C'est aussi à ce moment-là que CO est entrée entre nous peut-être.
Est-ce que tu m'en veux de bien m'entendre avec elle ? Je ne lui ai pas pardonné ce qu'elle t'a fait, elle le sait et elle l'accepte, elle reconnaît ses erreurs et elle accepte le sermon.
Alors à quoi bon enfoncer quelqu'un qui était victime du même manipulateur que toi ?
Non, au nom de la sororité je ne laisserai pas quelqu'un être victime d'un manipulateur sans lui offrir des portes de sorties, sans avoir de la bienveillance pour elle.
Mais pour ça il faut beaucoup de recul sur ce que l'on a vécu, ce n'est pas quelque chose que l'on peut nécessairement faire alors que ça ne fait même pas six mois qu'on est sortie de la relation qui nous a bousillée.
Puis elle a été hyper nulle avec toi donc c'est normal que tu n'aies aucune envie de la fréquenter. Mais tu ne trouves ça pas un peu injuste si tu me reproches sa fréquentation alors que tu fréquentes un agresseur et harceleur ?
Surtout que d'une certaine manière on peut trouver qu'elle t'a sauvée d'une relation hyper toxique de laquelle tu n'arrivais pas à te dépêtrer. Personnellement je suis d'une certaine manière reconnaissante d'avoir pris la suite de la souffrance de fréquenter MC.
C'est peut-être pour ça que je suis moins rancunière envers elle, je me dis qu'elle a assez souffert de son erreur pour que j'ai pas envie de participer à la punir plus. Et pourtant je suis tout sauf un exemple de miséricorde.
Puis derrière elle a su étonnamment être là et trouver les mots justes quand j'étais aux tréfonds de mes tourments, on s'est finalement renvoyé l'ascenseur entre victimes et ça m'a fait du bien. Les ennemies de mes ennemis sont mes amies.
Et puis maintenant que P. m'a décrite comme complètement tarée j'ai peut-être aussi naturellement plus de proximité avec quelqu'un qui a été dépeinte comme complètement tarée.
Elle fait des mauvais choix, mais elle suit toujours son coeur et essaie d'être la plus transparente possible et elle s'améliore, c'est agréable de voir quelqu'un s'en sortir. Mais après peut-être qu'elle a mieux réussi à m'écouter parce-qu'elle a bossé dans l'accueil des victimes de violences sexuelles et que du coup elle savait quelle posture adopter.
Après je l'ai appris à la dure aussi que la personne à qui on doit en vouloir c'est au partenaire qui nous a trompé et trahi. Franchement je recommande, ça apporte beaucoup d'apaisement. Parce-que oui, si on en veut plus à la tierce personne qu'à son ex-partenaire, on va se retrouver à se comparer, à chercher à savoir pourquoi l'autre et pas nous.
Alors que la réponse est simple : parce-que c'est un connard, ça n'a rien à voir avec nous.
Il semblerait que je n'ai pas assez de haine pour l'étendre au monde entier et que je préfère me contenter de m'en prendre aux personnes qui blessent délibérément les autres, qui les trahissent, qui mentent, qui trichent.
Je ne peux pas m'empêcher de penser que fonctionner à l'inverse c'est être encore dans la matrice imposée par le patriarcat. En effet, sinon pourquoi se mettre en rivalité avec une autre femme pour l'attention et l'affection d'un homme ? C'est clairement tout sauf une position agréable à tenir pour l'une ou l'autre des parties.
Et les connards ne méritent pas autant d'attention.
Selon moi le patriarcat vient s'insérer dans cette dynamique puisqu'il présente la rivalité, le fait de reconquérir son mec, d'être toujours séduisante, plus sexy, plus sage, plus fermant sa gueule et au final on est jamais assez bien pour autant.
Est-ce qu'on ne peut pas se contenter d'être aimée pour qui on est ? Non, c'est jamais assez bien pour les hommes et pourtant eux sont loin d'être parfaits, mais on doit avaler toutes les couleuvres possibles et imaginables, et pire encore.
Pourquoi on est dans une société qui nous fait nous comparer à nos amies ? Pourquoi on ne le fait pas autant avec les hommes ? Pourquoi on passe notre temps à nous attarder sur des différences physiques pour se dévaloriser alors qu'on pourrait juste reconnaître les qualités de chacune ? Pourquoi le pendant du « elle est trop belle » c'est aussi cette petite voix qui va nous dire « elle est plus belle que moi » ?
Quand tu m'as dit cette phrase amère que j'étais une personne géniale qui héberge ses amies et qui crée du lien avec MG, je l'ai pris premier degré comme un compliment et comme une remarque amère.
Amère pour toi.
Amère d'une comparaison qui fait mal alors qu'elle n'a juste pas lieu d'être.
Si plutôt que de travailler à digérer qu'il y aura toujours quelqu'un de meilleur que nous on ne se disait pas juste qu'on est différentes ? Est-ce que l'on ne peut pas juste être aimée pour ce qu'on est sans pour autant se mettre sur une échelle pour savoir si on va être plus ou moins meilleure qu'une autre ?
Du coup selon mon discours j'ai juste à accepter que tu n'avais pas les moyens d'être là pour moi. Et en fait, ça c'est ok. Tu sais à un moment NY s'est hyper investie dans la situation avec P., ça m'a fait un bien fou de pouvoir tout déléguer à quelqu'un, de fermer les yeux et de me laisser porter.
J'ai perdu 10 degrés de pression de me sentir sous la protection de quelqu'un qui allait défendre mes intérêts et où j'avais juste à suivre ses conseils. Et quand peu de temps après elle a saturé parce-qu'elle avait plein de problèmes perso à gérer à côté et bien c'était totalement ok. Elle m'avait assez rassurée et redonné confiance pour que je ne vive pas ça comme un abandon et ça ne l'a pas empêchée d'être là pour moi, de me voir, de passer du temps avec moi.
Bon ça va être la lettre où je chiale comme une madeleine puisque je suis présentement en train de pleurer de gratitude envers NY et de me dire à quel point je l'aime.
Vraiment cette lettre me fait du bien, elle me fait ressentir beaucoup d'amour.
Et cet amour je le sème dans ma tête pour éviter de n'y voir germer que de la haine et de la colère. J'ai beau ne pas avoir la main verte, de mes amitiés je tire un immense champ fleuri.
Si une plante dans ce champ ne va pas bien, je ne vais pas me flageller de ne pas savoir bien m'en occuper, de la laisser dépérir, je vais chercher comment prendre soin d'elle, parce-que prendre soin d'elle, ce n'est pas une corvée.
Merde je suis en train de chialer d'amour pour tous les gens qui ont été là pour moi. Je suis tellement reconnaissante de les avoir dans ma vie.
C'est ça l'amitié. Ce n'est pas une charge, ce n'est pas une charge mentale, c'est juste du bonheur en barre. Il n'y a pas de mauvaise herbe, c'est une classification stupide de l'humain alors que chaque plante a sa raison d'être et a raison d'être là.
Je crois que j'aime beaucoup cette métaphore du jardin et que j'ai envie de la continuer.
Certaines amitiés c'est aussi des ronces, ça fait mal si on les prend à pleine main en serrant trop fort et il faut être plus délicate, mais si on les laisse pousser on se rendra compte que c'est un framboisier et qu'elle fait des fruits magnifiques.
Certaines amitiés poussent toutes seules et c'est magnifique de voir toute cette végétation se développer. Il n'y a pas à avoir peur qu'elles prennent toute la place parce-que ce jardin d'amour on peut l'étendre à l'infini.
Certaines amitiés demandent un entretien particulier parce-qu'elles ont des besoins spécifiques et ce n'est jamais une charge que de se rappeler d'en prendre soin parce-que ça vaut un milliard de fois le coup de le faire.
Et on pourrait se dire que c'est hyper fatiguant de vivre avec un tel jardin en soi, que c'est du travail acharné et quotidien. Non, c'est de la permaculture, il suffit de mettre les bonnes personnes à côté des bonnes personnes et le jardin s'entretient de lui-même et de nouvelles plantes germent.
J'adore voir mes amis s'aimer entre eux, j'adore les voir se distribuer de l'amour et être heureux. Pourtant parallèlement à ça je suis extrêmement mal à l'aise des démonstrations d'affection en public, ça me gêne de voir l'intimité des gens, j'ai l'impression d'assister à un moment où je n'ai pas ma place et surtout, c'est généralement en se fermant au monde autour. Pourtant (bis), quand je vois AM et HF être ensemble, je suis juste éclaboussée par l'amour qu'ielles partagent et il vient nourrir ma tendresse pour eux.
Dans leur amour on ne se sent pas de trop, on a de la place pour le monde entier.
S'il n'y a aucune mauvaise plante, pourquoi devrais- je devrais t'arracher de mon jardin ? C'est dur en fait. Je n'arrive pas à te qualifier, à voir à quelle plante t'associer.
Oui parce-que du coup je suis en train de jouer à ce jeu en pensant à toutes les personnes auxquelles je tiens et en fait tu es juste le trou qu'il reste par terre d'un arbre déraciné, d'une plante arrachée. En fait c'est ça ce que je ressens, j'ai l'impression que tu es venue dans mon jardin, que tu as déraciné la plante de notre relation et que je suis juste là en train de gratter la terre avec mes patounes d'incompréhension. Et qu'à côté de ça il faut faire comme si de rien n'était, comme s'il ne manquait pas quelque chose dans mon jardin, comme si je ne devais pas pleurer le vide qui a été laissé.
Maintenant je commence à arrêter de pleurer sur la perte, je laisse quelques temps le terrain en jachère et derrière je planterai de nouvelles graines.
En fait j'ai vraiment l'impression que tu m'as larguée sans me le dire et qu'on aurait dû faire comme si de rien n'était. Ou sinon j'ai l'impression d'être le chien que tu as abandonné sur le bord de l'autoroute et que quand la SPA te l'a ramené tu l'as culpabilisé d'avoir une amende.