L’angoisse.
L'angoisse, ça te prend le diaphragme.
Ça te le contracte. Ça commence par là.
Tellement que ta respiration n’est plus qu’une lutte,
que seul le haut de tes poumons peut gagner.
Tellement que ton estomac n’est plus qu’un poing serré,
et que tu ne peux pas digérer.
Tellement que quand tu essayes de masser cette zone,
elle est dure comme de la pierre et te fait un mal de chien.
Tellement que t’en as mal aux cervicales,
et des contractures dans le dos.
L’angoisse est quotidienne.
C’est ta croix à porter, à toi,
quand tu es une victime de viol.
C’est ton corps qui te dit que ce trauma est toujours là,
et que tu dois encore bosser dessus.
C’est une des nombreuses expressions du stress post-traumatique.
L’angoisse est sournoise.
Elle peut surgir même quand tu passes un bon moment.
Elle est énergivore.
Tu dépenses deux fois plus d’énergie qu’une personne “saine”,
pour faire exactement les mêmes choses.
Elle est tabou.
Parce que c’est de ta faute si TU ne sais pas gérer ton stress.
Parce que c’est ta faute si “tu n’arrives pas tourner la page”.
Parce que les anxiolytiques sont pour les faibles.
Alors tu t’habitues à vivre dans la dualité.
Entre la torture à l’intérieur et le sourire que tu offres aux autres.
L’angoisse c’est cette envie de planter tes ongles,
et toute la longueur de tes doigts dans ton plexus solaire,
de les enfoncer jusque sous tes côtes,
pour pouvoir étirer ton diaphragme,
et être enfin soulagée,
être enfin normale.
J'ai écris ce texte à l'occasion de ma participation au documentaire photographique Une sur Trois de Juliette Dupuis Carle.
"En référence à la statistique mondiale qu’une femme sur trois, dans sa vie, va être victime de violences sexuelles, la série Une sur Trois présente, grâce à la photographie, les symptômes post-traumatiques que ces agressions peuvent avoir comme impacts sur une vie.
À travers son objectif, la photographe Juliette Dupuis Carle veut donner la parole aux corps et aux âmes, de femmes victimes de violences sexuelles. Grâce à l’art, elle souhaite exprimer leurs maux et leurs peurs. Montrer avec l’Art et la douceur, les douleurs quotidiennes, cachées et trop souvent mises sous silence alors qu’elles sont vécues par, au moins, une personne sur six.
Il s’agit aussi de faire comprendre aux personnes isolées qu’elles ne sont pas seules et que ce qu’elles vivent est normal. Aider ces personnes à survivre face aux violences vécues et permettre de construire une société sans ces violences."
Pour y retrouver mon triptyque, voici les informations concernant l'exposition :
Horaires de l’exposition :
Du mercredi 9 au dimanche 20 mars 2022
Tous les jours de 10h30 à 19h sauf le lundi 14 mars
A l'espace Beaurepaire :
28 rue Beaurepaire
75010 Paris
Des rencontres et conférences seront organisées chaque soir avec en invités des associations françaises de lutte contre les violences faites aux femmes.
https://www.unesurtrois.org/
https://www.espacebeaurepaire.com/?p=5502