En fait, maintenant que tu t'es déracinée, je me rends compte que si ça se trouve depuis tout ce temps j'aimais juste une représentation de toi et pas qui tu étais vraiment.
Par exemple, je pensais que tu étais féministe.
Et clairement je me suis lourdement trompée, ce n'était visiblement le cas que sur le papier.
En effet, être féministe pour moi c'est croire les victimes, ne pas trouver des excuses et des justifications pour leur agresseur, être intransigeante, surtout quand la personne recommence. Être féministe c'est vouloir l'égalité donc lutter contre les inégalités notamment quand un homme utilise tous ses privilèges pour écraser une femme.
En fait, que tu n'aies pas la capacité de gérer que ton amie aille mal c'est une chose, mais que tu boives des coups avec son agresseur qui est en train de la harceler sexuellement c'est tout autre chose. Là tu as pris parti. Et un parti qui est profondément incompatible avec le féminisme que tu annonces de base.
Ok on fréquente tous des agresseurs, mais tu as vraiment envie d'avoir dans tes fréquentations quelqu'un qui n'écoute rien et qui continue d'être violent envers quelqu'un dont tu as dit être amie ? Dire que tu me disais que tu étais mal à l'aise vis à vis de MD et de son comportement avec MG. C'est bien hypocrite de ta part.
C'est plus facile parce-que P. ne parle pas de moi ? En tant qu'agresseur il a sûrement beaucoup moins à dire que sa victime qui souffre désormais de stress post-traumatique. Et ça ne te met toujours pas la puce à l'oreille en tant que féministe ?
Et je ne parle même pas du fait que tu as arrêté de me croire, de m'écouter. Que tu as mis une couche de « non mais je ne doute pas de ton ressenti mais ça arrive tout le temps de ne pas respecter le consentement des autres ».
Même quand quelqu'un te repousse de toutes ses forces ?
Même quand quelqu'un te demande à voix forte et ferme trois fois de suite de la lâcher alors que tu as ton oreille à moins de 10 cm de sa bouche ?
Non mais c'est juste moi qui le prend mal visiblement.
Tu as bien avalé tout son discours pour le recracher ensuite. Dommage tu avais eu droit à ma parole de victime dans l'heure qui a suivi les faits et ma version n'a jamais changé. Pourtant ça ne t'a pas suffit.
Quand tu le vois, quand tu continues de le laisser dire des choses pareilles, tu es d'accord avec ce qu'il raconte. Et tu le laisses dire des choses pareilles. Et quand tu ne fais rien tu cautionnes ça. Tu es sûre d'être féministe ?
Parce-qu'il me semble que c'est tout le discours des féministes qu'on en finisse avec les excuses de merde des agresseurs pour se dédouaner :
- « Je n'aurai jamais eu la force de te tirer toi et tes 71kg » (dire que je n'en faisais déjà plus que 61 à l'époque)
- « Tu m'avais tiré avant » (aucune chance, j'avais clairement tout sauf envie de son contact et quand bien même ?)
- « C'est toi qui était à fleur de peau » (est-ce que ça change quoi que ce soit à la violence de son comportement ? Non et raison de plus pour éviter de me violenter tu ne crois pas ?)
- « Je voulais te faire plaisir » (Mais mon consentement c'était en option)
- « Je me suis dressé entre toi et le mec que tu avais bousculé » (alors qu'il a pété les plombs après avoir bousculé le-dit mec)
- « Je me suis interposé entre lui et QO et A. » (visiblement il s'interpose à 360° avec moi en bouclier humain au milieu)
- « Tu dis ça parce-que tu sais que ça me ferait du mal tu es une manipulatrice »
- « Tu vas encore dire que j'ai fait des choses que je n'ai pas faites »
Il faudrait qu'il aille jusqu'où alors pour que tu réagisses ?
Le fait que la violence ait été physique ne t'a manifestement pas fait réagir plus que ça, il aurait fallu que ça aille jusqu'où pour que tu réagisses ? Quand le harcèlement a commencé, tu t'es juste bouché les oreilles, donc je repose la question : ça aurait été quoi la limite pour que tu réagisses ? Est-ce que s'il avait fini par me cogner tu m'aurais dit que je l'avais bien cherché en n'étant pas partie ? Si j'avais cru qu'il en arriverait là j'aurais peut-être réussi à partir pour sauver ma peau.
Oh mais je suis partie parce-qu'il a réussi à me faire peur de lui.
Mais ça non plus ça ne t'a pas fait tilter. En même temps, tu préfères abandonner les victimes, c'est plus simple, elles se plaignent trop c'est fatiguant.
En refusant de m'écouter tu as fait le choix de me dire que je rentre dans la jolie (non) case de la mauvaise victime. C'est sûr que j'aurai mieux fait de partir directement sans aucun pied à terre, c'est sûr que j'aurai mieux fait de me taire et de cacher mes traumatismes, c'est sûr que j'aurai mieux fait de fermer ma gueule. Franchement quand il m'a balancé tout ça à la gueule, quand il m'a fait son bingo de tous les pires trucs à dire à une victime, j'ai eu cette pensée horrible qu'on n'en serait pas arrivés là si j'avais fermé ma gueule.
Là toujours tu ne tiques pas ? Pourtant ça je te l'ai raconté et tu as tout mis sous le tapis.
Sauf qu'en fait on n'en serait pas arrivés là s'il ne m'avait pas agressée.
Sauf qu'en fait on n'en serait pas arrivés là s'il avait juste dit « Putain merde c'était pas mon intention, je suis désolé ».
Oui parce-que les excuses, un coup il en a fait, un coup il n'en a pas fait. Bah oui, selon son interlocuteur, il dit ce qui le fera mieux voir. Sauf que s'il nie fermement ce qu'il s'est passé devant moi, tu m'expliqueras de quoi il s'est excusé selon lui.
Et encore je suis en train d'argumenter pour défendre cette affirmation : il ne s'est jamais excusé, le truc le plus proche d'excuses qu'il a pu sortir étant « j'ai de la peine pour ce qu'il t'arrive », c'est loin d'être quelque chose qui s'appelle des excuses ça. Pourquoi ma parole comme quoi il ne s'est jamais excusé ne te suffit pas ? Te rends-tu compte de la violence que c'est de ne pas croire une victime ?
Je me suis un instant dit que tout était de ma faute, que j'aurais dû fermer ma gueule. Franchement heureusement que la féministe en moi m'a immédiatement mis une grande claque dans la gueule en reprenant mes propos d'une voix ironique, me rappelant tout ce que je sais sur le traitement des victimes et leur légitimité.
Je suis légitime d'être entendue et ce n'est pas parce-que ça ne l'arrange pas que je vais fermer ma gueule. Il a juste peur pour sa réputation alors que je me contente des faits et plus ça va, plus il y a des témoins de ses dérives et moins c'est ma parole contre la sienne. Dommage que tu aies misé sur le mauvais cheval.
Si je suis légitime d'être entendue, personne n'a le droit de se boucher les oreilles et de me retirer le droit de m'exprimer.
D'exprimer ce que j'ai subi.
D'exprimer qu'on doit être consciente de qui on fréquente et de ce qu'il pourrait faire d'autre.
Vraiment je me demande jusqu'où il devra aller pour que tu ouvres les yeux. Si c'est comme pour DD, est-ce qu'il devra bousiller ta meilleure amie d'enfance pour que tu le vires de ta vie ?
Est-ce qu'il faudra que tu le vois dans un de ses moments de colère (heureusement rare) pour que tu comprennes qu'il est imprévisible et qu'il faut réellement avoir peur de lui ?
Ou est-ce qu'il faudra qu'une autre femme vienne parler de son comportement ?
Puis une autre ?
Puis une autre ? Puis une autre ?
Est-ce que c'est comme pour Patrick Poivre-d'Arvor et qu'on nous écoutera quand on sera plus de 15 ?
Toutes ses relations avec ses exs se sont mal finies, il n'en voit plus aucune, on était toutes tarées et hystériques, avec de gros soucis.
Mais c'est toujours nous le problème tu es sûre ?
Dire que tu m'as connue avant que je le rencontre.
Dire que tu m'as vue m'éteindre à petit feu et devenir plus que l'ombre de moi-même.
Dire que tu as vu tout ça et que tu continues de le croire lui.
Dire que tu t'aies beaucoup plainte que MC soit féministe qu'en surface, franchement je me demande comme tu gères de regarder P. en sachant tout ce qu'il a fait, je me demande comment tu peux te regarder en face en sachant que tu cautionnes tout ça.
Et ne me dis pas que tu lui dis quand il fait de la merde. Parce-que tu n'auras que sa version pour se faire bien voir, donc je te laisse imaginer la réalité derrière. Puis pourquoi il te dirait la vérité sachant qu'il pourrait perdre ton amitié ou devoir affronter ton jugement ?
Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Et même si tu lui dis, s'il n'y a jamais de sanction à son comportement, pourquoi il changerait ?
Après si tu es sereine de fréquenter quelqu'un qui a tout moment pourrait t'agresser, si tu es sereine d'être constamment sur tes gardes parce-qu'à tout moment ça pourrait déraper, tant mieux pour toi.
Mais pour avoir cru qu'il s'améliorerait, qu'il comprendrait, qu'il ne referait pas les mêmes erreurs, je peux t'assurer qu'il ne se remettra pas en question, qu'il recommencera, qu'il continuera de dire qu'il a tout fait bien et qu'on est juste des grosses tarées.
En vrai j'ai encore l'air hystérique et dans l'émotionnel, mais en fait c'est très rationnel comme mise en garde.
S'il l'a fait et qu'il ne s'est pas remis en question, c'est qu'il le refera. Point. Il a montré son vrai visage avec moi, j'ai vu à quel point il était laid à l'intérieur et ça ressortira à un moment ou un autre.
J'espère pour toi que tu ne seras pas sa prochaine victime.