Une année étrange se termine. Elle aura mis en lumière l’inconnu, la peur, la précarité et notre vulnérabilité. La flamme vacille mais ne s’éteint pas et en ce premier jour de l’année, nous la regardons, belle et fragile à la fois.
Vivre c’est se confronter à un espace riche, vaste et pluriel. Penser, choisir c’est nécessairement faire face à la complexité, à un puits aux ressources inépuisables et à une quantité d’informations tellement importante qu’elle ne pourra jamais être appréhendée dans sa globalité.
Vivre c’est faire preuve d’humilité, prendre garde de ne pas faire fi des ambiguïtés, des préjugés, des incertitudes pour simplifier sa pensée et justifier ses actions. Résistons à la tentation de rationalisations arbitraires et faisons de nos différences, de nos divergences un moteur de cheminement intellectuel et relationnel.
Gardons à l’esprit que la pensée ne suit pas une progression linéaire mais qu’elle est le fruit d’un complexe va et vient. Ne craignons pas de reconnaître nos paradoxes, les limites de nos actes et de nos réflexions et ne craignons pas de dire nos choix. Car énoncer ses choix, ses avis n’est pas forcément simplifier à outrance, c’est l’occasion d’offrir un certain éclairage, c’est prendre la responsabilité de mettre en avant ce qui pourra être contredit, nuancé, ce qui pourra ouvrir sur de nouvelles perspectives.
Cette année, ne tombons pas dans l’écueil de la fragmentation des savoirs en pensant que chaque discipline produit sa propre expertise du sujet et que nous pouvons tirer d’une juxtaposition des résultats une savante synthèse globale.
Les phénomènes humains et les interactions avec le vivant ne peuvent se satisfaire de rationalisation et de simplification, ils sont le résultat d’interdépendances en perpétuel mouvement. Reconnaissons notre ignorance et notre incompétence dans certains domaines. Reconnaissons les décalages entre la théorie et la pratique. Tentons de dire ces écarts, de les décrire, d’essayer de les comprendre au fil du temps et des changements. C’est dans cet espace interstitiel, dans ce questionnement, entre pratique et théorie, que s'entrevoit une partie du réel. C’est dans la confrontation avec d’autres points de vue, d’autres systèmes d’interprétations, dans les échanges que nous nous enrichissons mutuellement.
Confrontons nos inquiétudes, nos incertitudes. Ces confrontations peuvent être l’occasion de collaborations fructueuses. La diversité des interprétations, les échanges contradictoires et réciproques participent à la construction de sens ainsi qu’à une vision complexe de la réalité.
Renonçons à la vitesse pour prendre le temps de la réflexion, pour laisser le doute germer en nous. La pensée n’est pas l’apanage de quelques-uns, elle est l’affaire de tous car penser est une posture qui avant d’être un savoir ou un savoir-faire est d’abord un savoir-être.
Acceptons de mettre nos représentations, nos valeurs et nos pratiques en questions, questionnons les situations, le sens des mots et des concepts qui nous sont présentés comme des évidences.
Sachons reconnaître notre ignorance dans certains domaines. Ouvrons nos questionnements pour poser les bonnes questions, refusons la simplification et les dangereuses dichotomies, dénonçons les généralisations abusives qui nous divisent et pour cela soyons courageux et pugnaces.
La réflexion est un espace à entrées multiples où se confrontent désirs, vérités, valeurs, représentations, utopies, théories et pratiques, le tout pouvant se conjuguer au passé, au présent et au futur.
Espérons, pour cette nouvelle année, réussir à dégager des espaces dans lesquels nous adopterons des postures éclairées car pensées, mises en questions et en perpétuelles évolutions.
Espérons que dans cet espace pourra s’élaborer une construction mouvante et dynamique de nos rapports aux autres et au vivant au sens large.
Nous vous souhaitons une année riche en réflexions, en relations, en surprises et en découvertes, nous vous souhaitons de vous sentir libres, de rire, d’aimer, de contempler et de vous émerveiller.