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Billet de blog 4 janvier 2013

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Lettre ouverte aux zadistes, festizadistes et promoteurs de referendum régional sur le projet d'aéroport Notre-Dame des Landes.

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Lettre ouverte aux zadistes : pourquoi il faut déterritorialiser la lutte envers l'Ayraultport de NDDL!

Dans le sillage de la Saint-Sylvestre et en ce jour inaugural du wend festizad sur site, s'il est un voeux à formuler pour que la sylvinisation étreigne la civilisation avant de n'être qu'une posture réduite au chagrin...

Car ce chantier d'aménagement a pour cause, une course effrénée au city branding1 et des relents de concurrence en attractivité qui démonnétisent les aménagements pour les résidents au profit des aménagements pour les « visiteurs »! Procédant par là même à un quasi étiage des hospitalités souhaitables ou révocables...

Vu de Berlin, de Tempelhof Park, cet aéroport démantelé qui fut interdit d'accès de 2008 à 2010, connu une confrontation surréaliste entre 5.000 occupants et 5.000 policiers avant de convenir que le mieux était d'admettre qu'il était urgent d'attendre... un motif supérieur d'aménagement... Pour l'heure le Park est lotis de quelques potagers partagés, d'un skate park, d'aire pour laisser divaguer ses chiens, etc. les querelles portent sur les espèces d'arbres à planter selon le types d'oiseaux que l'on souhaite voir nicher! Pour dire qu'en fin de vie, un aéroport raconte aussi une déréliction du sens du Bien commun! Pour ceux qui assistèrent aux confrontations de l'été 2010, le Park est un symbole, pour les riverains, juste un dû, une évidence. De cet écart peut naître une indifférence à son environnement, à son potentiel de mobilisation. C'est pourquoi, l'épicentre importe si peu finalement. L'enjeu est ailleurs. Il est diffus. Il est grand temps de le rendre perceptible.

De quoi la ZAD est-elle le nom et qu'est-ce qui se joue dans la résistance active basée sur l'occupation du terrain? Qu'elle n'est pas une Zone d'Aménagement Délibérée! Quid du « délibéré » dans notre société ultra-maçonne2!? Quiconque aurait déjà sérieusement eu l'impression de passer du consultatif au participatif est prié de se faire connaître!

Je pense qu'il faut s'affranchir de cette stratégie qui agglomère toutes les énergies en un seul lieu quitte à les faire déborder, et pour cause, par contre, il ne faut rien céder sur la vigilance citoyenne envers ces logiques d'aménagement bitumo-bétonneuse.

Pour ce faire, j'appelle la convergence des citoyens-experts en la matière afin de concevoir l'Indice Béton Bitume Elu, l'I2BE. Indice qui permettra de jauger l'impact réel des élus sur l'emprise des sols souvent masquée sous couvert d'amélioration du cadre de vie. Si l'on n'y prend garde, même le tracé d'une piste cyclable peut justifier quelques tonnes de bitume déversés ça et là! L'adoption du tracé d'un tramway, emballer la requalification d'une voirie récemment réaffectée et regoudronnée! Indice qu'il ne faudra pas ménager et accoler par exemple aux cours en Bourse des actions Vinci, Eiffage, Boygues. Indice qui pourrait même rétroactivement éclairer certaines faillites à peine dissimulées comme quand Vinci, décidemment, a perdu l'appel d'offre pour l'élargissement du Canal de Panama, plus grand chantier en cours, révélant en creux, leur piètre diplomatie (se targuer d'être les héritiers de Ferdinand de Lesseps quand il reste dans la mémoire locale celui qui a corrompu les hautes sphères et voué 100.000 ouvriers à une mort certaine, on fait mieux comme lignage) et leur nécessité de rentabiliser leur savoir-faire en hexagonie3. Une autre appelation de l'indice pourrait être Le compensatoire d'appels d'offre perdu dont l'élargissement du canal de Panama mais heureusement que les collectivités locales sont là!!!

En se dotant d'un tel outil à l'échelle de chacun des territoires selon les compétences des élus, nous serons en mesure de peser sur les prochaines échéances électorales, dès l'amont et durant l'écoulement des mandats. Voire, certains candidats pourraient ou devraient (les opportunistes!) s'engager à débitumo-goudronner de la surface (cela vaut aussi pour du volume, combien de murs qui n'ont pas l'alibi d'être anti-bruits sont ils érigés ça et là!?).

Si nos institutions ne prévoient en aucune manière la révocabilité desdits mandats, rien n'oblige les électeurs à éteindre leur pouvoir une fois le bulletin glissé dans l'urne.

Cette démarche est à entreprendre et concrétiser de suite. Elle corrobore la mobilisation des zadistes à NDDL, permet d'en exciper un au-delà de la lutte.

En effet, la conscientisation envers les Grands Projets Inutiles en est à ses balbutiements, inscrite dans un ensemble aisément rattachable à la philosophie du Mouvements des Objecteurs de Croissance, il est impérieux pour se démarquer de l'écologie à papa taraudée par la mauvaise conscience, de passer à une vision sensiblement plus intransigeante avec le Réel.

Et ce, sans céder au vertige des multiples projets à tous les échelons territoriaux, les plus cruellement impérétieux et néfastes en aménagement étant les tracés de LGV, qui vue des autoroutes qu'elles longent dédoublent les ouvrages d'art, en vain, enfin pour le gain de vingt minutes pour allier Bordeaux à Paris, je vous laisse calculer le coût de la minute! Et non, les cannelés n'en seront pas meilleurs! Combien de territoire, simultanément comptent les minutes qui se rajoutent à leur temps à couvrir pour rallier Paris. Là aussi, le soucis de la vitrine et de l'export l'emporte sur la qualité d'un serice qui serait orienté à l'usage du public!!!

La mobilité, l'habitat, le tourisme, autant de secteurs en proie à des bouleversements d'usages et de paradigmes que les infrastructures ne prennent pas en compte... où l'on repense à une mision que l'etat a délaissé au secteur privé, la prospective et la planification, enfin pardon, la DATAR veille, mais que peut la DATAR4 contre le groupe Lagardère pour ne citer qu'un infime exemple de divergence d'intérêt, lorsqu'il lorgne sur les gares de rase campagne et argue de sa concession dans Relais H en vue d'y agglomérer des services floraux, administratifs et postaux, bref, de suppléer à l'Etat! Lagardère détient déjà le marché des manuels scolaires, des livres, bref, des contenus et des contenants (les têtes préalablement vides vidées de toutes vélléités de ne plus l'être!), il s'est même offert le luxe de ne pas prendre le train du livre numérique pour financiariser sa manne « papier », ses marques! Là encore, nul ministère, que ce soit l'Education ou l'Industrie n'a su ou voulu voir les choses selon d'autres contingences. Cette incise pour marteler que la classe politique cède belle et bien à la mode du dilatoire, qu'elle n'a aucun fond sinon l'abyssalité de sa morgue.

Trop longtemps, l'écologie politique s'est laissée cantonner à une caution symbolique, avant d'être manipulée par le PS qui daigne et encore en faire sa soupape sociétale à bon compte. Mais qu'est-ce qu'Eélv a produit, comme pensée, comme projet, depuis, ...depuis...?

Ce n'est pas faire insulte à la représentation partidaire de dire qu'elle souffre de n'être que ce qu'elle est alors qu'elle pourrait fédérer bien davantage! Le péril de la cooptation affinitaire frise non pas la consanguinité, nous n'en sommes plus là, mais un manque criant d'hétérodoxie.

Pour les initiés, le rendez-vous manqué de la Coopérative, qui avait le tort matriciel d'être impulsé en 2010 par Daniel Cohn-Bendit d'où une défiance viscérale à son endroit tant en interne qu'en externe, sitôt noyautée par de vertueux environnementalistes hulotiens, bref, foirade!

L'heure n'est donc pas pour qui veut se coltiner des responsabilités à la syntonisation idéologique, mais à l'édification pragmatique d'outils de co-gouvernance. Que l'ère de l'Open Data ne soit pas une vaine appelation de la démocratie participative. La république des Biens Communs doit être contributive ou elle ne sera rien.

L'occasion est trop belle de s'engager à rendre d'autant plus obsolètes les professionnels de notre chose publique rivés sur leur pérennité statutaire.

Entendons-nous bien, il est hors de propos de dire aux zadistes : « Merci! Rentrez chez vous maintenant. » Quel que soit le ton employé. Je me souviens trop avoir été informé de l'existence de cette lutte par deux activistes hollandaises de passage sur Tours courant 2010 avec cette façon peu banale d'être concernée sans passer pour donneuse de leçon ou recourir à une quelconque subsidiarité des militances; alors nous, militants et citoyens de l'Hexagone, tout juste capable de nous indigner si on nous enjoins de le faire par lecture interposée, effet miroir saisissant... cet Indice Béton Bitume Elu sera le premier outil de reconquête de la politique en vue de cette promulguation cosmopolitique d'Indécroissance qui se fourbit ici et là vers davantage de Buen Vivir5.

Sans la mise en chantier de l'I2BE6 tel qu'esquissé ici nous perdrions de vue que le XXI ième Siècle sera décarboné ou ne sera pas!

1Les mariages chinois à Tours pour exemple délivré par l'administration Germain!

2Comme un fait exprès, dans Libé de ce jour, un appel à référendum régional...

3Rendons leur justice, l'aventure fut tentée en consortium avec Bouygues et Alstom.

4http://www.datar.gouv.fr/la-datar

5Principe constitutionnel adopté en 2011 en Equateur, le Buen Vivir tend à supplanter la référence à la qualité de vie comme horizon individuel indépassable du seul Bien Être : http://www.eve.coop/?a=62

6 https://www.facebook.com/events/435976979784302/?suggestsessionid=1000025319511091357301811

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