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Billet de blog 18 juillet 2019

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suite Albert K./Juin 2019, LA QUESTION

Point intermédiaire sur la responsabilité de chacun ou plutôt sur l'IRResponsabilité des uns et des autres.

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Une question gravissime m'est venue, c'est celle qui s'est immiscée dès le début de mes démarches, en particulier lors de l'année 2016, l'année de tous les records. Cette question d'abord sous-jacente va prendre de plus en plus d'importance, doucement, progressivement, inéluctablement. Je vais tout faire pour y échapper, n'ayant sans doute pas le souhait que cette question se posa, n'existât même mais force et intelligence est de reconnaitre que cette question est majeure et essentielle dans la compréhension de l'évolution des choses et qu'elle va s'imposer d'elle-même, malgré moi. Ce sentiment va être conforté par la découverte de cas similaires sur les réseaux sociaux, en premier sur Twitter, des cas certes moins..., comment dire, moins volumineux, touchant moins de victimes potentielles, mais des cas qui se ressemblent beaucoup dans la façon dont ils sont traités ou mieux non-traités par la Justice. A partir de combien de cas un problème n'est plus isolé mais entre dans un groupe de situations qui reflètent un état plus général de non-réponse judiciaire, structurelle et donc politique à une question bien réelle et quotidienne de notre société, l'aide aux victimes de maltraitances, de violences, les féminicides, les enfants maltraités, abusés, violentés, agressés, cela de toutes les façons possibles, psychologiques ou physiques ?  Le pire, pour moi étant bien entendu les agressions sexuelles qui représentent et concrétisent le déni même de l'être humain, à fortiori de l'enfant, cet être encore en construction, fragile et vulnérable, qui sera à jamais dirigé vers un questionnement sans réponse par ceux là même qui auraient dû le protéger, le préserver pour qu'il s'épanouisse dans les meilleures conditions.

En tant que scientifique de formation, je ne crois au hasard qu'en dernier recours. Le hasard recouvre une question ou plutôt une réponse qui n'existe pas encore, à un moment donné, une situation que l'état des connaissances ne permet pas encore d'expliquer, un individu en recherche qui n'a pas encore dans ses mains les outils nécessaires pour comprendre, soit parce qu'il n'a pas été suffisamment formé soit parce que l'état général des connaissances n'est pas encore assez avancé dans un domaine particulier, mais ici, dans le cas des violences nous disposons de tonnes de chiffres, d'études, de statistiques, d'exemples concrets qui nous indiquent que la situation est grave et qu'elle nécessite bien une réponse dans plusieurs directions des instances qui ont la charge, la lourde charge de ces situations....

Hier soir, j'ai eu du mal à trouver le sommeil. La chaleur est là, nous ne sommes plus en canicule mais c'est limite, il fait encore très chaud le soir, tard, très tard, jusqu'à minuit et au delà. Le temps est orageux mais rien, que des nuages épars qui ne prédisent pas le rafraîchissement tant espéré. J'ai tenté d'entrer en contact avec Sélim au téléphone, mais rien, encore rien. La dernière fois, la semaine passée, il m'a indiqué qu'il n'avait plus de téléphone, enfin qu'il en avait un autre, "à touches" comme il m'a dit pour justifier les délais de réponse trop long dans les échanges sms. Le pauvre il doit savoir que j'en connais sûrement la cause mais je ne veux plus l'accabler davantage alors je fais semblant de croire ses explications, son Iphone est tombé, il est resté sans téléphone plusieurs jours et enfin maintenant il a récupéré un vieil appareil à touches comme il dit. Bref, sa situation ne s'arrange évidemment pas et compte tenu de son environnement il est impossible qu'il en soit autrement... Alors je zappe. Rien de spécial, je fini sur LCP, comme souvent ou Arte. Je tombe sur Madame la Ministre des relations avec les collectivités, dont je ne me rappelle plus le nom. C'est une interview, elle est sur le plateau en compagnie de deux journalistes et du présentateur... Deux questions vont lui être posées qui m'intéressent: les discussions avec Mr Georges Siméoni, sur l'état des relations Corse-Continent et enfin sur la décentralisation. Ces deux questions nous ont toujours intéressé et elles ont animé le débat national depuis de nombreuses décennies maintenant. Je ne sais comment mais je vais en faire la synthèse en quelque sorte, les résumer en une seule et les rapporter à la question que moi je me pose depuis longtemps : qu'est ce que la République aujourd'hui ou plus précisément et égoïstement, la Normandie fait-elle encore partie de la République??? Oui voilà la question qui me turlupine depuis longtemps.

A l'évidence, si on s'en tient à la stricte définition de République, la réponse est NON! En effet voilà des enregistrements, que j'ai transmis au Procureur de la République, à la DGSI, au Premier Ministre et au Président de la République lui-même. Que découvre t-on à l'écoute de ces enregistrements?

D'abord que la vie que je voyais devant moi, mes enfants que je croyais connaître jusqu'au plus profond d'eux mêmes, mes parents, mes frères et soeurs, mes voisins, mes collègues, mes cousins ...tout mon quotidien, tout mon environnement, la construction de toute une vie, n'étaient que forfaitures et comédies. Excusez du peu! Pour moi, c'est évidemment une démolition, un anéantissement total dont je ne me remettrai sûrement jamais. D'autant qu'à cette découverte macabre et bien tardive qui va durer une à deux années environ va succéder une deuxième période tout aussi douloureuse, celle du combat pour faire avancer et connaître cette situation à mon entourage d'abord puis auprès des autorités. A cela va s'ajouter la dose de ruse et de comédie que moi aussi je vais devoir utiliser, inéluctablement, d'abord auprès des miens, ceux qui m'étaient encore très chers il y a encore peu de temps et que je vais tenter de berner, de tromper pour soutirer le moindre renseignement qui me permettrait d'approcher autant que faire ce peu, de la vérité. Le pire moment étant indiscutablement celui où j'ai compris que mes propres enfants savaient et me cachaient la vérité. Mes propres enfants, oui, ma propre chair, mon propre sang, c'est impossible. D'ailleurs j'ai alors naturellement exploité l'éventualité qu'en réalité ce n'étaient peut-être pas mes enfants, pas tous en tout cas! Grave! Pour un papa poule, un papa aimant à l'extrême, que je pense avoir été et décrit comme tel même par mes "frères et soeurs" dans leurs témoignages au Jaf de 2015, c'est un drame que de réaliser qu'en réalité dans cette relation, père-enfants tout était faux ou presque. Un autre passage extrêmement traumatisant, c'est celui du jeu morbide, sinistre que j'ai dû accepter et alimenter avec mon ex. Bizarrement après avoir demandé le divorce, elle se rebiffe, deux fois, fin 2014, elle me demande de lui rédiger une lettre de renoncement à son avocate pour demander l'annulation de sa demande de divorce! Elle va même pousser le bouchon jusqu'à me demander de porter moi-même cette lettre à son avocate, de la déposer dans sa boîte aux lettres, ce que je ferai. Je suis si perdu que je vais en garder secrètement une copie, je ne comprends pas. C'est vrai qu'à l'époque je suis au tout début des découvertes. Ensuite, elle me demande d'enlever mon appel de l'ONC, dès septembre 2015. Cela me fait, à tort, croire qu'elle craint la Cour d'appel. Je verrai plus tard que non, rien à espérer de la Cour d'Appel qui semble elle aussi couvrir les agissements du réseau 30RGM. Pendant toute cette période je vais être agressé quasi quotidiennement en particulier par ma deuxième fille Warda, la plus expressive, celle qui a été placé quelques jours par le Procureur en 2008. Dans l'historique de l'évolution, de la destruction plutôt de la famille, c'est un moment important.

Il y a d'abord eu l'été 2004, c'est le premier épisode visible de la double vie de mon ex et de mes frères et soeurs. Une dispute éclate, une chamaillerie plutôt à mes yeux, entre mon ex et mes soeurs, alors que nous nous sommes retrouvés dans la grande demeure paternelle pour les vacances d'été. Je ne m'en occupe même pas, au départ. Et puis la situation enfle, enfle encore et finalement mon petit frère, visiblement sous l'effet de l'alcool dont je sais qu'il est adepte, ou de la drogue, ou les deux, perd les pédales et agresse mon ex devant moi et les parents. Je suis contraint alors d'intervenir et de défendre ma chère épouse qui semble t-il se fait agresser par toute la fratrie. Ce qui va me surprendre sur le moment, c'est l'inaction du Père qui aurait dû intervenir, s'interposer de sorte à calmer les ardeurs de son dernier rejeton, c'est la façon de faire habituelle dans cette culture patriarcale. Mais non, au contraire, il acquiesce et valide les vociférations du cadet. C'est ce jour là que j'ai compris que quelque chose ne tournait plus rond dans cette maison! Je ne savais malheureusement pas quoi. Je vais mettre 10 ans pour le découvrir. La rixe, sûrement recherchée n'aura pas lieu. Je suis immédiatement passé au questionnement pour tenter de comprendre les objectifs de cette manoeuvre puis j'ai pensé qu'il était temps de partir. Il était aux alentours de minuit, nous avons réveillé les enfants, nous avons pris nos clics et nos clacs et nous sommes partis nous réfugié chez mon beau-père à Bouira où nous passerons le reste de notre séjour. Ma belle-mère me confiera bien plus tard qu'elle regrettais cet évènement et qu'elle aurait dû ne pas me laisser partir, ce sont ses mots. Cette coupure d'avec mes parents et frères et soeurs va durer 5 à 6 ans. Nous allons continuer à nous rendre en vacances au pays, chaque été mais plus dans la demeure familiale paternelle. Cela va me permettre de me rapprocher de mon beau-père que j'appréciais déjà beaucoup, de mieux le connaître et de l'accompagner jusqu'à la fin de ces jours et aussi de voyager davantage pendant nos séjours et de découvrir ce beau pays qu'est l'Algérie ... Pendant cette coupure, peu d'évènements vont se présenter si ce n'est celui-ci. La demeure paternelle n'a pas toujours été cette grande bâtisse de trois étages avec un salon géant d'une cinquantaine de mètres carrés, climatisé, une cuisine toute équipée de vingt-cinq mètres carrés, une première belle chambre, celle des parents au rez-de chaussée puis au premier étage, sept grandes chambres avec balcon, la deuxième salle d'eau et enfin un deuxième étage avec une terrasse gigantesque et encore deux grandes chambres et une salle d'eau. A l'extérieur, un grand jardin, deux immenses garages et deux puits dont un forage effectué par des syriens, d'une cinquantaine de mètres de profondeur. Cette maison, c'est notre cadeau à nos parents. Au départ nous sommes deux, Aka et moi. Nous réunissons nos économies et nous apportons ce premier gros pactole qui va servir de départ à la construction de la maison dans le village natal du père où il a toujours voulu s'installer. Nous allons continuer ainsi, dans la mesure de nos moyens de sorte à faire avancer ce projet. Par la suite nous allons être rejoins par nos autres frères dont le médecin et va alors venir une deuxième étape plus riche et plus rapide dans l'avancement de cette construction quelque peu démesurée... Durant cette coupure, j'ai gardé contact avec Aka. C'est le seul avec lequel j'échange encore régulièrement, nous nous voyons presque tous les dimanches matins lorsque nous allons faire nos courses au marché du coin. J'adore ce moment. Nous prenons un café ensemble et nous refaisons le monde, comme la situation le sied bien. Pour ma part, je suis embêté d'avoir finalement été jeté par la force des choses de la demeure familiale où j'ai quand même investi une grande part de mes économies pendant plusieurs années et je me demande si je ne devrais pas réclamer ma part, mon dû ? D'autant que mon ex m'en parle aussi, régulièrement et me pousse dans cette voie. Lorsque nous partons, dorénavant nous louons un appartement pour la durée de notre séjour, c'est moins confortable. Je vais aussi tenter d'acheter un bien,un appartement ou une maison, malheureusement plusieurs tentatives ne vont pas aboutir...et donc cette idée de réclamer ma part va avancer. On va ainsi me proposer à titre de dédommagement de reprendre une maison que l'un de mes cousins a construit mais qu'il n'occupera finalement pas compte tenu d'un accès difficile pour l'un de ses enfants, handicapé et qui se déplace en chaise roulante. Cette maison est achevée, je l'ai visitée, elle convient parfaitement à l'usage que je veux en faire et puis finalement pour une histoire de propriété du terrain qui ne serait pas porté à mon nom propre, j'ai dû refuser cette transaction. D'ailleurs à l'époque une question est apparue et je me suis interrogé sur les revenus de ce cousin. Il est déjà difficile de construire une maison et cher aussi et lui, ce cousin en avait déjà reconstruit une deuxième, encore plus grande, plus accessible en fauteuil. A la même période un beau-frère aussi a construit rapidement, une belle et grande maison, même question sur la provenance des fonds. Un autre cousin encore et un autre et encore un autre, ils construisent tous, pourtant certains sont sans le sou, malades, infirmes, au chômage, bénéficiaires du RMI, de l'AAH....trop bizarre ! Je comprendrais bien plus tard et un peu tard la provenance de tous ces fonds. Mais ce n'est pas cela le plus important, on va me rapporter à plusieurs reprises des dires de mon père qu'il aurait fait en réponse à mon souhait d'un dédommagement : "Moi aussi je l'ai chouchouté, je lui ai même acheté une voiture neuve alors que d'autres ne circulaient même pas à vélo!", comme si notre relation si marquante pour moi, si affective, si respectueuse, remplie de bonheurs partagés, pouvait en quelques sorte être tarifée, quantifiée, échangée, j'en suis bouleversé.  C'est vrai, j'ai été chouchouté, aimé par mes parents, mon père et ma belle-mère, jusqu'à cette dernière période. Il est vrai aussi que pour mes dix-huit ans, j'ai eu le droit de passer le permis de conduire, six mois après le sésame en poche, mon papa m'a emmené chez Renault Mont-Riboudet où nous avons choisi le modèle, la couleur de l'extérieur, de l'intérieur, les options... Et un mois après, à Renault Chartreux, je prenais livraison d'une Renault 5 GTL, toute neuve et toute belle. C'est un cadeau inoubliable et sans comparaison de la part d'un père à son fils. Mes copains de lycée étaient tout étonnés, surtout ceux qui savaient que mon père n'était qu'un simple ouvrier de l'usine Roclaine de St-Etienne du Rouvray. Je n'ai jamais oublié ce moment, ce geste de mon père et c'est aussi en partie, peut-être pour cela que moi aussi, durant toutes ces années je ne lui ai jamais manqué de respect, je l'ai toujours défendu et été à ses côtés, même aux moments les plus difficiles...C'est sans doute en hommage à ce souvenir que j'avais envisagé moi-aussi d'offrir à ma fille aînée Souad le même souvenir, le même signe de reconnaissance. D'ailleurs elle m'en a reparlé, elle aussi de cette promesse que je lui avait faite mais que malheureusement vu la tournure des évènements j'avais dû abandonner. Une relation quasi fusionnelle existe entre nous, entre mon père et moi. Il était sûrement reconnaissant de mon parcours, scolaire d'abord. Arrivé en France à quatre ans, ne connaissant que quelques bribes de phrases comme "il est trop gentil!, oui, non,... ", je vais quand même m'en sortir en particulier grâce à la gentillesse et à la bienveillance de mes premières institutrices et instituteurs de l'école maternelle Kergomard, primaire Jean-Jaurès, suivi d'un passage inoubliable par l'Institution Sainte-Jeanne-d'Arc, puis le collège Paul Eluard, les lycées Les Bruyères et Blaise Pascal ... Cette "réussite" va faire la fierté de mes parents et de ma famille plus largement. Certains vont y voir la première réussite d'un petit émigré du douar El-ksar, d'autres la réussite qu'ils auraient aimé de leurs propres enfants et que malheureusement ils n'ont pas eu. De doux souvenirs me reviennent : Cette première maîtresse dont j'ai oublié le nom qui m'a pris en charge, elle m'a quasiment adopté, elle nous apportait des bonbons, des pâtes de fruits et surtout elle s'accompagnait au piano lors des séances de chant. Parfois elle me portait sur ses genoux, au piano. Oui je me demande comment elle pouvait continuer à jouer. C'est ainsi que je retournais à la maison le soir en chantonnant, "Frère Jacques, frère Jacques, dormez-vous...., Ainsi font, font, font..., Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille..., Petit papa Noël, quand tu descendras du ciel avec tes jouets par milliers..., Mon beau sapin, Roi des forêts, que j'aime ta verdure..., Il est né le divin enfant, jouez hautbois, résonnez musettes, ...Vive le vent, vive le vent, vive le vent d'hiver.... Ce sont les premiers textes de la langue de Molière que je vais connaître parfois sans comprendre, que je vais aimer, répéter, répéter, encore et encore, tant et tant que je vais les transmettre à mes parents qui les chanteront avec moi à tue tête certains soirs en attendant que le souper soit servi ou que le sommeil ne vienne à moi... Cette autre institutrice qui tous les matins m'accueillait dans ses bras pour me consoler alors que je pleurais et ne voulait pas quitter ceux de ma grand-mère paternelle que j'aimais tant et qui me déposait à l'école quand mon père n'était pas là. Elle l'écoutait poliment alors qu'elle ne comprenait évidemment pas ce qu'elle lui racontait en kabyle. De prendre soin de moi, de ne pas me frapper, de bien m'apprendre à lire et à écrire, ...Un instituteur, Monsieur "Bourtsef", à l'air sévère mais si gentil et si pédagogique aussi. Je me souviens de cette leçon de choses sur la pomme. Et puis à la sonnerie de la récréation, il m'avait demandé de rester pour finalement m'offrir la demi-pomme qu'il n'avait pas utilisé lors de ses démonstrations. Il avait sûrement remarqué qu'avec mes origines modestes je n'avais peut-être jamais eu cette belle pomme en mains. Il avait aussi mis en place, à une période, des séances différenciées, déjà. En effet un camarade et moi nous étions trop forts en calcul et nous finissions systématiquement bien avant les autres élèves de la classe alors il nous avait proposé des activités de peinture, de dessin et mon préféré, de réaliser des porte-clés en résine...en attendant que le reste de la classe ne termine le travail que nous avions fini et qu'il avait corrigé. C'est lui qui à la fin de l'année m'avait demandé si je voulais bien qu'il garde mes cahiers pour les montrer en exemple aux autres élèves à venir. Monsieur Marigny, Madame Lemesle, Monsieur Laclos, Madame Cécile, le Directeur Monsieur Levern ... Mon passage à l'Institution Jeanne d'Arc aussi. Suite au retour impromptu au pays de ma grand-mère pour affaire familiale pressante et au déménagement que nous avons effectué tout en restant sur St-Etienne du Rouvray, l'école la plus proche c'était l'Institution. J'y ai donc été accepté pour y finir cette année-là. J'ai un souvenir sucré de ces soeurs qui elles aussi m'avaient adopté, de leur gentillesse, de cette fête de Noël, du sapin illuminé, des chocolats et des cadeaux et de toutes les copines, nous étions peu de garçons... Cette anecdote aussi, à la remise des carnets que nous emmenions à la maison pour que nos parents prennent connaissance de nos résultats et de notre évolution et que nous devions rapporter après signature. Mes parents ne lisaient évidemment pas le français alors mon papa allait chez la voisine, Madame Farin de la maison d'en face. Son fils dont je ne me rappelle plus du prénom et moi nous faisions la route ensemble vers l'école. Son père tenait un garage automobile je crois, spécialiste de la carrosserie. Mon père allait donc faire lire et commenter le contenu de mon carnet à cette brave dame. Il revenait le sourire aux lèvres, heureux et fier de mes résultats, des commentaires et de mon classement, à l'époque toujours en première, deuxième et plus rarement en troisième place. Et en réponse à ma mère ce sourire était accompagné de cette remarque: "Tu entends Madame Farin, elle dispute son petit en lui disant, tu vois le petit algérien, il vient d'arriver et il travaille mieux que toi, tu devrais avoir honte...". Et ma mère me regardait avec un grand sourire, fière elle aussi en me disant, "Je sais que tu vas réussir Kader, tu le mérites...". En fin d'année scolaire arrivait la remise des prix à la mairie. J'ai eu la chance d'y avoir participé et été honoré, malgré que mon père faisant les quarts, les trois-huit, il n'était pas toujours disponible pour m'y emmener, deux fois je crois. Dans cette grande salle de l'Hôtel de ville tout le monde était là, les enseignants, les directeurs des écoles de la ville, l'équipe municipale et je me souviens que c'était Monsieur le Maire en personne qui nous remettait les prix. Deux ou trois lauréats par école je pense. A l'appel de mon nom, sous les applaudissements, je me rendais fébrile, jusqu'à l'estrade, en dépassant les rangs de parents et d'enfants, je montais sur l'estrade et pendant les commentaires de Monsieur le maire, je parcourais tous ces yeux à la recherche de ceux de mes enseignants à qui je devais tout et de  ceux de mon père dans lequel j'imaginais et voyais cette fierté qu'il ne cachait pas. Je revenais avec mon cadeau, un beau paquet, bien ficelé, avec quelques livres de Jules Verne, de Jean de La Fontaine, d'Alexandre Dumas, de Victor Hugo...qui étaient les premiers que je recevais et qui allaient donner vie à ma première bibliothèque. C'est aussi dans cette salle des fêtes que chaque année nous fêtions Noël. Nous étions invités par le comité d'établissement de l'employeur de mon père, la Roclaine qui organisait ce spectacle de fin d'année. Pour nous, enfants, frères et soeurs qui avions eu la chance d'être amenés par nos parents, notre père exclusivement, c'était la fête de l'année. Nous y étions, chouchoutés, cajolés, presque adulés. Dès l'entrée il y avait un buffet de viennoiseries, hum..., des croissants, des pains au chocolat, des pains aux raisins... Puis il y avait le spectacle, les clowns, les magiciens, les acrobates... c'était féérique. Enfin c'était la venue du Père Noël et la remise des cadeaux, par fratrie, on nous appelait sur l'estrade et on revenait les bras remplis de jouets, d'instruments de musique, de costumes de cow-boys, d'indiens, de Zorro, d'articles de sport, un ballon, des raquettes, un appareil photo, un réveil, ... des objets que nous tenions bien souvent pour la première fois dans nos mains. C'était magique ! C'est aussi dans cette salle que parfois sur le chemin de retour de l'école j'entrais voir les expositions de peinture, de sculpture, de colombophilie, de serpents... et que je découvrais ainsi les multiples façons de s'exprimer et d'exprimer ses émotions...

De ces instants magiques, de cette période pleine de bonheur naïf et de découvertes de soi, des autres, qui vont sûrement me former, faire ma personnalité d'adulte à venir, je retire aujourd'hui comme une amertume. Je me dis que peut-être c'est à cause de ce trop plein d'amour, de bonheur, de réussite, de récompenses qu'il faudra inéluctablement qu'à cette période magnifique, parfois fulgurante une autre période succède, celle là plus difficile, plus morose, plus grise, comme pour compenser, pour équilibrer l'ensemble. N'est-ce pas pour cela qu'on dit que dans la vie, la roue tourne ?  Peut-être aussi que certains n'ont pas vu cette période avec les mêmes yeux, ceux d'un enfant en construction, en découverte sans aucune arrière pensée ni animosité, mais avec une vision négative, parfois jalouse de cette réussite, jalousie qui sera cachée profondément et qui servira de moteur à une destruction souterraine, massive et impitoyable, ne se souciant ni du prix qu'il faudra payer ni du devenir de nombreux enfants, les miens d'abord, mais aussi les leurs. C'est dramatique !

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