Indignez-vous ! Disait-il...
S’indigner au Nom de la Protection de l’enfance
Lundi 16 Octobre 2023, il est 8h quand je dépose à l’école mon petit dernier, âgé d’à peine 5 ans. Ce matin est différent de ceux de la semaine dernière. A la grille, je lui tends son sac en lui donnant quelques consignes « Accroche-le au porte manteau, puis passe aux toilettes, ensuite tu vas dans ta classe ». Je le laisserai partir ainsi, sans pouvoir l’accompagner, ses petits yeux interrogateurs me regardant, comme une mauvaise impression de revivre la période Covid.
Ce matin-là, je suis restée à la porte sans pouvoir accompagner mon enfant parce que deux jours auparavant un assassin est entré dans un lycée, a tué un professeur, et en a blessé deux autres. Au nom de la sécurité des enfants, ce matin-là, il m’a été demandé comme aux autres parents, de laisser entrer mon tout-petit, seul, dans son école sans pouvoir prendre le temps de passer d’un « bonjour » à « un au revoir ».
Après 9h de séparation, lorsqu’il a été l’heure des retrouvailles, de nouvelles mesures ont été mises en œuvre : il fallait maintenant attendre dehors, qu’un professionnel de l’école nous ramène notre enfant pour quitter les lieux... Fini le temps où j’entrais regarder mon petit jouer, lui laissant le temps de quitter son école pour retourner chez lui. Fini ce temps qui me semblait nécessaire pour que la transition se passe en douceur, qu’il se sente respecté dans ce qu’il était en train de faire sans que je lui somme d’arrêter de suite car il était l’heure de rentrer. Fini l’occasion de prendre le temps de passer d’un « au revoir » à « un bonjour »...
Lundi 16 Octobre 2023, je dépose mon fils ainé, âgé de 12 ans, au collège. Ce jour-là, il commencera à 10h30. Pourtant ses professeurs sont présents. Mais les cours sont annulés. Ce jour-là, au nom de la sécurité des enfants, il a été décidé par nos dirigeants, d’annuler les cours pour laisser place à un temps d’informations sur ce qui s’était passé deux jours auparavant. Mon fils le savait bien, j’avais dû lui expliquer, pendant le weekend, qu’un professeur avait été tué par un homme qui était entré dans un lycée. J’avais dû l’en informer parce qu’une vidéo circulait et que je ne voulais pas qu’il en regarde les images. J’avais dû lui en parler parce que je savais qu’un temps y serait consacré en cette matinée. Le choix des mots, l’intensité des informations, la transparence sur les évènements, tout avait été pesé, entre « ne pas trop en dire pour ne pas l’inquiéter » et « en dire suffisamment pour lui offrir la possibilité de se protéger ».
Après 9h de séparation, l’heure des retrouvailles. Je lui demande comment s’est passé l’intervention de ce matin, et, au nom de la sécurité des enfants, j’entends mon enfant me raconter avec détails l’évènement de vendredi 13 Octobre. Je suis sidérée. Il me parle d’un « Islamiste » en me demandant où se trouve l’Islam, parce qu’il pensait que c’était un pays. Stupéfait, il m’a expliqué où avait pénétré le couteau, dans la gorge de ce professeur. Confus, il m’a parlé de Saddam Hussein, de ceinture d’explosifs, de Bataclan, de tours jumelles. Je l’écoute et mon cœur se sert. Je réponds à ses questions, et je rectifie. Parce que oui, j’ai dû rectifier. Parce qu’avec son discours j’ai compris que personne ne s’était assuré que ce qui avait été transmis avait été compris.
Dans la journée je reçois des mails, de l’école, du collège. La boom d’Halloween sera annulée ; le cross du collège, aussi.
2 Événements attendus depuis plusieurs semaines.
Il est 21h ce 16 Octobre, mes fils sont couchés, et je me questionne...
Non pas sur le monde dans lequel ils vivent, mais sur les décisions prises au nom de la sécurité, de la protection des enfants.
Je regarde avec amertume ce qui leur a été imposé aujourd’hui : Une séparation insécurisante et des retrouvailles expéditives pour mon petit dernier, des informations angoissantes et incompréhensibles pour mon ainé. Et aussi ce qui leur a été supprimé : des temps conviviaux entre pairs, festifs et joyeux qui contrastent avec l’ambiance pesante actuelle.
Mais où sont les instances compétentes pour mettre en sécurité nos enfants ? où sont les instances compétentes pour protéger nos enfants ?
Dites-moi ?
Où sont les professionnels de l’éducation compétents pour défendre l’idée que ce qui met en danger nos enfants ce n’est pas leurs parents qui entrent dans l’école, mais plutôt l’insécurité ressenti lors d’une séparation expéditive lorsqu’on à 3 ans ? Que ce qui est dangereux aujourd’hui c’est le climat d’insécurité dans lequel baignent nos enfants à cause de décisions qui terrorisent la jeunesse en venant raconter les atrocités qui se passent dans leur pays ? Que plutôt que de prendre des mesures dignes d’un Etat protecteur, celui-ci décide de saupoudrer d’interdiction un peuple victime ? Que ce qui est dangereux aujourd’hui c’est ce qui est véhiculé à nos enfants, le climat anxieux basé sur une potentielle insécurité de vivre simplement ? Que ce qui est dangereux c’est de laisser les êtres humains se diviser sous- couvert de concepts idéologiques différents ? Que ce qui est dangereux c’est de réduire un acte odieux à une simple conviction religieuse plutôt que de parler de la personne, de son histoire, de son vécu et de ce qui a pu l’amener à trouver des repères et de la sécurité dans des principes extrémistes et fanatiques et non pas religieux !
Pourquoi ? Pourquoi interdire les parents d’entrer dans l’école, mais leur proposer de participer aux animations organisées par la commune pour les festivités d’Halloween ? Pourquoi mettre des mesures empêchant nos enfants de vivre leur vie d’enfants insouciants ?
L’insécurité.... C’est ça que les décisionnaires nous font vivre au travers de toutes ses mesures insensées, plutôt que de nous protéger. Priver nos enfants de se sentir sécurisés par leurs parents empêchés de les accompagner. Transmettre des informations inadaptées. Imposer des règles liberticides à une génération qui ne fait que vivre dans la peur de mourir, mourir de la Covid, mourir poignardée, mourir violée, mourir kidnappée. C’est ça l’insécurité.
Comment un enfant peut se développer de façon optimale quand on sait que la peur génère du stress empêchant les fonctions cérébrales de se développer idéalement ? Comment demander à un enfant de se concentrer à l’école lorsqu’il lui est transmis qu’il pourrait risquer d’y mourir ?
Tout cela me questionne.... Tout cela me fait écho avec l’éducation traditionnelle qui prône et valorise la subordination hiérarchique où la peur est l’instrument privilégié pour obtenir obéissance. C’est tellement plus simple de terrifier pour obtenir la discipline.
Je ne comprends pas... vraiment.
Comment prôner la sécurité lorsque les décisionnaires ne sont pas en capacité de nous protéger ?
Les mesures de protection ne doivent pas être prises sur, mais, pour la population. Les interdictions ne doivent pas être à l’encontre des parents ou des jeunes, mais pour les parents et les jeunes. Il faut Agir. Agir en amont pour que ces actes-là ne recommencent plus et non pas agir en Aval dans le cas où ils se reproduiraient.
Mère qui s'indigne