Voilà qu'à nouveau, gouvernement et syndicats nous apparaissent comme pris de panique devant les chiffres catastrophiques du chômage, alors qu'ils s'accordent pour nous faire miroiter le mirage du plein-emploi dès lors qu'ils sont un peu moins mauvais. Une fois de plus, alors que l'Europe n'a jamais été aussi décidée et déterminée qu'elle ne l'est aujourd'hui à ranger définitivement cette billevesée du plein-emploi au rayon des utopies marxistes les plus farfelues.
Ne faudrait-il pas en finir une fois pour toute avec cette hypocrisie immonde qui perdure depuis trente ans ? Car effectivement :
1) Le chômage de masse est inscrit dans la Constitution européenne sous la forme d'un article qui manifeste un choix délibéré de donner la priorité absolue à la lutte contre l'inflation. Or la lutte contre l'inflation (lutte qui ne bénéficie qu'aux rentiers) se fait essentiellement au détriment de l'emploi, ce qui revient donc exactement au même que d'instituer un taux élevé et permanent de chômage au niveau européen. ;
2) L'une des conséquences directes du chômage est une baisse des cotisations salariales aux différentes caisses qui assurent notre protection sociale. Le résultat, à plus ou moins court terme, est la fin programmée des indemnisations auxquelles les chômeurs ont encore droit aujourd'hui (Grèce, Espagne, Italie, etc. pour ceux qui en douteraient). Et à plus ou moins long terme, l'instauration d'une protection sociale exclusivement assurée par le seul secteur privé et réservée à ceux qui auront les moyens de se payer une assurance. Les autres pourront crever la gueule ouverte, femme et enfants compris, comme cela se passe déjà aux Etats-Unis.
Le seul fait de considérer cet aspect des conséquences dramatiques sur les conditions d'existence du plus grand nombre, engendrées par les choix que les décideurs politiques ont faits et inscrits dans la Constitution européenne, devrait, depuis longtemps déjà, nous avoir enlevé toute illusion quant au projet européen réel qui anime la plupart de nos dirigeants politiques (principalement de droite). Maintenant, que la droite conservatrice et réactionnaire qui est porteuse de ce projet fasse tout pour nous le cacher, voilà qui semble assez normal. Mais que le PS, qui se prétend de gauche, continue de nous raconter les mêmes salades que la droite sur ses supposées intentions de lutter contre le chômage et de restaurer le plein-emploi en France alors qu'elle sait parfaitement que la Constitution européenne l'interdit, voilà qui démontre bien que le PS est partie prenante de l'Europe des banquiers et des patrons qui est en train de se construire.
A moins que ... A moins que ce même PS ait le courage de reconnaître que le plein-emploi (ou même une réduction notable du chômage) ne sera plus jamais possible compte tenu de la contrainte constitutionnelle. Et que, prenant acte de cette impossibilité, le PS nous propose enfin autre chose que le travail pour tous à grand renfort de moulinets et de déclarations à la Montebourg. Un Revenu de Base Universel, par exemple...