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Billet de blog 5 mai 2012

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Logique et politique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vous êtes sans doute un certain nombre sur Mediapart à connaître le petit problème de logique qui suit :

Un automobiliste doit se rendre à un endroit où il n'était jamais allé auparavant et ne disposant d'aucune carte, il décide de se fier aux panneaux indicateurs.

Tout va bien jusqu'au moment où il parvient devant une bifurcation, une route s'ouvrant sur sa droite, l'autre s'ouvrant sur sa gauche. Malheureusement, aucun panneau pour lui indiquer celle qu'il doit suivre pour arriver à bon port.

Mais par chance, il reconnaît, sur sa droite et sur sa gauche, deux stations services dont les gérants sont notoirement connus dans toute la région. L'un pour dire toujours la vérité et rien que la vérité, l'autre pour dire toujours des mensonges et rien que des mensonges. Malheureusement (car un malheur n'arrive jamais seul) :

1) il n'a aucun moyen de savoir lequel des deux est le menteur ;

2) il ne peut poser qu'une seule question à l'un ou à l'autre sans savoir s'il s'adresse au vertueux ou au mytho ;

Après avoir réfléchi quelques instants, il trouve la solution qui lui permet de prendre la bonne route.

Je me demande s'il ne serait pas possible d'adapter cette méthode pour trouver la bonne voie qui nous permettrait de sortir de la crise. En effet, on a vu lors du débat d'hier que l'un des deux disait toujours la vérité et que l'autre ne faisait que mentir. Pour obtenir la bonne réponse qui nous sortira du marasme actuel, posons la question suivante à F. Hollande : Quelle est la voie (celle de droite étant celle de l'austérité à perpétuité ; celle de gauche, celle de la croissance et du bonheur uiniversel) que nous indiquerait N. Sarkozy pour sortir de la crise ?

La réponse formelle à ce problème de pure logique est : quel que soit celui des deux qui ment, nous obtiendrons toujours la même réponse, à savoir : emprunter la voie de droite. Il ne nous reste donc qu'à emprunter la voie de gauche pour être sûr de sortir de la crise. Mais par ailleurs, il existe deux variantes à ce problème qui consistent à considérer le cas où chacun des deux protaganistes dit toujours le vrai ou que chacun d'eux dit toujours le faux. Dans ces deux autres cas, la question à poser demeure exactement la même et donne lieu à la réponse vraie dans le premier cas, et à la réponse fausse qu'il faut inverser dans le deuxième cas pour obtenir la réponse vraie.

Certes, tout cela apparaît comme très théorique et sans aucune application possible dans la réalité. Et pourtant ... Si l'on est d'accord pour considérer que les projets de société portés par la gauche et par la droite sont fondamentalement différents en terme de traitement réservé aux différentes catégories de la population, et que l'un et l'autre de ces projets se revendiquent comme le seul capable de servir les intérêts du plus grand nombre, ne sommes-nous pas amenés à en conclure qu'un au moins des porteurs de ces projets se trompe ou, pire encore, nous trompe sciemment ?

Nous pouvons donc poser, comme un fait réellement établi, l'existence permanente de deux voies (projet de gauche et projet de droite) portées par deux intentions dont l'une est (ou pourrait être : c'est ce qui reste à déterminer) contraire à l'intérêt du plus grand nombre. Et si c'est l'intérêt du plus grand nombre qui doit primer sur l'intérêt particulier ou sur tout autre considération, la logique formelle peut nous aider à faire le bon choix.

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