J'ai passé beaucoup trop de temps à me demander quand est-ce que ça avait commencé à merder sévère, quand est-ce que j'avais fait des erreurs, pourquoi je les avais faites, est-ce que j'aurai pu les éviter ? C'est fatiguant, c'est de la charge mentale mais en même temps mon processus de guérison passe par ça pour moi. Parfois c'est un tourbillon anxieux qui me tire vers le bas, je te l'accorde, mais souvent quand je mets le doigt, le mot, sur la sensation, l'idée, le soulagement est immédiat et là, c'est ce soulagement là que je recherche.
Quand on aime quelqu'un, c'est pour moi tout à fait normal d'accepter de le laisser partir, d'accepter que la personne sera heureuse et qu'on ne fera pas partie de sa vie. Alors pourquoi je n'arrive pas à faire ça pour toi ? Mon amour serait donc si faible ? Ou alors je ne t'aimais pas vraiment ? En fait c'est bien, avec toi, j'ai découvert que je devrais parfois faire un deuil de mon sentiment amoureux, que je ne pourrais pas toujours le garder en moi. Qu'en fait l'exception à ce que ce sentiment perdure en moi sans quoi il se transforme en poison, c'est que la personne que j'aime devienne violente avec moi.
C'est factuel, ce que tu m'as fait subir est de la violence. Ma psy m'a dit cette phrase un peu glaçante mais tellement vraie, que même si ce n'était pas le même type de violence, ce que tu me faisais subir était tout aussi violent que ce que me fait subir P. Oui, on va aussi parler de P. et de comment pour un mec qui n'a jamais rien fait pour toi tu as lâché une de tes meilleures amies, de comment tu craches à la gueule de tes principes féministes pour un agresseur.
Je n'ai pas fini de tourner la page, je n'ai pas fini de passer à autre chose et j'ai encore beaucoup de colère en moi face à ton comportement dans cette histoire. Parce-que quand j'ai écrit que c'était le même niveau de violence, je me suis dit que ce ne serait pas parlant pour toi, ou alors que ça aurait l'air léger à tes yeux du coup puisque depuis le début tu nies totalement la souffrance que m'inflige P.
Et finalement la fin de notre histoire est complètement liée à lui alors comment parler de nous sans parler de pour qui tu m'as laissée tomber ?
J'ai entendu tes excuses comme quoi c'était trop dur pour toi de gérer le fait que j'aille pas bien, et ça encore je pouvais l'entendre, mais que tu fréquentes mon agresseur et mon harceleur sans rien dire, que tu prennes sa défense, ça n'a absolument rien à voir avec toi qui va pas bien.
C'est un choix que tu as fait.
Un choix que j'ai refusé de comprendre puisqu'il ne correspond pas à toutes les valeurs que tu prétends défendre. Mais peut-être que c'est plus simple d'avaler la pilule bleue, de retourner dans la matrice, dans le camp des agresseurs et de se voiler la face plutôt que de se battre pour ses convictions.
Mais ça, ce sera pour plus tard. J'ai envie de faire ma lettre de manière chronologique, pour faire une liste de toutes les fois où j'ai potentiellement merdé, de toutes les fois où ça a merdé, de toutes les fois où tu as tout fait merder.
En fait, peut-être que tout a commencé le soir où tu t'es faite larguer par MC. Je ne t'ai pas donné envie de partager ce secret avec moi, tu n'as pas eu envie de me dire ce que tu avais partagé avec DD. Je l'ai appris le soir où je suis allée chez CO et DD après que tu m'aies dit que tu essayais d'avoir sa position dans le conflit. Je me suis dit que vu que je n'arrivais pas à comprendre ta position parce-que j'étais trop prise dans mes propres tourments vis à vis de toi ce serait plus simple d'avoir le point de vue de quelqu'un à qui tu te comparais. Sauf qu'en fait à ce moment-là c'est aussi là qu'on a commencé à me dire qu'en fait tu n'avais pas à réfléchir et que tu aurais dû prendre mon parti sans te poser la moindre question. Pour l'anecdote, on était toutes les trois posées sur le balcon, ça parlait de cette fameuse soirée et CO a demandé si tout le monde était au courant de ce qui s'était passé, devant mon air interloqué elles m'ont raconté et j'ai ri. Franchement j'ai ri de la situation, j'ai ri d'imaginer DD le lendemain dans la voiture, avec la gueule de bois, coincée entre son mec, sa meilleure amie et MC (oui lui il a pas de qualificatif, il reste la seule ordure qu'il est).
J'ai été impressionnée que tu aies autant gardé un secret aussi lourd à porter toute seule.
J'ai été bluffée de ta loyauté envers DD.
Puis j'ai été très triste aussi parce-que si tu avais eu un dixième de cette loyauté envers moi on en serait pas là.
Peut-être qu'on aurait dû coucher ensemble en fait haha. En vrai je comprends pourquoi tu ne me l'as pas dit, enfin je crois, il y a une part du fait que le secret soit énorme pour DD mais il y a aussi une partie de toi qui n'assumait peut-être pas ce qu'il s'était passé. Je n'ai pas envie de t'en blâmer, ça me fait tellement rire parce-que d'une certaine manière je vois ça comme un pied de nez, une revanche rigolote, contre tous ceux qui t'ont fait du mal dans cette histoire et j'adore ça.
C'était un peu naïf de ta part de croire que ça ne se saurait peut-être jamais.
Parfois je repense à cette citation :
« Il y a trois choses qui ne restent pas cachées longtemps : le soleil, la lune et la vérité » (est-ce que je tiens cette citation de Teen Wolf ? Oui tout à fait).
Du coup il vaut peut-être mieux d'assumer directement la vérité puisque dans tous les cas elle sera révélée un jour.
Peut-être que c'est là le début de tout, le début des mensonges, des faits pas assumés et peut-être que même si on a vécu des choses magnifiques ensemble ensuite, il y avait un secret qui entachait la relation. Peut-être que tu t'es dit que tu ne pouvais pas tout assumer devant moi une fois et donc que tu pouvais le refaire d'autres fois. Disons que ça a peut-être créé un précédent. En vrai j'en sais trop rien mais pour le moment c'est le fait le plus vieux souvenir qu'il me semble pertinent à citer.