Deux ans de génocide, deux ans d’une accélération inégalée de l’oppression du peuple palestinien et de la Nakba qui ne s’est jamais arrêtée depuis 1948, deux ans d’obligation pour la France de tout faire pour mettre fin aux crimes d’Israël contre le peuple palestinien et deux ans d’inaction, de complicité et de lâcheté.
Depuis deux ans, la France n’a rien fait pour se conformer aux ordonnances de la Cour internationale de justice (CIJ) enjoignant aux États d’empêcher le crime de génocide. La France n’a rien fait pour se conformer aux obligations énoncées dans la résolution qu’elle a votée le 18 septembre 2024, qui exige la fin de l’occupation et de la colonisation du territoire occupé par Israël depuis 1967. Elle n’a rien fait pour protéger le peuple palestinien, rien fait non plus qui change la vie des Palestiniens.
Pire : alors qu’il se trouve des ressortissant·es français·es, connu·es ou anonymes, décidé·es à se conformer aux ordonnances de la CIJ en brisant le blocus de Gaza pour apporter de l’aide à une population affamée, la seule chose que la diplomatie française a jugé bon de faire a été de leur rappeler les « conseils aux voyageurs » sur les dangers de se rendre dans le Territoire palestinien occupé. Dans le même temps, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et la Turquie dépêchaient des navires afin de leur apporter assistance et protection. Et une fois les bateaux interceptés dans les eaux internationales et leurs occupant·es kidnappé·es en violation de toutes les conventions existantes, la France n’a eu ni un mot de désapprobation, ni de condamnation à l’encontre d’Israël, ni le moindre mot de soutien envers celles et ceux qui ont tenté de laver la honte que nous ressentons depuis deux ans vis-à-vis du gouvernement français et du président de la République.
En revanche, alors que la résolution qu’elle a votée le 18 septembre 2024 lui en fait l’obligation, la France n’a pris aucune mesure contre les 4000 Français qui servent dans l’armée d’occupation israélienne ou les dizaines de milliers qui vivent dans les colonies israéliennes. Ces citoyen·nes français·es violent le droit international en contribuant à maintenir une situation illégale, et la France regarde ailleurs.
Ne pouvant plus ne rien faire du tout, le président Macron a choisi une option qui lui permettait de rester fidèle à son refus de prendre des sanctions contre Israël : il a décidé, enfin, de reconnaître l’État de Palestine, une reconnaissance demandée par le Parlement français en décembre 2014 et par le mouvement de solidarité depuis des décennies. Même si cette décision arrive bien tard, nous ne pouvons que nous en féliciter.
Il est cependant impératif que la reconnaissance proclamée le 22 septembre marque le début et non la fin d’un processus, pour que celui-ci aboutisse enfin au plein exercice par le peuple palestinien de son droit inaliénable et inconditionnel à l’autodétermination. La seule voie possible passe par l’application des résolutions de l’ONU : la fin de l’occupation, de la colonisation, de l’apartheid, et le droit au retour des réfugiés. Cela passe par des sanctions contre Israël, puisqu’aucune autre option ne permet d’envisager qu’il respecte enfin le droit. Sans cela, l’État de Palestine ne sera qu’une coquille vide sous tutelle, un territoire éclaté, un cimetière entre les mains de l’occupant israélien.
La « Déclaration de New York » ne fait aucune proposition dans ce sens, contrairement à celle du « Groupe de La Haye », qui propose un plan d’action pour arrêter le génocide. C’est vers ces États qui, comme l’Espagne, proposent l’application du droit que la France doit se tourner, et non vers Trump, qui, main dans la main avec Netanyahou, présente un prétendu plan de paix qui n’est rien d’autre qu’un plan de mise sous tutelle du peuple palestinien par des États occidentaux nostalgiques du temps des colonies.
Quoi qu’il en soit, la priorité demeure l’arrêt immédiat du génocide en cours à Gaza. Les massacres, le nettoyage ethnique, la colonisation, l’occupation et l’apartheid doivent cesser en Palestine. Israël doit y mettre fin. L’avenir de la Palestine doit être dans les mains du peuple palestinien.
Nous devons continuer, inlassablement, à nous mobiliser, à amplifier le mouvement, à parler de la Palestine. C’est avec cette volonté que l’AFPS appelle toutes celles et tous ceux qui sont mobilisé·es à organiser une grande manifestation nationale à Paris le 29 novembre, Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, manifestation la plus unitaire possible, sur la base de mots d’ordre simples qui doivent rassembler tout le monde : cessez-le-feu, stop génocide ; sanctions contre Israël ; fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid ; autodétermination du peuple palestinien ; droit au retour des réfugiés palestiniens.
Anne Tuaillon, 3 octobre 2025