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Ex-salarié et narco-syndicaliste, migrant idéologique, amoureux des langues vivantes. Singirankabo !

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Billet de blog 20 novembre 2012

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la grandeur de l'Union Européenne: la preuve par le miracle espagnol !

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Je voudrais vous parler ici de ce que j'ai vu, entendu, et lu dans la presse pendant dix jours que j'ai passés début novembre dans l'une des régions les plus sinistrées par les politiques de l'Union Européenne, l'Andalousie.
S'il est vrai qu'ils se font un peu plus discrets ces derniers temps, contexte oblige, je souhaite néanmoins dédier cet petit billet à tous les "eurolâtres", tous ceux qui, depuis plus de vingt ans nous ont sans cesse chanté les louanges de la "construction européenne", qui ont à dessein confondu l'union libre des peuples d'europe et le grand marché au service des banques et des patrons...
Ces eurolâtres qui vous insultent quand vous leur expliquez que la Commission Européenne nous emmène droit au gouffre et que le parlement européen n'a qu'un rôle au mieux décoratif, au pire de mise en place des traités!
Ils vous insultent, sans aucune retenue, et - comble de l'infamie! vous traitent de chauvin et de raciste alors même que c'est l'europe qui hérisse des barbelés autour de ses frontières et qui aggrave chaque fois qu'elle en a l'occasion la situation des étrangers "extra communautaires" selon le jargon en vigueur.
Elle est belle, votre Europe!
Pour illustrer mon propos, je voudrais donc vous parler un peu de l'Espagne, où je me suis rendu tout début novembre. .
Il y a quelques semaines, on voyait des images impressionnantes de manifestations contre l'austérité en Espagne réprimées - littéralement- dans le sang.
Il faut dire que la situation dans ce pays, qu'on présentait encore il y a quelque temps comme un des meilleurs élèves de l'Union Européenne, est actuellement des pires qui soient.
La question du jour en Espagne (mais qui dure depuis un certain temps déjà), c'est le drame des desahucios, des expulsions de petits propriétaires qui ne peuvent plus payer le crédit de leur logement acheté au prix fort il y a quelques années et qui ne vaut plus qu'une partie de son prix aujourd'hui...

(image provenant de: http://videotecaalternativa.net/el-drama-de-los-desahucios-en-espana )

Combien d'expulsions de ce type en Espagne actuellement? Selon les sources, entre 300 et 500 par jour. 300 à 500 familles foutues à la rue. Une toutes les cinq minutes, comme le dit la télévision espagnole en quête de chiffres choc.. Et comme il y a bien sûr une résistance des voisins, des proches, d'associations, ce sont des flics casqués en armure et matraques à la main qui viennent procéder aux explusions de familles... Les images sont impressionnantes.

Les logements une fois libérés sont mis sur le marché.. Et ne trouvent bien sûr pas preneur. Ce sont près d'un million de logements qui sont retrouvés vides ainsi récemment...
Gageons qu'ils vont pourrir sur place, et qu'il faudra un grand emprunt ensuite pour les rénover avant de les remettre.. en vente pour le plus grand bénéfice des banques, une fois de plus.

Pour répondre à ce drame des expulsions, le gouvernement de Rajoy n'a pas trouvé mieux que de réunir une commission qui a pondu.. un code de bonnes pratiques  pour les banques.. Et vous savez quoi? comme ce n'était qu'un texte incitatif (pensez donc! sinon on peut parier que l'Union Européenne l'aurait immédiatement retoqué!) les banques ne l'ont pas respecté. 
Il va falloir réunir une autre commission...

Le taux de chômage est à plus de 25% au niveau national - plus de 35% dans certaines régions comme l'Andalousie et un espagnol sur cinq vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.. 
Les jeunes retournent habiter chez leurs parents, des gens retirent leurs parents dépendants de maisons de retraite qu'ils ne peuvent plus payer et les hébergent chez eux - dans des conditions de vie des plus précaires.

La TVA a augmenté, de même que les autres taxes (notamment sur le tabac) et l'économie tourne au ralenti-tout comme le marché immobillier, bien entendu.
Mais plus éloquent encore pour évoquer le fonctionnement de tout ce système... Il y a exactement 3 ans en Espagne, lors de mon dernier séjour, l'ancien premier ministre "socialiste ouvrier" (encore plus cyniques, les socialistes là bas..) Zapatero avait mis en oeuvre un grand "plan de relance" pour soi disant remettre en route l'économie (déjà) sinistrée.. On n'en était qu 'au début de la crise.
A coups de milliards, il avait donc lancé des grands travaux - l'Andalousie avait bénéficé de 18% des sommes allouées par Madrid.
Et je me souviens à l'époque, c'était en novembre 2009 donc, avoir vu en effet des ouvriers s'affairer à refaire les routes, les canalisations, les trottoirs...
Par un étrange hasard, il se trouve que c'est trois ans après qu'on s'aperçoit que ce fameux plan de relance, qui a du coûter bonbon aux contribuables, a été la plupart du temps une grosse distribution de pognon entre copains et coquins. Je parle là de l'Andalousie mais nul doute qu'il doit en être ainsi dans beaucoup de "communautés autonomes"...
Ainsi, en Andalousie, si des entrepreneurs locaux se sont enrichis grâce à ce plan de relance, et ont probablement arrosé comme il se doit les hommes politiques locaux (une grande tradition en Espagne, mais je ne pense pas qu'on soit beaucoup en reste en France dans ce domaine...) des études ont montré que c'était surtout.. un grand gaspillage et l'objet de moulte corruption...
Certains projets, notamment des "maisons des services publics", devant être réalisées (en fermant d'autres structures, à l'instar de ce qui se fait en France) ont été de véritables fumisteries, avec des délais de livraisons multipliés par deux ou trois, et des constructions au final de très mauvaise qualité.. Mais, surtout, ce dont on s'aperçoit aujourd'hui, c'est que ce fumeux plan de relance n'a pratiquement pas créé un seul emploi , ce pourquoi il avait été décidé à l'origine...
Aujourd'hui, plus peut être qu'il y a 26 ans lors de l'entrée de l'Espagne dans l'UE, ce sont de nombreux jeunes espagnols qui quittent leur pays, qu'ils jugent sans avenir, pour aller tenter leur chance ailleurs. En France, en Angleterre, en Suisse.. au Canada.

 Sources: télévision espagnole, EL Pais, El Mundo, (quotidiens nationaux avec éditions régionales) El Jueves (hebdomadaire satirique national)

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