Sylvain Cypel a signé un ouvrage saisissant intitulé « l’Etat d’israël contre les juifs ». Alors que le président Trump nous avait assuré avoir trouvé LA solution avec son « deal du siècle » transformant la Palestine en bantoustans de l’apartheid, cet ouvrage nous plonge au cœur du problème. Ce n’est, ni les gesticulations du président américain achetant contre des dollars la servitude palestinienne, ni la docilité de certains états du golfe, ni la passivité de la communauté internationale qui auront raison de la colonisation et du nationalisme frénétique israélien.
En effet, Sylvain Cypel, journaliste et ancien correspondant du journal « Le Monde » pointe du doigt un état envahit par les idées d’extrême-droite qui vit, aujourd’hui, au moyen de la violence et de l’arbitraire. L’occupation israélienne rythmée par une violence chronique théorise l’insécurité permanente et le « chaos organisé ». L’instrumentalisation de la force par Israël installe une angoisse quotidienne chez les palestiniens qui veut briser toutes volontés de résistance.
« Un jour tout nous appartiendra ! » voilà le slogan qu’impose la droite et l’extrême-droite israélienne qui ont gagné la bataille des valeurs selon l’auteur. Et l’une des étapes à venir : regrouper les palestiniens autour des grandes villes pour créer une sorte « d’émirats unis palestiniens ».
Le journaliste décrit, avec force, cette lente dérive de l’État d’Israël vers un régime « ethniciste, raciste et violent » dont la consécration a été le vote en juillet 2018 de la loi qui définit Israël comme l’exclusif « état nation du peuple juif ». L’auteur en a pour preuve les admirateurs d’Israël qui compte, aujourd’hui, parmi les personnalités politiques les plus décriés.
Parmi eux : Trump ou Modi le président extrémiste indien, Bolsonaro le chef d’état brésilien à la rhétorique raciste, Victor Orban le premier ministre hongrois et antisémite notoire et même le chef d’état-major de l’armée birmane condamné par l’ONU pour crimes contre l’humanité une semaine après sa visite en Israël !
Tout ce qui fait ciment dans cette alliance c’est essentiellement, d’après Cypel, « la question du rapport à l’Islam », une « hostilité » commune à cette religion et également une même pratique « autoritaire du pouvoir ».
Et l’auteur d’enfoncer le clou, en rappelant que l’entourage même de Netanyahou est lié à la mouvance des évangéliques, pourtant profondément antisémites, ainsi qu'à celle des suprémacistes blancs.
A voir si ce livre soulèvera le débat tant attendu en France sur la politique suicidaire d’Israël comme il l’est, d’ailleurs, déjà engagé aux Etats-Unis où l’accusation « d’antisémitisme » « ne marche plus » pour faire taire un débat dont on peut plus faire l’économie en France.