Le terme « séparatisme » n’est pas descriptif mais polémique : il ne concerne jamais les catégories majoritaires mais toujours les minorités, qu’elles soient musulmanes, juives, noires ou homosexuelles – on a d’ailleurs longtemps parlé de communautarisme.
Parce que la République est conçue comme « une et indivisible », toute manifestation d’appartenance minoritaire est perçue comme une scission hostile à l’unité nationale. Cette lecture dépolitise les rapports de pouvoir : ce ne sont pas les minorités qui se séparent de la République, mais les discriminations qu’elles subissent qui les en excluent.
Ce terme vise donc à stigmatiser les identités minoritaires, et en particulier l’Islam en considérant que le fait de visibiliser cette religion, ou tout simplement de la vivre, serait non seulement une atteinte à la République mais aussi le début de la radicalisation. C’est une logique islamophobe qui se cache derrière ce raccourci.
Ilana Eloit, Études de genre, ilana.eloit@unil.ch, Université de Lausanne (Institut des Sciences Sociales - Centre en Études Genre).
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Pour en savoir plus :
https://lmsi.net/Qui-a-peur-du-communautarisme
https://lmsi.net/Etes-vous-communautaristes