Pascal Obispo et Christophe Barratier proposent La comédie musicale « Jésus de Nazareth » au Palais des Sports, Porte de Versailles à Paris jusqu'à fin décembre. J'imagine qu’il n’y a que les vielles schnoks dans mon genre pour se souvenir que c’est déjà la seconde fois qu’un spectacle sur ce thème est dans la place. Le premier était plutôt du genre théâtre avec distribution de pains aux spectateurs, interactions permanentes avec le public et était un truc de Robert Hossein.
Je suis agnostique mais ma grand-mère, non, paix à son âme et je n‘ai donc pas coupé au premier Jésus du Palais des Sports. « Tu verras c’est pour ta culture générale ! » . Moralité je ne me souviens de rien sauf que je n’avais rien bouffé et que ça m’avait mise fort en colère « Mais Adeline c’est pour expliquer la notion de partage ma chérie ! » J’t’en foutrais moi du partage !!…Le message était déjà fort clair, vu que je n’avais rien eu.
Par contre, force est de constater que les arguments de Mike à mon égard sont tout à fait différents. D’une part c’est un ami que j’adore et d’autre part il me fait craquer (ne lui dîtes pas please, on ne sait jamais… après "Jésus" je compte lui proposer un truc génial du genre « Mes amours avec une vielle Schnok », mais j’ai du mal à trouver un prod)
Mike Massy, le rôle-titre, est libanais, de même que Crys Nammour qui interprète Marie Madeleine (celle qu’on veut lapider mais Jésus dit que ce n’est pas correct et truc incroyable : ça marche !) (Ça c’était avant…haram) Voilà que je me mets à parler en arabe. C’est plus fort que moi.
Bon eh bien disons-le clairement, moi ce qui m’a plût dans ce spectacle c’est qu’il était très à l’image de ce que j’aime dans l’Orient : son immense pudeur et sa soif de modernité.
Evidemment on est quand même au Palais de Sports hein ! Y’a pas de philanthropie non plus…On arrête pas de vous bondir dessus pour vous refiler le programme, vous pouvez repartir avec la mug, le Tee shirt, le disque et même un selfie avec Ponce Pilate ou la dame qu’il ne faut pas lapider (voire Jesus himself, si vous avez la patience…). En plus c’est une comédie musicale, pari audacieux parce que Marie (c’est la mère du héros) version comédie, c’était pas gagné si vous voyez ce que je veux dire…
Et puis y’avait le problème des miracles.
Difficile à gérer le miracle, à l’heure où La Syrie souffre encore beaucoup, où Israël n’en finit pas d’être furieux et où le Liban aimerait que ses voisins se calment ne serait-ce que deux minutes (en particulier son lointain voisin d’Arabie Saoudite, qui est tout sauf cousin, mais bien emmerdant c’est tout ce que je peux dire). Donc le truc des miracles : Comme remarquait ma voisine un rien déçue… « Ils n’y vont pas fort sur les poissons ». Oui parce que Jésus à un moment de sa vie, il est censé avoir transformé un ridicule petit poisson en un marché à la criée en un simple battement de cil. Je vous dis ça : je n’y étais pas et vous non plus. En fait c’est un peu le problème du miracle : on y croit ou pas, parce que ceux qui y étaient ne peuvent que raconter…
Il ne me semblerait pas dénué de sens de faire remarquer à ce stade, que c’est d’ailleurs un peu le problème de toutes les religions : on y croit ou pas, c’est du domaine de la croyance…et ce pauvre Orient qui s’en tape trois (et pas les plus calmes !) sur un périmètre réduit, n’en finit pas d’avoir à résoudre l’équation : Comment calmez le monde entier sur un sujet qui dépend de la croyance et donc, de l’émotif aussi.
Ça pour ce qui est de l’émotion, les vigiles étaient formels : le spectacle Jésus de Nazareth est un vrai succès. « Vous comprenez la ferveur Madame, ce n’est pas rien. On a des gens qui tombent en transe tous les soirs avec la musique, les chants, les lumières, leur foi et puis l’exaltation du groupe - c’est toujours très rationnel un vigile de salle de spectacle – On a des gens qui s’allongent par terre, d’autres qui se mettent à danser devant la scène et ça gène le bon déroulement des séquences, d’autres qui engueulent les comédiens en plein milieu du spectacle ! Faut gérer… Ecore hier il y a un monsieur qui ne voulait pas partir de la salle et je n’ai toujours pas compris pourquoi : voulait-il engueuler Jésus ou embrasser Marie ? Mystère ! Il demandait à voir de toute urgence les producteurs…Faut Gérer… »
C’était vrai ce qu’il disait le bonhomme, parce que pendant que je faisais le pied de grue sous la pluie pour embrasser Mike Massy qui est mon pote mais qui n’en peut plus de ce rythme de ouf (le samedi, deux spectacles et la croix est fort lourde dit-il) il y a une dame qui s’est rapproché de Ponce Pilate (Solal, dont la voix n’a pas remué que mes croyances) et qui lui a dit : « Et vous êtes de quelle religion vous ? » « J’ai été élevé dans le catholicisme » a répondu Ponce Pilate, tout sourire (bien que l’œil trahissant qu’il l’a voyait venir…) « Et ça ne vous gêne pas d’avoir le rôle du salaud ? » et Paf dans la gueule !!!! Ponce Pilate, qui n’est pas le genre à se laisser prendre à ce genre de compliment un peu abrupt, a répondu « Ben non au contraire regardez, je suis tous les soirs avec Jésus ! »
Un ange a passé et surtout là Mike est arrivé et la foule sous la pluie a brandit e-phones , stylos et disques en hurlant. J’ai compris qu’on était pas rendu quand Jesus a dit à une dame avec son sourire craquant (je vous ai dit que je n’étais pas objective sur ce mec) « Mais passez moi donc votre téléphone chère Madame, on pourra faire la série de selfies plus vite et vous serez plus à l’aise avec votre parapluie »
Il fait fort mon pote !!!
Enfin beaucoup de blablas pour vous dire qu’il faut aller voir le voir, non parce que c’est mon pote, mais parce que le spectacle est épatant : on y danse le dabké, Ponce Pilate chante mega top, Marie est quasiment crédible (alors qu’on est d’accord, cette histoire de grossesse reste assez obscure à mes yeux), la mise en scène avec des films , des panneaux magnifiques et une sobriété quasi biblique est très intelligente et enfin tout le monde danse très bien, très synchro et très tonique , même les salauds de grands papadums juifs, (ceux qui font alliance avec Ponce Pilate) alors qu’ils ont pourtant une barbe jusqu’à la ceinture et « l’air pas commode », aurait dit ma grand-mère.
N.B: je ne sais pas trop "ce qu'est la bonne nouvelle" (air que tout le monde chante gaiement quand le rideau descend), mais je sais que pour moi , c'etait de voir brandi le drapeau du Liban par Mike à la fin du spectacle (un cadeau donné en direct par des groupies libanaises exhaltées!) devant cette foule en liesse alors que ce pays que j'adore, traverse une pèriode de merde où son premier ministre le met , de plein gré ou non, dans une situation de fou et que sa présidence repond comme un vieux monsieur sans grand pouvoir ni talent d'orateur, ce qui n'est jamais marrant à réaliser pour un citoyen honnète.
COURAGE AUX LIBANAIS! MON RESPECT AUX LIBANAIS. ET SURTOUT SOLIDARITE AVEC LE LIBAN (qui a eu sa dose de sang, de douleur et de larmes....)