Adora (avatar)

Adora

Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 juillet 2023

Adora (avatar)

Adora

Abonné·e de Mediapart

Lettre à A. - Partie 3 : « Ne rien dire c'est cautionner »

A. a été la plus grande déception amicale de mon histoire. J'ai rien compris à rien et dans mon processus de guérison, j'ai commencé à écrire une lettre qui a toujours beaucoup de sens pour moi.

Adora (avatar)

Adora

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a quelques mois CA m'a demandé si je pourrais te refréquenter et être de nouveau amie avec toi, je lui ai dit que si jamais tu venais t'excuser et promettre de faire mieux, je te demanderai « Comment tu comptais te rattraper ? » 

Il m'a dit que c'est non, soit tu l'acceptes entièrement mais pas sous condition.

Je suis d'accord avec lui parce-que je doute que tu puisses te rattraper un jour.

Il faudrait pour ça que tu reprennes tout ton comportement, que tu te dresses en fière défenseuse de la cause féministe et que tu vires de ta vie les agresseurs, les harceleurs, ceux qui ne regrettent pas de se comporter comme ça puisqu'ils recommencent. Si tu n'as pas été capable de tourner le dos à P. alors que tu étais encore "neutre" pourquoi tu le pourrais maintenant que tu l'as choisi ?

J'en attendais pas autant de toi à l'époque, je comprenais le besoin de neutralité, mais au fur et à mesure je me suis rendue compte que ce n'est pas être neutre de juste regarder et de ne rien dire.

Ce n'est pas la première fois que je te le dis, mais quand tu ne dis rien tu cautionnes.

Et ça suffit de dire que tu ne dis pas rien et que tu lui dis quand il fait de la merde. Parce-que ça ne suffit pas, il recommence et la violence va crescendo. Tu imagines ? S'il vient dire un truc qu'il fait de pas ouf il va se faire gentiment taper sur les doigts, s'il recommence quand même il se passe quoi ? Il va se refaire taper sur les doigts ? Ou même en fait, je ne vois pas comment tu pourrais savoir ce qu'il fait puisque tu refuses d'écouter sa victime.

En même temps je comprends, c'est difficile de surpasser sa dissonance cognitive. De se rappeler que le steak dans son assiette était un animal qu'on a charcuté pour le plaisir gustatif. Qu'on a massacré une vie juste pour le divertissement d'autres.

A chaque fois que tu vois P., que tu lui souris, tu rigoles avec lui, tu lui permets de se dire que ce qu'il fait n'a aucune conséquence, que c'est normal et ok de se comporter comme le pire des salopards. 

A chaque fois que tu le fréquentes, c'est de mon cadavre que tu manges. 

Désolée que la viande soit un peu dure.

Après c'est de ma faute aussi, je t'ai laissée partir trop vite, sans la transition qu'on avait prévue initialement. Tu t'es retrouvée jetée dans le grand bain toute seule et peut-être que si j'avais été plus là la transition aurait été plus douce.

Mais j'étais coincée entre mon épuisement et le pote de P. à l'appartement. Des excuses de merde pour ne pas avoir été assez là, j'aurai pu venir dormir avec toi, passer plus de temps en ta compagnie. Mais j'étais vidée et sans la moindre énergie.

C'est aussi à ce moment-là que tu as commencé à fréquenter QO.

Et tu lui as accordé toute la place sous prétexte que ça te faisait du bien.

J'étais inquiète pour toi mais heureuse que tu te sentes plus épanouie. Parce-que tu te jetais à corps perdu dans une nouvelle relation alors que tu n'avais pas fini de te remettre de la précédente.

C'est normal que lorsqu'on se lance dans une nouvelle relation on lui accorde beaucoup de place.

Mais tu en as fait ton interlocuteur privilégié et derrière tu n'arrivais plus à parler de ta vie avec tes amies parce-que tu lui avais déjà tout raconté.

Tu as arrêté de passer des moments trop cools avec tes amies et sans mec, il devait toujours être là.

Ce n'était pas bien de manger des huîtres avec NY ?

Ce n'était pas bien de papoter avec AM ?

Ce n'était pas assez bien de me voir moi ? 

Je ne cite que ça, mais que te reste-t-il maintenant que tu as tout donné ailleurs ?

Même après ça on t'aurait accueillie à bras ouverts quand tu serais revenue vers nous. Sauf que tu n'es jamais revenue.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.