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Billet de blog 15 avril 2015

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Lettre à Eugene

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lettre à Eugène,

Ils sont revenus.

Voilà des décennies qu’on les croyait partis, ou enfermés dans des  enclos loin du regard et de l’attention des hommes. Mais petit à petit la maladie a repris le dessus, est sortie de ces recoins sordides ou elle attendait patiemment son heure. Mais n’était-ce pas pour nous bercer de douces illusions, nous laisser nous enliser pour qu’au moment fatidique nous ne puissions réagir.

Ils sont revenus.

Contaminant, lentement, toutes les couches de la société, les peaux s’épaississent, afin de faire frontière avec le sentiment d’autrui, elles deviennent une lime au-delà de laquelle on ne pourra plus aller. Une barrière pour s’abriter des temps rudes, mais qui rends les sensations plus lointaines, presque indiscernables.  Jusqu’à confondre « se protéger » et « se couper du monde ». 

Ils sont revenus.

Les peaux deviennent grises, pour mieux nous faire croire que les idées ne sont pas noires, pour nous convaincre que le compromis est une solution acceptable. Pis encore, qu’abandonner son voisin pour sauver son confort est la bonne façon de penser. Que rien n’est ni noir ni blanc, que l’on doit accepter l’inacceptable en vue d’un avenir meilleur. Est-il désormais interdit de penser que renier ses principes ne peut qu’entrainer inexorablement la renonciation de ses idéaux ? Mourir debout vaudra, toujours mieux que de vivre à genoux, et finalement la vie n’est pas à ce point précieuse qu’on ne peut refuser de la risquer pour une belle idée.

Ils sont revenus.

Et voilà qu’on entend dans les rues le pas cadencé de l’armée des idées sectaires et sécuritaires, dont le brouhaha étouffe les cris de liberté.

Tu n’es plus là, et tout cela te ferais peut être sourire, et après tout moi aussi, mais j’ai peur. Oh ! Je ne les crains pas, mais j’ai si terriblement peur de voir ma peau s’épaissir, de devenir un homme de ce temps, et donc plus tout à fait un homme.

Il ne reste plus qu’à espérer, qu’à attendre, peut-être, un nouvel Ionesco, de nouveaux poètes, de nouveaux rêveurs, qui refuseront de gérer le monde, mais qui le rêveront.

Ils sont revenus, les Rhinocéros …

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