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Billet de blog 3 février 2011

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Le libéralisme n'est pas responsable de la crise

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"Une dérive ultralibérale de l'UMP serait une mauvaise idée : parce que la crise a montré les limites de cette doctrine et parce que la droite, en France, ce n'est pas cela"

Signé Laurent Wauquiez, ministre des Affaires Européenne, UMP

Question : Le libéralisme est responsable de la crise ?

Commençons par définir ce que serait une politique libérale en France en 2010. On aurait

- une baisse et une simplification des impots

- un budget voté en equilibre donc une forte baisse des dépenses publiques

- moins de lois votées au parlement

- la dérégulation de toutes les mesures qui empèchent les marchés de fonctionner

- la liberté de faire gérer par qui on veut les prélévements sociaux obligatoires, ou le salaire complet

La crise c'est quoi ? Le gouvernement agit, dit-il, mais contre quoi ?

Rappelons l'enchainement qu'on nous présente. En septembre 2008, Lehman Brothers fait faillite, suite aux excès de la finance, du coup les Etats sont en difficulté car ils ont dû renflouer les banques, et les gens paient le contrecoup car le chômage explose. Est ce bien la vraie séquence ?

En fait, pas exactement.

Déjà, la crise a commencé le 8 Février 2007 quand HSBC lance le premier "profit warning" de son histoire et indique que les impayés de crédits immobiliers à haut risque amputeraient de 10,5Mds$ ses bénéfices annuels. Le 8 mars 2007 : New Century Financial Corporation, deuxièmes établissement de crédit américain spécialisé dans les subprimes, a indiqué qu'elle n'acceptait plus de demande de crédit, ne pouvant se refinancer. Enfin, en Juin 2007, Bear Stearn a renfloué deux énormes fonds. La crise a commencé quand, en réalité, l'immobilier a cessé de monter aux Etats Unis en 2007. Et l'immobilier a monté entre 2001 et 2007 parce que les banques etaient incitées (par le gouvernement) à vendre du subprime ainsi que du fait que la Fed a inondé les US d'argent à bas cout pour lutter contre le 9/11. La crise est donc à la fois une fin de cycle et le résultat de perturbations d'interventions politiques.

La crise "est arrivée" en France en Aout 2007. Mais à cette date, nous étions déjà à 8% de chomage et à 40 milliards d'euros de déficit budgétaire (2.7% du PIB). La Sécurité Sociale, elle, était à 9.5 milliards de deficit. Si avant 2007, ca n'était pas la crise, on ne peut pas dire que la situation était brillante.

Alors que la France était en croissance économique (cf ci-dessous), nous n'étions pas capable d'équilibrer notre budget (cf ci dessus).

On pourrait se dire : c'est pas grave. Le deficit sert à alimenter la croissance. Sauf qu'en 2009, nous étions en déficit record ET en récession. C'est simple. Entre les plans de relance européens et américains, on a dépensé sans compter.

Dette au sens de Maastricht des administrations publiques en point de PIB

source Insee

Le plus drole, au niveau du débat politicien, qui se résume à un peu d'ultra interventionniste (Wauquiez et l'UMP) ou encore plus d' ultra interventionniste (le Parti Socialiste) , c'est qu'il existe un consensus sur la dette publique. Rappelez vous. En Janvier 2009, le Parti Socialiste a dit Le plan de relance annoncé le 4 décembre par Nicolas Sarkozy est « insuffisant et inadapté. Le PS proposait de creuser le déficit de 50 milliards et non pas de 26. En Juillet 2010, le PS dénonçait les deficits (ceux qu'il proposait de creuser un an plus tôt). Et maintenant, ils discutent de politique de relance en 2012.

Keynes a défini la relance (par la demande). Cela consiste à utiliser la capacité de l'Etat à gérer temporairement du déficit pour créer de la demande notamment par des grands travaux. Chacun peut le constater, nous sommes donc de facto en "relance keynesienne" depuis des années, et le pouvoir actuel n'a pas de politique économique différente de celle des ses prédecesseurs. Autrement dit, puisque nous sommes en crise en France en 2010, ca n'est pas de la faute du libéralisme.

Alors du coup, rassurons Laurent Wauquiez et formulons une crainte teintée d'espoir. Non, l'UMP n'est pas menacée de dérive ultra-libérale, et le libéralisme n'a pas montré ses limites, ni même le début de commencement d'application. Le poids de l'Etat sur l'économie française a continué à s'accroitre. Chacun, à part le ministres financés par des hedge funds londoniens comme Laurent Wauquiez a pu constater que les impots ont explosé en 2009 et 2010, mais que la dette publique ne s'est pas résorbée pour autant.

Tant sur le plan économique que sociétal, que Laurent Wauquiez se rassure. L'UMP se raidit. Ils auraient tort de faire autrement, puisque les sondages montrent que 47% des electeurs UMP pensent que la leader du FN a de « bonnes idées pour la France ».

Il reste un dernier petit service à demander au Ministre des affaires Européennes : celui de convaincre ses collègues UMP de sensibilité libérale de quitter leur parti et de rejoindre Alternative Libérale et la confédération centriste, afin de soutenir en 2012 un ticket libéral démocrate et centriste comme Hervé Morin / Louis-Marie Bachelot.

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