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Billet de blog 21 février 2012

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Tunisie- Les milices « intellectuelles » venues du moyen orient du parti islamiste Ennahdha

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Tunisie- Les milices « intellectuelles » venues du moyen orient du parti islamiste Ennahdha

Tunis le 21 Février  2012

La stratégie cohérente du parti Ennahdha pour asseoir définitivement son pouvoir

Les islamistes actuellement au pouvoir pour une période qu’on espère transitoire (la troïka incluant les deux partis démocrates CPR et Ettakattol malgré ses engagements écrits sur la durée d’un an pour écrire la nouvelle Constitution et procéder aux élections navigue dans un flou artistique entre 18 mois et plus) sont en train d’occulter malgré leurs dénégations les préoccupations socio-économiques –à l’origine de la révolution- pour déplacer le débat sur le plan doctrinal et religieux dans le cadre d’un enjeu électoral prématuré dont ils sont maîtres. Droits dans leurs bottes et par une mauvaise foi manifeste, ils accusent les médias et la gauche d’être à l’origine de ces déviances en empêchant le gouvernement provisoire de la troïka de s’occuper des problèmes concrets du pays et de grossir les affaires d’ordre sociétal qui de leur point de vue sont COLOR: black; FONT-SIZE: 10pt; FONT-WEIGHT: normal; mso-themecolor: text1">Ainsi, il ne se passe pas un jour sans que des affirmations, des nominations ou des faits confirment l’action concertée et planifiée du parti Ennahdha dans le cadre de sa stratégie d’instaurer son modèle de société, et de préparer ses électeurs potentiels au seuil minima des concessions sociétales auxquelles il prépare le peuple en favorisant  à titre de ballons d’essai les dérives de leurs bras armés salafistes . Ennahdha instrumentalise les salafistes (dont beaucoup d’extrémistes aguerris dans les pays foyers du terrorisme) pour paraître modéré comme la droite en France (j’assume mon statut de déchet de la francophonie comme dit le député Hmila) qui a encouragé et développé l’extrême droite pour faire peur au électeurs Français acculés à se rabattre sur un vote droitier considéré comme un moindre mal. Après que l’équilibriste porte parole du gouvernement Samir Dilou a nié contre toute évidence et de multiples témoignages la tentative d’instauration d’un émirat islamique ou califat dans le village de Sejnane, le ministre de l’intérieur a été acculé à dévoiler suite aux évènements sanglants près de Sfax  l’existence d’une cellule jihadiste proche d’Al-Qaïda ayant planifié l’instauration d’un  califat en Tunisie (rien de moins)

Le verrouillage de la liberté de la presse

Le gouvernement islamiste actuel n’est pas seulement complice des dépassements et des violences de  leurs affidés salafistes sur les journalistes et  la presse mais il est leur véritable instigateur et bien naïfs sont les démocrates appelant le Président mollasson et complice de l’Assemblée Nationale Constituante à rompre ce silence assourdissant (pour rappel  le parti Ettakattol de ce dernier prend l’eau après des centaines de démissions suite au reniement de ses principes et son alliance contre nature avec les islamistes). Nous n’allons pas revenir sur  tous les dépassements restés impunis des intégristes : Affaire Nesma TV dont le procès est à venir pour avoir diffusé le film Persépolis pourtant approuvée par le ministère de la culture, attaque du directeur du quotidien « Le Maghreb » pour avoir dénoncé ce procès inique, et le récent emprisonnement du directeur du journal Ettounsia  (qui est emprisonné depuis six jours contrairement aux dispositions de la loi et fait une grève de la faim)  pour avoir diffusé en couverture une photo d’un footballeur tunisien et de sa femme mannequin demi-nue, Le gouvernement avance quand on lui oppose la non application de la loi en cas de dépassement flagrant l’argument qu’on n’est pas tout à fait en démocratie mais dans le cas d’espèce argue que la justice est indépendante depuis et qu’il ne peut interférer. Aucun argument n’a été avancé à ce jour par le gouvernement Nahdaoui pour justifier pourquoi  l’association salafiste autoproclamée en dehors de la loi « Promotion du bien et lutte contre le vice » (sic) a invalidé  la nomination officielle à la tête de la radio ZITOUNA, l’administratrice Dr Ikbal Gharbi et l’a délogée par la violence  sous prétexte que c’est une femme quand on sait que cette dernière est maître conférence diplômée de la Sorbonne à l’institut supérieur de théologie et spécialiste en anthropologie religieuse  Nous pouvons noter les attaques virulentes, concertées et systématiques des hauts dirigeants de ce parti et du gouvernement de tous les médias et plus particulièrement les nationaux d’entre eux, chaque fois qu’ils relèvent des dérapages pourtant flagrants et matérialisés par des faits avérés ou mettent à nu leur perfide stratégie, dans le dessein de les asservir en commençant par leur intimidation tout en les accusant d’être instrumentalisés par la gauche.

Les prédicateurs venus du Moyen-Orient instruments d’intimidation et de terreur

Le parti Ennahdha nous a habitués à mobiliser ses militants –organisés en véritables milices intérieures -à contrer toute manifestation de revendication de quelque nature que ce soit qui est hostile au Gouvernement. Il a recours maintenant au renfort des milices intellectuelles étrangères en leur ouvrant espaces publics et mosquées (censées rester neutres en tant que lieux de prière) sachant que par effraction la majorité des imams ont été remplacés par des prêcheurs inféodés au parti Ennahdha. Ce n’est pas la première visite d’un prédicateur moyen oriental invité dit–on par des associations salafistes dont les rangs ont grossi suite à l’élargissement de milliers de prisonniers de droit commun et de prisonniers politiques incluant des militants jihadistes dont certains sont rentrés d’ exil après la révolution et l’amnistie générale : Arm Khaled, le saoudien Moussa Cherif, et récemment Wajdi Ghenim qui, il faut noter, est persona non grata dans beaucoup de pays dont la Grande Bretagne pour incitation au terrorisme. Sous couvert d’invitation de la part d’associations, ils ont eu plus que la bénédiction de la part d’Ennahdha, mais une complicité active puisqu’un dirigeant de ce parti en la personne de Habib Ellouz était à l’accueil officiel du prédicateur égyptien Wajdi Ghenim et le ministre des affaires religieuses a cautionné par sa présence le meeting de près de 7000 personnes à la coupole d’El Menzah salle omnisports mise à sa disposition par le ministre des sports nommé par le parti islamiste après une longue carrière de footballeur international et un passage par Al Jazeera média qatari militant pro-islamiste.

Le scandale du prêche à la mosquée de Mahdia et l’appel à l’excision des filles.

Dans mon billet paru le 10 Août 2011 sur la perception des sub-sahariens de la révolution tunisienne: j’avais répondu à des amis Camerounais et Sénégalais qui avaient estimé que les Tunisiens seraient tombés sur la tête pour « faire le désordre » dans un si beau pays. Une vidéo (voir lien ci-dessous) largement diffusée a interpellé tous les Tunisiens et confirme l’appréhension des subsahariens où une dame tunisienne voilée a crié son horreur devant l’entrée de la mosquée de la ville de Mahdia au moment de l’arrivée du prédicateur Egyptien Majdi Ghenim encadré par des salafistes brandissant des drapeaux noirs. http://www.facebook.com/photo.php?v=293688080696022 Cette dame dit en substance : Aujourd’hui je me suis sentie étrangère dans mon propre pays, Ceci est un phénomène que je n’imaginais jamais voir; j’ai pleuré aujourd’hui notre mosquée, j’ai pleuré  nos hommes, j’ai pleuré nos djellabas traditionnelles tunisiennes (en comparaison au saroual–quamis afghan porté par les barbus salafistes), qui sont ces énergumènes ?, qu’est que c’est que cet islam auquel ils appellent ?, que sont ces drapeaux noirs ? ; Ô gouvernement réveille toi , Ô citoyens réveillez vous ; Vous êtes en train de couler, vous êtes au bord de l’abÎme !Aujourd’hui j’ai pleuré ma ville Mahdia avec des larmes de sang ; en 1966, j’étais debout ici : Une autre vue , une splendeur, Ici c’est devenu sombre et noirceur des cœurs. Dans tout le pays, les Tunisiens sont abasourdis de voir cet énergumène fanatique et rétrograde appeler à l’excision des filles arguant qu’il s’agit d’une opération esthétique (pas moins) quand on sait que cette pratique barbare de coutume pharaonique est en recul dans les pays subsahariens et est contraire à toutes les résolutions onusiennes relatives aux droits de l’enfant. M Ghenim serait-il soucieux d’égalitarisme en prônant l’excision pour les femmes pour justifier et contrebalancer la circoncision pour les hommes ? Les populations tunisiennes étaient habituées via la contamination des chaînes satellitaires militantes d’orient aux prêches populistes aux discours rigoristes, haineux et incitateurs au terrorisme (dont ceux du cheikh Karadhaoui référence spirituelle du fondateur du parti Ennahdha Rached Ghanouchi) mais avec la bénédiction du parti islamiste qui se targue de l’épithète « modéré » ils se sont lâchés dans un pays où a toujours prévalu un islam sunnite modéré. Les revendications de ces prédicateurs –prêcheurs (pêcheurs en eaux troubles) n’est sont rien moins que  ré-islamiser la Tunisie et remettre son peuple mécréant, apostat et laïc sur la voie de dieu et du véritable islam (Wajdi Ghenim tout étranger qu’il est, s’est permis de traiter les citoyens tunisiens regroupés devant la mosquée, entonnant l’hymne national, de laïcs ennemis de dieu !). L’avocate militante Bochra Bel Hadj Hmida qui a introduit une plainte officielle contre ce prédicateur et les associations qui l’on invité et a mobilisé 10 000 signatures est traitée de sioniste pour avoir dénoncé ses propos racistes contre les juifs. Le  gouvernement actuel ne pêche pas par incompétence comme cela est décrié, car le parti Ennahdha fait sciemment le dos rond et ignore toutes les récriminations de complicité parce qu’il veut pour des considérations électorales ménager sa frange extrémiste mais la Tunisie est vraiment tombée sur la tête quand on voit un militant des droits de l’homme en la personne du président Marzouki faire l’autiste devant ces dépassements et les discours incitant à la discorde et à la haine qui sont explicitement passibles de prison. Le jeu auquel joue M Marzouki est non seulement dangereux mais erroné mais peut-on être étonné quand ce « démocrate » a déclaré qu’il était favorable à l’octroi du visa au parti extrémiste « Ettahrir » qui dans sa charte appelle à la stricte application de la charia, prône le califat  et stipule farouchement son opposition à toute notion de démocratie !. D’aucuns accusent maintenant Bourguiba le laïc moderniste et certains savants tunisiens d’avoir créé le  vide par la depuis plus de mille ans le plus ancien établissement d'enseignement du monde arabe et qui a enfanté des réformateurs tel que Thaalbi, Ben Achour et Haddad dont les prédicateurs orientaux et leurs jeunes adeptes salafistes tunisiens  gagnent à s’inspirer.  

Voir photo de la manifestation du Samedi 18 -02 devant l’Assemblée Nationale Constituante.

Abderrazak LEJRI

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