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Billet de blog 22 avril 2009

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Let's make money : une ode involontaire aux theses d'Alternative Liberale

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le mouvement altermondialiste est régulièrement alimenté en films ayant la prétention de faire comprendre à quel point le libéralisme est le problème.

Let's make money, de Erwin Wagenhofer; est l'un de ces petits livres rouges du XXIeme Siecle.

En 1h47, et au terme d'un bilan carbone désastreux (on passe du Burkina Faso à l'etat du Tamil Nadu, en passant par la Costa Brava, la Ruhr, la Floride) Wagenhofer tente de montrer que le nord applique des politiques économiques qui non seulement aboutissent à une exploitation du Sud, mais aussi à une menace pour la cohésion sociale des pays Européens.

En effet, Wagenhofer utilise les termes du commerce inégal, de la cupidité des financiers, du non respect de l'environnement, de l'existence des paradis fiscaux pour démontrer que le neo liberalisme aboutit à la catastrophe : crise écologique, crise sociale, crise financière également.

Rien n'est moins sur.

D'une part, le point de vue de Wagenhofer est parfaitement partiel. N'étant pas français, Wagenhofer a échappé à l'abus du plan thèse-antithèse-synthèse. Ca n'est pas un mal. Mais la ou le bas blesse, c'est que le spectateur est directement confronté à une situation absurde (appartements vides en Espagne, que les "jeunes ne peuvent se payer"), a priori révoltante (un patron capitaliste pur et dur autrichien visite son usine en Inde et affirme qu'il faut mettre la pression sur les salaires), ou inquétante (un patron burkinabé de PME menace l'Europe d'invasion si les Européens ne leur viennet pas en aide).Nulle part ne sont visibles les contreparties de ces situations.

D'autre part, Wagenhofer prétent finalement faire décrypter l'économie par des politiciens (les ministres de Jersey ou le député socialiste allemand), des écrivains activistes (John Perkin) et des sociologues.

Ces deux points sont criticables.

Dejà, on peut se demander, quitte à "chercher des explications" pourquoi aucun des exemples cités n'est assorti de comparaisons. La bulle espagnole est peut etre le fruit de l'investissement débridé de mutual funds incompétents. Mais la croissance espagnole des dix dernieres années, le boom effectif de la construction et son effet d'entrainement n'a t il pas eu d'impact positif réel sur la vie des Espagnols ? Montrer des villages vacances, vides, hors saison, a t il du sens ?Un peu comme si on filmait le Parc du Chateau de Versailles un lundi matin de Novembre et qu'on venait à la conclusion que l'Etat francais a fait un bien mauvais investissement.

Du particulier, on passe au général. Mirko Kovatz, le patron autrichien, est il représentatif du patronat occidental ? Peut etre, peut etre pas. Le film tout seul ne permet pas de s'en rendre compte.

De manière plus globale, Wagenhofer maintient toujours le flou, comme Michael Moore, au sujet de la frontiere entre reportage, documentaire et film, avec tout ce que cela suppose de mise en scene. J'ai par exemple mal à croire que deux femmes burkinabées (dans le film, les burkinabés deviennent les Africains, comme si le Burkina Faso était représentatif de l'Afrique) puissent "appeler à l'aide" les Européens qui verront le film de manière spontanée.

Au sujet de la seconde remarque, a t on demandé à des économistes de l'energie, à des sociologues ou meme à des ministres d'expliquer Tchernobyl, un phenomene dont seuls des physiciens sont a priori en mesure de donner une explication ? demanderait on à un économiste de la santé ou à un sociologue spécialisé sur l'etude du corps médical d'expliquer telle ou telle épidémie ? Non. Leur apport serait interessant mais en complément de l'explication primaire. Du coup, faire expliquer le phenomene du sale & lease back de tramways à une personne autre qu'un banquier semble un peu bizarre.

Il n'y a pas un probleme evoqué dans le film qui ne reponde a une problematique du type probleme de regulation des marchés, en realite.

Neanmoins, au final, le film a une un intéret inattendu : il est une ode au libéralisme. En effet, Wagenhofer souligne que le commerce mondial de matières premieres agricole est entravé par les subventions massives que les agriculteurs Européens et Etats Uniens recoivent. Une conclusion s'impose. Il est temps que les politiciens des Etats Unis et l'Europe s'appliquent à eux memes le libéralisme qu'ils imposent au reste du monde depuis la fin des années 70. Et il est également temps que les Européens, qui ont bénéficié du libéralisme économique et social durant les 30 Glorieuses et meme partiellement au dela, diffusent les bonnes pratiques plutot que de fermer la porte . Il est donc temps pour une autre Europe. Une Europe Liberale.

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