Le 22 novembre 2016, Rodolphe Alexandre a refusé de signer le Pacte d'Avenir pour la Guyane promis par François Hollande. La réponse du cabinet du Président de la République française datée du 28 novembre, prend acte de cette décision et semble conclure les trois années de tractations menées entre le Président de la Collectivité Territotriale de Guyane (CTG) et l'Etat français. Rodolphe Alexandre affirme refuser de signer pour ne pas « brader la Guyane », avançant une vingtaine de revendications non satisfaites pour le développement de notre territoire. Le cabinet du Président de la République rappelle pourtant que le Président de la CTG avait donné son accord pour la dernière version du texte à signer !
Au delà de ce combat de joute verbale, il nous semble important de faire le point sur les besoins du Pèyi Guyane et sur les moyens d'y parvenir.
La Guyane est le territoire administré par la France qui connaît le développement démographique le plus important. La population guyanaise double tous les vingt ans entraînant de nombreux retards de développements structurels. Les structures scolaires ou sanitaires, pour ne prendre que ces exemples, sont aujourd'hui largement dépassées, il manque des collèges et des lycées sur tout le territoire, les hôpitaux débordent et sont en situation de faillite financière. Par conséquent, la Guyane détient des taux de déscolarisations records, un taux d'illettrisme inquiétant et des indicateurs de santé dramatiquement mauvais. On pourrait décliner toute une série de conséquences similaires sur le foncier, les infrastructures routières ou sur le schéma énergétique de Guyane (chaque année un iguane ou un serpent privent d'électricité pendant plusieurs jours des milliers de guyanais...). Les besoins d'investissement, ne serait-ce que pour rattraper notre retard, se chiffrent à plusieurs milliards d'euros. Le temps de construire ces infrastructures, la population aura encore largement augmenté et les besoins seront encore plus importants. On comprend alors aisément que les deux milliards demandés par la CTG sont malheureusement largement en deçà du stricte minimum, ne parlons même pas des 600 millions promis par Hollande.
Mais comment financer ces besoins? Le statu de la Collectivité Territoriale de Guyane décidé suite au maintien de la Guyane sous l'article 73 de la Constitution de la République française, a renforcé la dépendance économique et stratégique de la Guyane envers la France. Le Préfet a vu son pouvoir renforcé et le financement de la CTG dépend essentiellement de l'Octroi de Mer et de dotations de l'Etat. Or, sous la présidence de François Hollande, les dotations de l'Etat vers le collectivités territoriales se sont vues en constante diminution, alors que parallèlement de nombreuses compétences ont été transférées de l'Etat vers ces mêmes collectivités. Les deux principales causes de ces baisses de dotations sont liées, d'une part, au remboursement de la dette publique que la France a contracté en finançant massivement les banques lors de la crise financière et, d'autre part, au choix politique d'offrir 50 milliards d'euros d’exonération de taxes, d’impôts et de cotisations sociales au patronat pour qu'il maintienne ses profits. Ainsi, on a diminué les dotations aux services publiques et aux collectivités territoriales pour que le CAC 40 détienne le record de versement de dividendes pour les actionnaires en 2016 !
Il est évident, au vu de la situation d'endettement de la CTG, que les collectivités territoriales ne peuvent supporter les dépenses nécessaires à notre développement. Cependant, souvenons-nous que lors du référendum de 2010 la Guyane pouvait faire un autre choix que celui de la dépendance économique envers l'Etat français. Souvenons-nous également que l'actuel président de la CTG, Rodolphe Alexandre, s'est allié à Nicolas Sarkozy pour maintenir notre territoire sous le couvercle français. La CTG est son bébé, ce pourquoi il s'est battu avec son mouvement Guyane 73 ! Aujourd'hui, tel Frankenstein, il se fait écraser par ce qu'il a engendré, condamné a pleurer pour des miettes que l'Etat français refuse de lui donner ! Le choix de brader la Guyane, Rodolphe Alexandre l'a fait depuis bien longtemps, lorsqu'il s'est opposé à l'évolution statutaire de notre pays, organisant une campagne médiatique de peur et de désinformation en bon serviteur du gouvernement de Sarkozy et de Fillon !
Alors, arrêtons les gesticulations et jérémiades, le développement de la Guyane ne passera pas par Rodolphe Alexandre, pas plus que par une CTG fantoche sans réels pouvoirs. Seul une mobilisation de la population guyanaise permettra de créer le rapport de force pour que l'Etat français fasse les investissements qu'il aurait déjà dû faire. Prenons confiance collectivement pour redéfinir les institutions dont la Guyane a besoin pour avancer, arrêtons de déléguer notre pouvoir entre les mains d'un personnel politique bien loin de nos réalités, prenons nos affaires en main.