Monsieur Macron.
Permettez-moi de m'adresser à vous, citoyen lambda que je suis, issu de la classe moyenne. Je ne suis personne, même pas l'un de vos électeurs et vous ne me lirez probablement jamais - mais mieux vaut d'adresser au bon dieu qu'à ses saints dit-on.
Je ne comprends pas votre position concernant les vaccins covid. Je ne comprends pas non plus où se trouve la cohérence de votre politique sanitaire face à la covid, si tant est qu'il y en ait une. On pourrait se dire que c'est un autre débat mais en fait... non, c'est très lié tout ça, justement.
Lundi soir, vous avez renforcé les mesures coercitives pour que les français se fassent vacciner. Vous avez déclaré que vous devrez probablement rendre le vaccin obligatoire mais que vous décidiez de faire confiance aux français. Qu'est-ce que c'est que cette déclaration !?
Soit vous estimez que le vaccin est la seule alternative efficace et vous le rendez obligatoire, soit vous ne le pensez pas et alors pourquoi renforcer les mesures coercitives ? Avez-vous seulement assez de doses vaccinales pour répondre aux besoins, si le vaccin devenait obligatoire demain ? Est-ce que le fait qu'une obligation vaccinale ne puisse être ordonnée que par le Parlement vous gêne ? Cela expliquerait votre position, mais alors votre paternalisme affiché et votre refrain sur la confiance ne servirait qu'à faire diversion et surtout, à faire peser la responsabilité de la situation sanitaire catastrophique que l'on redoute sur les épaules des opposant aux vaccins et non sur celles d'un gouvernement à la politique décidément brouillonne et à la cohérente peu évidente. Pratique.
Je comprends les deux camps : ceux qui veulent se faire vacciner et ceux qui s'y refusent.
Ceux qui veulent se faire vacciner en ont assez des mesures sanitaires qui durent depuis 1 an et demi. Ils veulent retrouver une vie normale, une économie en meilleure santé (pardonnez-moi le jeu de mots). Certains sont personnes à risques et ont peur pour leur santé, leur vie ou celle de leurs proches. Certains culpabilisent des risques qu'ils craignent de faire prendre à leur entourage en ne se vaccinant pas.
Certains peut-être, entendent les arguments scientifiques en faveur de la vaccination, voire même sont en capacité de lire les différentes études scientifiques et de les comprendre.
Certains ne vous font aucune confiance mais ont encore confiance néanmoins, en d'autres que vous qui encouragent la vaccination.
Ceux qui ne veulent pas se faire vacciner ont aussi les mêmes motivations : ils en ont aussi plus qu'assez des mesures sanitaires, veulent retrouver une vie normale, une économie en meilleure forme (pardonnez-moi le jeu de mots, là encore).
Ils ont peur aussi pour leur santé et celle de leurs proches, de leurs parents, de leurs enfants. Et peur aussi des risques qu'ils prennent en ne se vaccinant pas.
Et aussi en se vaccinant, même si cela vous paraît nul et non avenu, à vous. C'est là qu'importe la perception de la cohérence de de votre politique sanitaire, et même de votre politique au sens large.
Les casseroles des ministres de vos gouvernements (et des gouvernements précédents, soyons honnêtes), les exemples sans fins de collusions entre monde politique et économique, monde économique et laboratoire, laboratoire et monde scientifique, tout cela inextricablement mêlés, amènent un nombre de plus en plus important de personne à la défiance vis-à-vis de la parole publique.
Les incohérences qui ont été les vôtres en matière de santé publique (ne serait-ce que sur l'utilité du masque, pour ne prendre qu'un exemple), vos mensonges et trahisons (le revirement en cours sur le caractère obligatoire du vaccin n'en est qu'un parmi d'autres), les cacophonies concernant le Covid ont consolidé la disparition de la confiance, à l'égard des politiques, médecins, scientifiques et instances de santé confondu.
Je rajoute à cela votre gestion des hôpitaux : vous semblez compatir à leur situation de saturation, résultante d'années de démantèlement lent et de coupes budgétaires, mais continuez à supprimer des budgets et des moyens en pleine crise sanitaire. Avouez qu'en terme de cohérence, cela laisse à désirer.
Depuis plusieurs mois, vous et votre cercle d'influence accentuez un battage médiatique qui ne parle que d'une seule voix – ou presque. Toute parole contestataire est qualifiée de complotiste.
Je rajoute à cela l'expérience de l'un de mes proches, qui n'est certainement pas isolée. Il a visité sa mère en fin de vie dans un hôpital, sans aucun protocole Covid. Elle est décédée dans la nuit suivant sa visite. Son cercueil a été scellé, sous prétexte qu'elle avait eu le Covid quelques mois plus tôt. Elle a été déclarée décès Covid et a grossi les chiffres de mortalité. Combien de décès déclarés de cette façon abusive ? Quel crédit dès lors, apporter aux chiffres assénés quotidiennement depuis maintenant plus d'un an ?
Aujourd'hui, vous faites peser sur des gens qui n'ont aucune compétence médicale une décision qu'ils ne sauraient prendre que s'ils avaient confiance dans une instance compétente. C'est de plus en plus difficilement le cas.
Ces gens dont vous attendez qu'ils se vaccinent, doivent également en décider pour les enfants. C'est une charge bien lourde... et je ne parle même pas de la nouveauté du vaccin par ARNm. Cela est nouveau et angoissant. Peut-être que l'avenir nous prouvera que ces vaccins sont inoffensif, mais aujourd'hui et dans un climat d'une telle défiance, ne comptez pas trop sur la confiance et ne reprochez pas aux gens que vous gouvernez de ne pas vous l'accorder, ce serait un comble.
Imposer une telle responsabilité me paraît d'une violence propre à susciter des lendemains funestes et menaçants.
Ces gens ont peur pour eux, pour leurs enfants et leurs proches, pour l'avenir et ils ont des raisons, et la peur tétanise.
Pour un peu, on pourrait penser que cette situation, excitant les dissensions, incitant à l'extrémisme, pourrait vous servir à faire diversion, de sorte qu'on ne se préoccupe pas trop de la casse que vous continuez du système social français. Pour un peu... Avouez que c'est un bénéfice secondaire plutôt pratique auquel il est difficile de renoncer, surtout après 18 mois de manifestation de gilets jaunes, comme l'est la privation de liberté qu'a permis l'état d'urgence sanitaire, à l'instar l'état d'urgence de 2015 avant lui et de tous ceux qui l'ont précédé.
En attendant, le peuple se déchire, les familles se couvrent de cicatrices qui ne s'effaceront pas avant longtemps, les amis s'invectivent et moi, comme de nombreux autres, je me confis dans l'angoisse et la peur, devant la crise sanitaire mais aussi et plus encore devant les stigmates que cette crise laissera dans nos vies, nos relations sociales et dans le tissu qui fondé notre société.
Enfin, votre idée du pass sanitaire telle que dessinée ce 12 juillet, crée deux catégories de citoyens, avec des droits différents en fonction de la confiance qu'ils placent en vous ou en d'autres instances - en fonction de leur croyance en somme, même si cette dernière est laïque. Ce serait un dangereux précédent. Cela est inquiétant et me semble éthiquement inacceptable et révoltant.
Alors aujourd'hui Monsieur Macron, aujourd'hui il est temps d'être clair dans votre politique, que nous subirons comme nous la subissons depuis plusieurs années ou à laquelle certains accorderont confiance, et de cesser de louvoyer comme vous le faites.
Aujourd'hui, j'ai envie de vous dire que votre confiance m'importe peu, que je m'en contrefous.
Aujourd'hui en fait, j'ai envie de vous dire Monsieur Macron, que le manque de confiance que vous pourriez éprouver à mon égard me flatte.
Je dirai même qu'il m'honore.