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Billet de blog 22 mars 2017

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Pourquoi la Vertu est-elle nécessaire en démocratie ?

De l'esprit des lois à aujourd'hui ...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour le comprendre, il nous faut nous référer, en premier lieu, au chapitre 3 de De l’esprit des lois de Montesquieu. Il y écrit ceci :

« Il ne faut pas beaucoup de probité pour qu'un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique se maintiennent ou se soutiennent. La force des lois dans l'un, le bras du prince toujours levé dans l'autre, règlent ou contiennent tout. Mais dans un état populaire, il faut un ressort de plus, qui est la VERTU.

Ce que je dis est confirmé par le corps entier de l'histoire, et très conforme à la nature des choses. Car il est clair que dans une monarchie où celui qui fait exécuter les lois se juge au-dessus des lois, on a besoin de moins de vertu que dans un gouvernement populaire où celui qui fait exécuter les lois sent qu'il y est soumis lui-même et qu'il en portera le poids.

Il est clair encore que le monarque qui, par mauvais conseil ou par négligence, cesse de faire exécuter les lois, peut aisément réparer le mal : il n'a qu'à changer de conseil, ou se corriger de cette négligence même. Mais lorsque, dans un gouvernement populaire, les lois ont cessé d'être exécutées, comme cela ne peut venir que de la corruption de la république, l'Etat est déjà perdu.

Quand Sylla voulut rendre à Rome la liberté, elle ne put plus la recevoir : elle n'avait plus qu'un faible reste de vertu; et comme elle en eut toujours moins, au lieu de se réveiller après César, Tibère, Caius, Claude, Néron, Domitien, elle fut toujours plus esclave : tous les coups portèrent sur les tyrans, aucun sur la tyrannie.

Les politiques grecs, qui vivaient dans le gouvernement populaire, ne reconnaissaient pas d'autre force qui pût le soutenir que celle de la vertu. Ceux d'aujourd'hui ne nous parlent que de manufactures, de commerce, de finances, de richesses, et de luxe même. Lorsque cette vertu cesse, l'ambition entre dans les cœurs qui peuvent la recevoir, et l'avarice entre dans tous. Les désirs changent d'objets : ce qu'on aimait, on ne l'aime plus ; on était libre avec les lois, on veut être libre contre elles ; chaque citoyen est comme un esclave échappé de la maison de son maître ; ce qui était maxime, on l'appelle rigueur ; ce qui était règle, on l'appelle gêne ; ce qui était attention, on l'appelle crainte. C'est la frugalité qui y est l'avarice, et non pas le désir d'avoir. Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. La république est une dépouille ; et sa force n'est plus que le pouvoir de quelques citoyens et la licence de tous. »

La Vertu n’est pas un artefact de la démocratie, elle en est le socle sans lequel il est impossible de bâtir une société juste et équitable pour tous. Les affaires Fillon, Le Pen, Leroux, démontrent avec force que la caste politique française s’est perdue. On aurait trop vite pensé que ces maux viennent de l’architecture de la Veme République, c’est avant tout une histoire d’hommes et de femmes ayant cédés aux bassesses de l’âme.

Néanmoins, notre constitution actuelle repose, vis-à-vis des politiques, sur la confiance. Un homme comme le Général De Gaulle n’aurait sans doute pas pu imaginer que le système qu’il a mis en place puisse être dévoyé par ceux qui sont censés représenter le peuple. Après tout, pourquoi s’encombrer d’un système contraignant de contrôle des dépenses publiques par les députés si l’on considère que chaque élu à l’éthique d’un De Gaulle ?

Malheureusement, nous ne pouvons que constater aujourd’hui, que sur ce point le grand homme s’est trompé (sur d’autres aussi mais ce n’est pas le sujet du jour). Si nous ne voulons pas voir notre patrie sombrer dans un despotisme, qu’il soit de la finance ou du sectarisme, il nous faut dès maintenant mettre en place de nouveaux outils, d’une part pour être mieux représenté et d’autre part pour que le peuple ait un contrôle sur ses représentants.

Pour cela, la seule solution est de changer la constitution, mais une nouvelle constitution ne doit pas être écrite par ceux qui ont déjà tant abusés de l’ancienne, seul le peuple pourra le faire, si il s’en donne les moyens.

Aussi pour toutes ces raisons, le 23 avril et le 7 mai, il faudra choisir le seul candidat qui fait cette proposition : Jean-Luc Melenchon.

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