Paris. Vendredi 23 janvier 2015. Il fait très froid en ce moment. Le soir tombe plus vite que prévu sur la France des Lumières.
Puisse les cyclones de la haine qui ont soufflé ces temps n'atteignent pas les quelques bougies restées allumées, malgré la puissance de la tempête, le froid et la grisaille.
Notre misérable espèce humaine et notre Terre, mère nourricière, ont si besoin de ces bougies.
Pour rallumer les lustres qui sont en train de s'éteindre un à un, plongeant notre France du XXIe siècle dans les mentalités obscures du Moyen âge.
Besoin que ces quelques bougies résistent aux cyclones qui soufflent le brouillard et la nuit.
Besoin que ces quelques bougies qui brûlent encore et pleurent, éclairent suffisamment longtemps.
Quitte à les cacher. Comme aux temps de l'Inquisition et la Bête.
Le temps que les lustres soient à nouveau rallumés, pour mieux voir les espaces sombres vers lesquels l'humanité est entraînée, entassée. Puis effacée.
Lorsque la Lumière reviendra, on trouvera, comme autrefois, des charniers et des squelettes. Des charniers et des squelettes.
Des charniers et des squelettes.
Alors on pleurera. On fera des discours. On dira à la jeunesse : " Nous étions fous. Ne faites pas comme nous. C'est mal. Aimez-vous. Faites la paix". On les emmènera visiter les ruines de l'humanité.
On se tiendra la main, avec beaucoup d'émotion, devant les stèles commémoratives. Puis on fera des lois . Pour les autres. On construira des monuments aux morts. Aux braves morts. Aux pauvres morts. On regrettera la paix. Comme autrefois.
Puis des héros des plus intelligents, car ils ont fait de longues et chères études dans de grandes maisons de prestige, diront : " il faut recommencer". Alors très docilement, toutes les autres intelligences répètent en choeur : " Oui, il faut recommencer. Recommençons ! Recommencons ! ". Alors on recommencera. C'est le progrès.
Des charniers et des squelettes. Des charniers et des squelettes.
C'est le progrès.
Des charniers et des squelettes.
Des charniers et des squelettes.
Puisse ce brouillard épais qui s'abat sur notre France des droits de l'homme, se dissiper, avant qu'il ne se propage aux coeurs et aux consciences.
Puisse ce soir qui tombe si vite en ces temps froids, amener l'aurore éclairée, aussi rapidement qu'il est tombé.
Puisse enfin ce froid inhumain, qui frappe durement notre France des Lumières, laisser place à la chaleur.
En France.
Et dans le monde.
Abdellatif Chamsdine
Paris, 23 janvier 2015.
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