L'Indignation ne dure qu'un an, l'obsolescence dure toujours!
En célébrant ce 20 octobre 2011 le premier anniversaire de la sortie en librairie d'Indignez-vous, les promoteurs du G99 ne pensaient alors pas faire tant d'émules!
Pour l'anecdote, et parce qu'ils ne sont pas dénués d'humour, ils s'érigèrent dès la veille, communauté des parrains & marraines de l'Héritière!
Mais ce qui est en jeu derrière ce fléchage sémantique est bien plus ample. Né du constat qu'au lendemain du 15o n'émergeaient que des velléités d'une prochaine date d'action, d'un prochain ralliement au contre-G8/G20. Rien en somme qui ne vienne densifier l'étoffe du mouvement.
Une succincte battle de hashtags laisse entrevoir que le fers de lance d'Occupy, à savoir Wall Street, mène au centuple, devant 15M, pourtant originaire. Soit un épigone qui aurait bien laissé décanter ce qui devait l'être pour s'ancrer dans le Réel et le féconder. Oui, je dis cela en me basant sur des donnés twitter, j'en ai conscience!
Le défi qui attend les artivistes glocaux qui ont émergé au gré de cette année de l'Indignation, c'est bien de tenir la ligne de crête sur ses fondations: mouvement libertaire d'occupation pacifique de l'espace public et réseau de pionniers de l'économie de la contribution en matière d'élaboration d'actions disséminés mais simultanés. Là où les outils, du moins leur maîtrise pose évidemment problème dans le Vieux Continent pour de vieux motifs aristotéliciens également bien cernés par Heidegger concernant les rapports de l'homme et de l'instrument (mais je pourrai sans arbitraire aucun, citer Benjamin ou Rancière aux mêmes fins), peuvent être une limite, l'élaboration d'une pensée et d'un agir se sont faites jour.
Sans vouloir jouer aux prospectivistes de bon aloi, il apparaît néanmoins que la conjonction de ces énergies et de ces dispositifs tendent vers l'objectif suivant : mettre suffisamment sous pression les tenants de la gouvernance mondiale actuelle pour les acculer à s'auto-destituer. Reste que cela soulève deux difficultés, leur capacité de nuire une fois reléguée en second plan, saurons-nous les contrer aussi manifestement, enfin, saurons-nous sans céder au défoulement de ce qui déferlera de nos ourlets mentaux convenir de la meilleure conduite possible pour tamiser le Réel à nos Utopies?
À cet effet, il ne suffit pas juste de prendre date sur l'apparition de ce terme mytho-moteur de G99, il faut l'éprouver! Lui asséner une feuille de route! Qu'il réponde aux sommations des autres Sommets, mais selon son propre agenda, en gardant la décentralisation dans son génome (à cet égard, il est amusant d'observer combien le TGV a rendu la Province plus actrice que les vingt arrondissements de Paris réunis), les forces vives du mouvement sont dans cette dissémination assumée, dans son aptitude à polléniser tous les potentiels où qu'ils se trouvent.
Il n'est pas juste ici question de se refaire un remake de 8th Wonderland. Je pense pour ma part, que ce G99 est en mesure d'établir et des référendums détenteurs de leur propre légitimité et des Constituantes à l'échelle de chaque continent.
L'Histoire dira si cet enthousiasme était hors sol ou non, s'il était prématuré. Reste qu'il s'est joué ces derniers mois, bien plus qu'une quête d'hybris débridée. Il n'est pas anodin que le Pape de l'obsolescence programmée rende l'âme au moment même où l'époque s'empare des moyens de sa mutation politique, pour elle-même et envers ses bio-topes.
Non parce que la foule cède à une pulsion d'urgence, mais bien parce qu'une génération relève toutes les autres, ses devancières comme ses suivantes, la génération du G99 est la plus ample qui vaille, elle est la somme de leurs parts maudites. S'en dédire nuirait gravement à la santé!