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Billet de blog 14 décembre 2019

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À la peur, j'ai choisi d'oser...

Chronique de femmes - Le 18 septembre 2019 je publiais un article intitulé "Humilier une femme devant l'enfant, c'est souiller l'âme de l'enfant". Dans celui-ci, je parlais de mon calvaire, celui d'avoir été  une femme battue, prisonnière du joug d'un homme qui refusait de reconnaître son alcoolisme. Pourtant, c'est cet alcoolisme qui a tout détruit... Aujourd'hui je lance un appel...

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Illustration 1

Le 18 septembre 2019 je publiais un article intitulé "Humilier une femme devant l'enfant, c'est souiller l'âme de l'enfant".

Dans celui-ci, je parlais de mon calvaire, celui d'avoir été une femme battue, prisonnière du joug d'un homme qui refusait de reconnaître son alcoolisme.
Pourtant, c'est bien cet alcoolisme qui a tout détruit.

J'ai été violentée physiquement, psychologiquement, forcée d'avorter, menacée de mort...Bref...

J'ai accompagné cet article d'un audio-témoignage qui démontrait clairement certaines menaces et violences que j'ai subies alors que j'étais enceinte.

Je parlais aussi d'un autre combat, celui de la préservation de l'intégrité psychologique de ma fille, celle que j'ai eu avec cet homme.

Ayant reçu de nombreux chocs émotionnels lorsqu'elle était dans mon ventre durant 9 mois, elle fut en plus témoin malheureuse de nombreuses disputes entre nous, de nombreuses violences à mon égard.

Après séparation, malgré une première condamnation, celui continue pourtant de tout nier, à commencer par son alcoolisme destructeur.
Je ne parlerai même pas du négationnisme en ce qui concerne les violences qu'il m'a infligées.

Il semble qu'il ne m'ait jamais aimé non plus.

Pire...

Durant les quelques heures où il a la garde de notre fille, il tente de la retourner contre moi.

C'est dur.

Des démarches judiciaires sont toujours en cours et nous avons "rendez-vous" devant le tribunal en janvier prochain.

Comme toutes les victimes, j'ai culpabilisé, rongée par un traumatisme et une épouvante qui me hantaient.

La mort? L'idée m'a effleuré l'esprit mais la puissance de la vie incarnée par le regard et l'espoir de mes enfants l'a emporté.

Qu'avais-je fait pour mériter tout cela?

Y a-t-il une seule raison valable pour qu'un homme insulte une femme, crache sur une femme, lève la main sur une femme, lui casse des os jusqu'à l'envoyer à l'hôpital ?

Avais-je si mauvais caractère ? Étais-je si nulle, si bête comme il aimait me le dire?

...

Suite à la vidéo et à l'article j'ai reçu énormément de soutien. Beaucoup de femmes ayant subi les mêmes sévices brutaux se sont reconnues dans mon témoignage tout comme moi-même je m'étais reconnu dans le témoignage d'autres femmes.

Quelques réactions de doute quant à la véracité de mon histoire se sont aussi manifestées.
Lui-même, mon bourreau, m'a traité de menteuse à qui voulait l'entendre allant même jusqu'à  porter plainte contre moi pour diffamation.

Pourtant des preuves j'en ai... Dois-je toutes les mettre sur la place publique?

Il reste malgré tout le père de ma fille, c'est ce qui le sauve.
Contrairement à lui à mon égard, moi je ne la monte pas contre son père, bien au contraire, je la préserve.
Malgré tous les éléments accablants, je respecte la justice civile...

Et puis...J'ai rencontré tellement de personnes extraordinaires qui m'entourent aujourd'hui.
Des personnes engagées, dignes, fortes...

Le collectif les "Putains de guerrières", Adleen, Charlène, Noël, Latifa, Sofia, Sarah, Stéphane, Jocelyne, Khatidja, Amel, Caroline, Lynda-Nawel, Corinne, Laura, Sarah, Arnaud, Khady et tant d'autres...

Je demande pardon à toutes celles et ceux que je n'ai pas cités; ne m'en voulez surtout pas, je vous aime tellement.

Coucher ces lignes représente une émotion intense pour moi...

J'ai réalisé que je ne suis plus seule !

Mes nuits sont encore agitées par les fantômes d'un passé douloureux mais j'ai décidé de prendre une résolution.

En effet, À LA PEUR, J'AI CHOISI D'OSER !

Oui j'ai choisi de m'engager moi aussi, de mener le combat pour toutes celles qui souffrent de la lâcheté d'un homme, en hommage à toutes celles qui sont parties.

J'en ai marre de constater au quotidien l'inefficacité d'un système judiciaire qui ne protège pas les victimes donc je me bats.

Aujourd'hui j'ai encore peur car le père de ma fille est toujours présent mais je ne lui laisse plus le pouvoir de me dominer psychologiquement...

Il me traque, me surveille sur les réseaux sociaux, surveille celles et ceux avec qui je travaille, n'hésitant pas à les insulter et à minimiser la portée de leurs actions alors que lui-même ne fait rien pour son prochain.

Si! Il a détruit, ma vie...

D'ailleurs il lira très certainement cet article et cherchera à m'intimider encore une fois...

Désormais ni lui, ni sa famille ne pourront me faire du mal, ne pourront m'impressionner. J'irai jusqu'au bout.

JE SUIS LIBRE.

Mi-novembre j'ai lancé un appel national que je réitère au travers du présent article.
J'ai besoin d'hommes et de femmes en capacité d'accompagner les mamans se retrouvant dans l'obligation de partager la garde de leur(s) enfant(s) alors qu'elles sont protégées par la justice pénale de leurs ex-compagnons violents.

Les commissariats sont dans la réalité très défaillants. Malgré des injonctions de protection pour les mamans, l'efficience des interventions laisse à désirer...

En attendant que la justice les protège, nous devons trouver nous-mêmes des solutions de solidarité sur le terrain.

J'applique ce que je me suis appliqué à moi-même...

Que les lecteurs/lectrices de cet article qui se sentent interpellé(e)s par mon appel n'hésitent pas à m'envoyer un message privé via ce blog.

Nous voulons créer un fichier national d'accompagnement de toutes ces mamans fragiles, livrées à elle-même.

Psychologiquement et physiquement ces accompagnateurs devront être dans toute leur capacité afin d'assurer au mieux leurs protections.

Nous sommes chacun une solution potentielle pour celles et ceux qui nous entourent alors agissons.

Je vous remercie d'avance.

Laetitia Baris, présidente de la structure "Le silence plus jamais", Conseillère Nationale  "FR - Les Forces Républicaines" sur les questions du droit de la famille et de la protection de l'enfance.

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