colossale d'une armée guindée et hargneuse, mais les fondements de l'Occident rationnel en tant que tel, chaque fois qu'un journaliste s'éprend de l'action palestinienne ou se laisse prendre au jeu des analogies historiques, chaque fois que l'on frôle le mot tabou (ou plutôt réservé) "génocide", on bascule inéluctablement dans l'horreur sacrée (nécessitant une purification intérieure intense, au bord du gouffre blasphématoire), dans la litanie conjuratoire adverse, l'urgence absolue de prendre parti, en dépit d'une générosité ferrée par la logique ou l'esprit de justice, pour la barbarie ou la civilisation ! Sommation tacite et exemplaire, coutumière aux vocations mal réfrénées !
Le bien suprême a un prix, son luxe éternel et sa bonne conscience : il faut ce qu'il faut. Le journalisme est embarqué, la liberté de la presse est en danger de mort, si elle cède à la vérité, puisqu'une vérité supérieure l'invalide automatiquement, puisque l'intérêt vital n'est pas tant d'informer (de transmettre des faits, velléité scolaire et grotesque), mais de se conformer à la voix de sa conscience (une conscience inaltérable et définitive), d'informer les êtres et les choses comme un démiurge averti d'emblée de l'essentiel, avisé professionnellement et s'engageant pour la bonne cause (éternellement bonne et pure, en toutes circonstances et quoi qu'il advienne, -- conformément à l'arrêt capital imprescriptible). Une clausule millimétrique et éclatante ravage le constat audacieux (elle le retourne en fonction du décret, de la décision ultime, du cri, du tri catégorique de la conscience outragée et aveugle dans son propre intérêt), ô conscience rétractile, et le reportage non moins élastique qui lui sert de support porte au Palestinien le coup de grâce, n'en déplaise à la Raison courroucée et aux éclaboussures du sang irradié, par le medium visuel, jusqu'aux salons huppés de la droite arabophile et de la gauche savante, vautrée dans ses principes marchands. On n'est pas à un révulsif près, pour soulager les esprits : on vomit ses bonnes intentions au demeurant, car il faut rassurer les télespecateurs gagnés par l'incrédulité (ô humanisme putride et fétide nausée !) s'il leur reste après ce lavage de cerveau mélodieux (il faut agrémenter par une musique de chambre le tohu-bohu des chars d'assaut, des bombes et des gémissements), méthodique, une once de jugement. C'est une basse infatigable, une bassesse fatigante, c'est surtout le refuge extrême d'un monde qui fraude sans complexe ses supposées lois propres et s'autorise la dérogation indispensable, devenue réflexe inflexible, en présence des révolutionnaires inavouables musulmans, ou de l'engeance infréquentable des Africains demeurés scandaleusement fidèles à de l'infra-histoire, au lieu de se rebeller comme il faut, de s'initier aux compromissions usuelles, sonnantes et trébuchantes, qui donnent accès au sacre humaniste universel...
Comme Madame Verdurin, qui détestait que les articles de Brichot pendant la guerre soient « caviardés » par la censure (ignorant la fortune future de l’expression « gauche caviar » en usant du jargon branché de son époque), s’éprouvait déçue par la pâleur symbolique du capitaine Dreyfus au plus chaud de l’Affaire, en faisant de l’esprit sur la prestance déplorablement inéloquente de la victime devant les juges et le public surexcité, en regrettant qu’on ne lui eût pas donné (à elle et à son salon) un personnage plus charismatique, s’estimait lésée et exigeait un héros digne de son enthousiasme, supérieur à sa cause par complaisance aux normes mondaines de son monde, on voit partout les arabophiles sevrés de phrases historiques et des militants pro-palestiniens en détresse ajuster malhabilement leur cri aux chuchotements du quartier général et aux vociférations triomphales de leurs adversaires, sinon murmurer sur un ton élégiaque la dissolution subtile des temps où l’O. L. P. rassemblait des organisations laïques et révolutionnaires, d’inspiration marxiste, avec l’appui intermittent, conditionnel et versatile de la défunte U. R. S. S., ainsi que du bloc non-aligné ou anti-capitaliste : « Débarrassez-nous de Hamas, pour l’amour de Dieu, que nous nous égosillions plus fort et qu’on ne mous fustige pas en permanence, à cause de l’inspiration religieuse de ce mouvement querelleur et suicidaire de trouble-bonne conscience... » ! On ne demande pourtant pas mieux que de telles pauvretés car, de fil en aiguille, le châtiment dévastera la tribu entière qui a plébiscité le patriarche intrus, lui-même encombré par une légitimité malheureusement trop orientale, trop sanglante à son insu, autant que ses germes et ses descendants, s'il s'avérait incorrigiblement hypermnésique et prolifique...
A croire que ce ne sont pas des enfants, des femmes, des hommes qu’on martyrise de toutes les façons concevables ou inconcevables depuis soixante-dix et plus..., un peuple entier qu'on massacre, mais des dinosaures redoutables, planqués dans leurs grottes rupestres, et peignant sur les parois de l’antre maudite les motifs terrifiants d’un plan d’action qui n’épargnerait rien en Israël, ni rien dans le monde (occidental), à part les lettres sacrées d’un texte assassin ! La Thora n’est rien face à cette épigraphie apocalyptique, ni tous les ordinateurs sophistiqués de l’O. T. A. N. ! L’alerte, d’ailleurs, est donnée depuis belle lurette : Huntington prolonge la geste médiévale et la relançant in extremis dans le jargon convenable, juste avant que les « vaccines » médiatiques n'inoculent tous les jours (à mesure que le feu des grands esprits et le tonnerre rationnel d’une technologie militaire aussi puissante qu'arrogante pulvérisent les demeures et secouent un territoire léthargique de fanatiques coranisants, à mesure que la faim devient un moindre mal et que les ambulances, comme des installations publiques onusiennes sont cyniquement réduites à des tas de ferraille et d’ossements), suffisamment longtemps avant les ravages programmés, le venin salutaire (antidote sacré) conçu pour une fin d'hibernation du bacille Angoisse musulmane, modérément administré et régulièrement, afin de mithridater l’opinion publique internationale, de l’immuniser contre les emballements indus, la compassion coupable, le musulman fourbe et tanné, tapi dans les lobes fragiles du cerveau et les cœurs sensibles comme un poison latent, ayant germé de toute éternité et tentant de berner pour sévir... Le système immunitaire ainsi travaillé ne saurait être pris à parti par les âmes candides ou viriles, échappées à une prévention subreptice dont elles pressentent par expérience ou par instinct les premiers frémissements. Elles savent que toute résistance est perdue d’avance face aux dieux invisibles qui mènent cette campagne d’utilité publique et mondiale… Certaines, craignant d'être acculées à assister en silence au massacre inéluctable, parfois trouvent le moyen alors de contourner le Mur médian-médiatique, de se trouver sur place pour assister le moment venu les mourants et accumuler les archives interdites aux consciences savamment blindées pour les besoins sacrés de l'expédition taciturne, qui est aussi une opération locale tonitruante, à assourdir commodément… Sait-on jamais ?
On discutera encore le temps qu’il faudra de la pertinence de la notion de « génocide ». Au-dessous de cette qualité, chacun sait qu’il n’y a pas le feu !
Attendons donc, oppressés ou sereins, logés à l'enseigne idoine, les enquêteurs diligents de l’O. N. U., ou à défaut les experts reconnus en tsunamis et autres dérèglements de l’inhumaine, de l'indomptable Nature …