La seule réponse possible à l'austérité organisée par les politiques libérales qui ont définitivement pris le pouvoir en Europe, c'est de prendre en considération le fait qu'on ne peut pas maintenir indéfiniment dans la précarité absolue une partie de la population. Question de morale mais aussi de paix sociale.
Certes, il apparaissait difficile à nombre d'intellectuels, et sans doute encore maintenant, que les plus aisés puissent bien vivre dans un océan de malheur. Mais on voit bien que cela ne les dérange nullement à l'exemple de B. Tapie, de B. Arnault, de Ch. Clavier, de notre Johnny national et de beaucoup d'autres qui coulent des jours parfaitement heureux dans un autre monde bien séparé du nôtre pendant que Grecs, Espagnols, Portugais, Italiens crèvent de misère.
Quant à manifester pour réclamer la sauvegarde de son propre emploi quand on se fichait totalement des chômeurs tout le temps qu'on faisait partie de "ceux qui se lèvent tôt", j'ai toujours trouvé cela d'une indécence consommée et d'autant plus intolérable qu'elle est encouragée par les syndicats. Le délégué CGT de PSA, par exemple, ne défend que son beefsteack et ne dénonce que la direction de sa seule entreprise au lieu de porter le combat des travailleurs sur l'ensemble du territoire. Idem d'Arcelor Mittal et des autres sites industriels menacés.
Indécence consommée donc, mais pas que ... A quoi cela rime-t-il de vouloir à tout prix préserver son seul emploi dans un contexte politique qui se satisfait du chômage de masse depuis plus de trente ans et de toute la misère qu'il engendre ? C'est pourtant cela et seulement cela qu'il s'agit de comprendre pour pouvoir proposer, voire imposer, une organisation sociale différente qui ne repose plus seulement sur l'éventualité de plus en plus mince d'avoir un emploi décemment rémunéré tout au long de sa vie, avec l'espoir de plus en plus compromis d'avoir une retraite potable en fin de carrière. Le plein-emploi, c'est fini, passons à autre chose ...