« Les mots ont-ils encore un pouvoir face à un tel déferlement de violences, de remises en cause, de tout ce qui faisait de ce monde un espace à peu près viable, de respect des droits élémentaires »
J’écris ces mots et je me rends bien compte à quel point cette vision d’un ancien monde apaisé est faux. La guerre, la cruauté, la violence n’ont jamais cessé, l’aliénation des droits des hommes au profit de la finance a toujours été d’actualité. Ce monde est fardé d’hypocrisie, de semblant de liberté, de démocratie pour circonvenir ceux «nous » qui profitons encore d’un système de prédation mondialisé au détriment de pays et d’hommes surexploités.
Ce qui change, c’est que nous commençons à être impactés par notre mode de vie qui a prospéré jusqu’ici grâce à la colonisation et au pillage de toutes les formes de ressources terrestres. Celles-ci ne sont pas illimitées et il est hors de question pour l’élite financière de continuer à partager par ruissellement même à minima avec la plèbe une « ressource de richesse » qui s’amenuise de jour en jour.. Foin de diplomatie, de faux semblant, de paravent vertueux, le temps de la mise au pas est venu et nous allons passer d’un pays colonisateur à un pays colonisé par les nouvelles convergences des exigences internationales.
Si l’exploitation du travail salarié avec l’IA et les robots n’est plus la seule source de prospérité des richesses du capital. Notre consommation est elle primordiale. Une dichotomie travail/consommation/contrainte qu’il faut à tout prix assurer et réguler par la coercition, la violence, la peur, la répression, la manipulation, la confiscation des pouvoirs et la soumission de la liberté de la presse.
De compromission en compromission, d’aveuglement en ignorance nous restons hypnotisés par un monde qui n’existe plus, qui n’a plus que l’apparence d’un ordre mondial, qui ne tient que par la violence et le mensonge institutionnalisés. Le choc brutal de la loi du plus fort comme mode de gestion du monde, nous sidère, nous paraît encore inconcevable. Il est difficile d’admettre cette agressive réalité qui nous mène à l’abîme. Confrontés à l’unique valeur marchande de l’Homme et à l’expansion sans limite et sans contrôle de l’avidité capitaliste, nous sommes anesthésiés par l’horreur.
Notre inertie, notre incapacité à nous soulever efficacement contre l’intolérable ont fait tomber le voile vertueux de notre bonne conscience. Jusqu’à quand l’inimaginable le restera-il ? Jusqu’où notre servitude volontaire peut nous mener ? jusqu’où notre résistance peut être brisée, annihilée ? Faudrait-il un jour renoncer jusqu’à notre humanité ?
« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien... Avec un tel peuple, tu peux faire ce que tu veux. »
Hannah Arendt