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Billet de blog 1 décembre 2023

Spécialistes de l’enfance, nous appelons à un cessez-le-feu immédiat à Gaza

Chercheuses, chercheurs, étudiants et étudiantes spécialistes de l’enfance, nous appelons à un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Alors que la trêve fragile a pris fin ce matin, cet appel pour un cessez-le-feu durable reste d'actualité et plus urgent que jamais!

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Universitaires et étudiant.e.s spécialisé.e.s dans l’étude des enfants et de l’enfance, nous appelons à la cessation immédiate du génocide israélien soutenu par l’Occident à Gaza et à la violation flagrante des droits des enfants palestiniens.

Pour beaucoup d’entre nous, l’entrée dans ce domaine d’études était motivée par le désir d’améliorer les conditions de vie matérielle, sociale et politique des enfants du monde entier. Nous ne pouvons donc pas rester les bras croisés alors que la situation à Gaza continue de se détériorer en raison des bombardements israéliens, menés avec des armes fournies par les puissances occidentales ; l'évacuation forcée de plus d'un million de personnes par les forces de défense israéliennes ; et la privation de nourriture, eau et carburant par l’État israélien. Cela s’ajoute à 75 années d’occupation coloniale en Palestine et à 17 années pendant lesquelles Gaza n’a guère été plus qu’une prison à ciel ouvert. Combinés, cela a créé des conditions de vie des plus atroces que l’on puisse imaginer pour la population civile de Gaza, dont près de la moitié sont des enfants. 

Les enfants perdent la vie, leurs avenirs et leur capacité à respirer. Au moment où nous écrivons, plus de 7 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont près de 3 000 enfants, et plus de 16 000 ont été blessées depuis qu'Israël a lancé son attaque sur le territoire assiégé le 7 octobre. Selon Defence for Children International, plus de 100 enfants sont tués chaque jour, soit 1 enfant toutes les 15 minutes. Beaucoup d’autres comptent parmi les blessés et orphelins. Comme l’a souligné le chirurgien anglo-palestinien Ghassan Abu Sitta, l’hôpital Al Shifa a dû créer la catégorie des « enfants blessés sans famille survivante » étant donné leur grand nombre parmi les personnes soignées par l’hôpital. Il a expliqué que les enfants sont opérés sans anesthésie et sans aucun accompagnement, les laissant dans un état d’ « hébétude » et de vide total. Les enfants de Gaza écrivent leur nom sur leurs bras afin que leurs corps puissent être identifiés s'ils étaient tués.

 Nos recherches auprès des enfants ont montré que l’occupation coloniale, la violence d’État et le terrorisme constituent une menace réelle à la stabilité physique et psychosociale des enfants. Nos recherches exposent les effets à long terme des expériences de guerre et, à Gaza, elles révèlent le traumatisme cumulatif en cours et ses effets sur le bien-être et la santé émotionnelle, mentale et physique des enfants. Il n’y a aucune justification morale possible à la poursuite de cette brutalité qui entraînera de multiples traumatismes, les blessures et la mort de milliers d’enfants supplémentaires. Ces blessures et ces décès sont évitables. C’est un choix, et nous appelons celles et ceux qui ont le pouvoir et qui peuvent agir pour sauver la vie de ces enfants à le faire. Mettre fin à cette guerre génocidaire MAINTENANT est crucial pour la survie et le bien-être des enfants.

 On pense souvent que si des enfants sont la cible d’un massacre approuvés par un État, de famine organisée et de spoliation, les auteurs de ces actes seront immédiatement condamnés. Comme ils devraient l'être, dans l’ordre des choses. Pourtant, toutes les vies ne sont pas traitées de la même manière. Le manque d’attention aux épreuves terrifiantes auxquelles sont confrontés les enfants palestiniens renforce leur épuisement psychique et physique ainsi que leurs traumatismes, et contribue à leur déshumanisation en minimisant leurs souffrances et leurs morts. Les enfants palestiniens ont des noms, des familles, des histoires et des rêves, mais ils sont confrontés à des brutalités mondiales et locales qui les réduisent à des nombres anonymes. En tant qu’universitaires et étudiant.e.s de l’enfance, nous affirmons qu’aucun enfant ne devrait être soumis à une mort violente, à des blessures ou à la famine, peu importe d’où il vient. Nous affirmons : la vie des enfants palestiniens est précieuse.

Les conséquences intolérables du génocide à Gaza n’affectent pas seulement les enfants, mais aussi leurs parents, grands-parents, proches et voisins adultes. Protéger et soutenir les enfants signifie également protéger et soutenir les adultes qui font partie de leur vie. La disponibilité d’un soutien émotionnel pour les enfants – notamment de la part de la famille, des amis et des voisin.e.s – peut soulager les « blessures intérieures ». Mais la vie des adultes palestiniens n’a pas seulement de l’importance parce qu’ils s’occupent des enfants. Nous disons : toutes les vies palestiniennes sont précieuses.

Nous soutenons donc l’appel à une action immédiate de la population de Gaza pour :

  1. Un cessez-le-feu immédiat.
  1. La restauration urgente de l’approvisionnement en eau, nourriture, carburant, matériel médical et de l'aide humanitaire.
  1. La protection immédiate des établissements médicaux et de santé mentale et l’annulation des ordres d'évacuation illégaux et inhumains des hôpitaux.
  1. La facilitation du passage en toute sécurité des blessés et des personnes gravement malades.
  1. L'ouverture des postes-frontières pour celles et ceux qui cherchent à évacuer et permettre l'entrée des équipes médicales et de secours.

Nous soutenons les appels émanant de la Palestine et d’Israël en faveur d’une solution politique à long terme, fondée sur la fin de l’occupation actuelle de la Palestine et du régime d’apartheid israélien.

Nous soutenons les appels mondiaux à la libération immédiate des civils, y compris les 500 à 700 enfants palestiniens arbitrairement détenus par Israël chaque année et les enfants retenus en otages par le Hamas.

Nous nous engageons à agir partout où nous sommes en :

  • Exigeant que nos gouvernements fassent pression de toute urgence et activement pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, de manière publique sur la scène internationale et dans le cadre de leurs discussions bilatérales avec Israël.
  • Demandant à Israël, à nos gouvernements locaux et nationaux ainsi qu’aux associations, à la communauté internationale et au Hamas de défendre les droits des enfants touchés par les conflits armés, comme le prévoient les Conventions de Genève et l'article 38 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.
  • Combattant la déshumanisation des enfants et des adultes palestiniens, partout où nous y sommes confrontés, que ce soit dans nos écoles, nos universités, nos médias ou nos communautés.
  • Exigeant la libération immédiate des enfants palestiniens arbitrairement détenus et des enfants retenus en otages par le Hamas.
  • Dénonçant la complicité de nos gouvernements pour permettre au génocide israélien à Gaza de se poursuivre sans relâche.
  • En étant solidaires avec les organisations et les individus œuvrant pour une paix juste et durable en Palestine/Israël, y compris celles et ceux qui ont été menacés et harcelé.e.s pour avoir exprimé leur soutien à la Palestine.

26 octobre 2023.

Appel original en anglais 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.