Lors des Voeux 2010 proférés en Germanie, l'édile local faisait miroiter en somme bien des choses, une nouvelle tribune dans un stade apprêté à la montée en Ligue 1 garantissant de surcroît un taux de remplissage hôtelier accru; l'implantation d'une Femme-Loire1 monumentale déjà fourguée à satiété en modèle réduit aux congressistes2 ciblés par M. Dayan qui n'en demandent jamais tant, mais avec la vision esthétique de la saturation selon M. Audiard, rien n'est moins dispensable; un amènagement d'entrée de coeur de ville avec un Centre d'Art Contemporain et un hôtel de haut standing avec vue sur Loire...; enfin, l'heure était à l'auto-satisfaction quant au flux inespéré de chinois supposés venir assouvir leur romantisme à la française dans la Cité, la signalétique de l'aéroport fut mise à l'étude d'une mise au bilinguisme sino-hexagonal! Las, les voeux sont toujours de la même farine, et deux ans après, le pétrin ne lève pas!
Il y a à cela une cause, un ferment dont le déni semble être la marque de fabrique des autorités actuelles!
Quelles hôtes se vivent les tourangeaux et quelles hôtes souhaitent-ils vraiment accueillir?
Comment se prémunir d'être un territoire de moindre attractivité au coeur d'une région prisée!? En effet, la fréquentation congressiste est l'archétype économique induisant le court séjour, celui lors duquel on peut facilement mettre en avant ces plus beaux atours sans s'engager à en révéler toute la saveur. Il y a là quelque chose d'éminement bourgeois, au syntagme Pour vivre heureux, vivons cachés, s'ajoute pour accueillir convivialement, accueillons brièvement!
Je force à peine le trait! A-t-on jamais entendu touriste sur le départ dire qu'il reviendra bientôt charmé par les sourires qui irisent les abords patrimoniaux de la ville? Cathédrale et son péristyle sous-valorisé, Basilique transie dans son jus, Botanique jalousement inaccessible. Tours assume de n'être qu'au carrefour de la route des Châteaux et des Vins. D'ailleurs pourquoi prétendrait-elle à autre chose!? Pourquoi tant d'idées germent-elles dans la tête de ses dirigeants!? Et opposants, qui poussent des projets de Capitale de la Francophonie par exemple comme autant de Sisyphe perpétrant une ambition qui ne sert d'autre intérêt que le leur (qu'est-ce que la francophonie a-t-elle besoin d'une Capitale, ou alors nomade à la rigueur! Cette pensée magique de la Touraine vécue comme berceau de la langue française est en soi un châtiment infligé sans discernement.).
Et bien, parce qu'il faut succomber comme il se doit à la tendance lourde des classements en attractivité, être en mesure de prodiguer une offre à nulle pareille, vectrice d'amènagement conçu pour les visiteurs plutôt que pour les riverains, et là où le bât blesse, c'est que cela instigue une déterritorialisation et une surterritorialisement simulanaée, on demande aux habitants d'être ambassadeurs d'équipements et d'aller voir ailleurs les offres similaires... Injonction contradictoire qui flambe notre époque d'épouvantails!
A hauteur de canapé, je suis Ambassadeur du Site CouchSurfing, je constate combien Tours est une destination de passage. Certes, les cyclotouristes abondent qui tracent leur route sur La Loire à Vélo, succès indéniable, mais cela n'engendre qu'une nuitée. Les autres surfeurs de canapé, sont soit en transit, entre deux vols Ryan Air, soit entre deux châteaux, là aussi, cela n'engendre qu'une nuitée. A se demander si Tours peu réellement prétendre être une terre de tourisme, sinon de convenance!
Si j'abonde les deux précdents phylactères ligériens, qu'en serait-il d'une ville reconfigurée, où il ferait bon se promener sur les mails Béranger et Heurteloup, s'y approvisionner aux serres à fleurs, fruits et légumes!? S'attarder dans le quartier culturel pour plonger dans une expérience démultipliée des sens esthétiques. Ou bien, faut-il continuer à survendre la Place Plum' comme seule et unique place to be!? Le snobisme vaut-il quand il est à ce point partagé par tous?
Que n'évoque-t-on la dimension électoraliste des destinations délivrées via Ryan Air, envers la communauté portugaise tout d'abord et plus récemment, autant ratisser large, envers les détenteurs de ryad à Marrakech et autres visiteurs annuels du bled? Quant on sait que pour atteindre la fréquentation escomptée à l'horizon 2015, il faudra en adjoindre une nouvelle, à quoi faut-il s'attendre? Que ne sollicite-t-on l'horizon d'attente des usagers potentiels3?
D'autant que le gros du trafic, en terme de mobilisation de l'équipement aéroportuaire consiste en des vols privés de chasseurs fréquentant Chambord! De jets affrêtés par de richissimes russes, mais passons!
D'autant que le tracé du tramway a la bonne idée de s'arrêter à trois cent mètre dudit aéroport... Là encore, qui de l'intérêt « général »!?
Le propos s'intitule les touristes sont-ils des situationistes qui s'ignorent? Les situationnistes ont notamment engendré le mouvement artistique appelé dérivisme consistant à réinventer ses pérégrinations comme autant de stimulation intellectuelle. Là encore, la préemption de ce champ par les activités du PolAu, rend cette dimension par trop éphémère pour les riverains. Alors, que la façon dont un groupe de touristes investis la ville par ses déplacements est une denrée en soi. Un agrément s'il est perçu comme tel par tous. Ce qui ne peut exister qu'avec de moindres fléchages, avec moins de prémâchage des sites à découvrir. Au risque de transmuter sa ville en espace à consommer...
Consommer, je reviens incidemment à ces voeux 2010, cette promesse inextinguible de voir déferler des couples chinois. Cela m'inspire deux réflexions en guise de conclusion temporaire. Quel est le sens de l'ouverture à l'international d'un dispositif concistant à valoriser le mariage d'extra-nationaux entre-eux, quand on sait combien les mariages interculturel sont dans la ligne de mire des sphères préfectorales. S'agit-il d'une provocation [in]volontaire? Et comme il s'agit de mariage, ce critère de célébration qui fut l'objet d'un débat sur la clause de retrait, sera-t-il au coeur de la bataille municipale, quand on sait que seul à droite, Renaud Donnedieu De Vabres consentirait pleinement à célébrer les mariages entre personnes du même sexe?
Où l'on voit, que régir un territoire en manager selon une stratégie marketing touche rapidement à ses limites. Il y a fort à parier néanmoins, que l'équipe en place, pour briguer un mandat supplémentaire, va encore divulguer des projets de la même farine...
Dans la perspective d'une Slow City s'établissant à Tours, tel qu'énoncé dans le premier phylactère ligérien, quand j'évoque la cessation du site de la Gare de Tours afin d'éteindre cette logique d'une gare en cul-de-sac qui se promeut destination finale alors que de tous ses pores urbains elle le dément... De cette cohérence d'aménagement retrouvée, les visiteurs qui descendront à la gare d'avant le Centre, aborderont la ville à leur manière et non plus selon une prescription carencée. Et les riverains seront commués en ambassadeurs bien plus naturellement que via une énième campagne de recrutement de greeters4!
1http://www.audiard.com/index.php/projets/femme-loire.html
2http://economie-touraine.com/iso_upload/tajc_tourism_10_Vinci.pdf