Il faudrait que les journalistes de Médiapart s'arrêtent un moment de penser le monde de la manière - par trop académique - qui leur a été apprise sur les bancs de la fac. Que chacun d'eux fasse comme s'il avait quitté la France il y a une trentaine d'années pour s'offrir une croisière en mer et qu'ayant échoué, au cours d'un naufrage, et survécu sur une île déserte durant tout ce temps, il soit enfin secouru et ramené au pays. Il aurait tout loisir de constater l'incroyable contraste entre l'état de la France et de l'Europe d'aujourd'hui et celui dont il avait gardé le souvenir en partant trente ans auparavant. Son analyse de la situation ne serait nullement faussée par tous les discours tenus par ceux qui tentent de nous faire croire, jour après jour, que tout ce qui arrive est totalement indépendant de toute volonté politique.On ne lui aurait rien dit des soi-disant multiples chocs pétroliers ; de l'impitoyable concurrence asiatique ; des restructurations nécessaires dans les entreprises "justifiant" un chômage encore accru ; de la propagation du néolibéralisme à travers la planète ; de la guerre économique permanente qu'est devenue notre quotidien à nous tous, soldats enrôlés malgré nous dans cette course folle aux profits sous le commandement des patrons et des banquiers, nos actuels généraux non moins fous irresponsables et dangereux que ceux de l'armée régulière ; de la nouvelle donne géopolitique, à la suite de la chute de l'URSS, plaçant le conservatisme Nord-américain en situation de quasi monopole ; des soi-disant multiples crises affectant l'économie mondiale ; de la destruction systématique de notre "Etat Providence" plongeant une majorité d'entre nous dans la précarité et l'insécurité ; du renoncement généralisé, par un savant conditionnement des esprits, à toute idée de progrès social ; et enfin de la crise que nous subissons actuellement et qui met les populations à genoux les unes après les autres en Europe.Comment ne pas percevoir le "processus" à l'oeuvre dans cette longue liste de désastres économiques et sociaux qui frappent la quasi totalité des pays du monde ? Ou comment justifier l'incompétence de nos dirigeants à organiser le monde de manière un tant soit peu acceptable alors que les moyens dont ils disposent pour gérer et contrôler les différents paramètres de nos sociétés dans un contexte mondialisé n'ont jamais été aussi considérables ?Par ailleurs, et en totale conformité avec le message précédent que je tiens à faire passer, ce que nous apprend Etienne Chouard au sujet du TCE (voir : http://www.dailymotion.com/video/xiegy7_etienne-chouard-sortir-de-l-ue-partie-1-3_news ) est proprement effarant et tellement simple à comprendre qu'on peut se demander comment tous les intellectuels, tous les penseurs et tous les politiques de gauche n'ont jamais été fichus de nous l'expliquer. Je me fais donc un plaisir de résumer ici l'arnaque dont nous sommes tous victimes depuis plus de trente ans.1) Il existe une corrélation forte entre le niveau de chômage et l'inflation qui se traduit dans les faits de la manière suivante : a) un faible taux de chômage entraîne de l'inflation. Cela s'explique simplement du fait que le salarié est en situation de force pour pouvoir négocier son salaire à la hausse. Or le salaire est un coût pour l'entreprise et donc, le patron se sent obligé de le répercuter sur le prix de vente des produits qu'il fabrique afin de préserver ses marges. D'où une inflation des prix à la consommation.b) un fort taux de chômage empêche l'inflation. Pour les raisons exactement inverses que celles décrites précédemment.2) L'inflation ne constitue aucun problème en soi si les salaires et les loyers par exemple sont indexés sur cette inflation. La mise en oeuvre de l'indexation elle-même ne poserait pas davantage de problème technique.3) En fait, et c'est là qu'on voit réellement toute l'étendue de l'imposture à laquelle nous sommes - presque - tous soumis depuis plusieurs dizaines d'années, la seule répercussion négative de l'inflation se manifeste dans les comptes en banque de ceux qui ont accumulé des fortunes quelque peu considérables. L'explication est là encore toute simple : l'inflation traduit la diminution de la valeur d'une monnaie. Ainsi, si l'inflation est de 3%, par exemple, cela signifie que vous avez besoin de 1,03 fois plus d'argent en billets pour payer le même produit ou, dit autrement, que votre argent vaut 1,03 fois moins qu'avant l'inflation (qui est de 3% ici, je le rappelle). Certes, un coefficient de 1,03 correspondant à une inflation de 3% peut sembler faible, mais les inflations s'ajoutant les unes aux autres (effet cumulatif), le coefficient final au bout d'un an peut être de l'ordre de 1,5 voire même beaucoup plus. Voir sa fortune divisée par 1,5 ou par 2 au bout de l'année peut, nous pouvons tous le comprendre, avoir des effets déprimants.Or, tant pour le salarié qui ne vit que de son salaire indexé à l'inflation et de petites économies (le Livret A était justement destiné à les protéger de l'inflation) que pour son propriétaire dont les loyers seraient eux aussi indexés sur l'inflation, celle-ci n'aurait aucune conséquence.Par contre, celui dont le compte en banque n'est pas indexé sur l'inflation, voit sa fortune divisée par 1,03. Et c'est là la seule et toute la raison qui "justifie" le chômage de masse et la dégradation constante de nos conditions d'existence depuis trente ans. Trente ans !!!...Voilà donc la seule et unique raison qui "justifie" que l'existence de millions de jeunes et de moins jeunes soit pourrie au point qu'ils n'ont plus d'autre perspective d'avenir que celle d'espérer une hypothétique révolution européenne.Et vous, les journalistes, de Médiapart et d'ailleurs, que trouvez-vous à répondre à votre totale absence d'analyse pertinente de la situation ? S'agit-il bien en définitive d'un complot ou pensez-vous pouvoir continuer à nous enfumer encore longtemps avec vos théories économiques à la mord moi le noeud ?
Billet de blog 23 mai 2011
Les révélations d'Etienne Chouard sur la forfaiture néolibérale.
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