L’accord du cessez-le-feu qui est entré en vigueur le 21 mai et qui a permis de mettre fin aux bombardements massifs de Gaza après un bilan lourd des dommages corporels, matériels et psychiques ne doit pas faire oublier que le peuple palestinien vit toujours sous l’occupation et l’oppression israélienne, sous un régime d’apartheid imposé par l’État israélien. En réalité rien n’a vraiment changé. On en est toujours à la situation qui prévalait avant ce nouvel épisode de bombardements, à savoir la poursuite de l'occupation et l'absence totale de perspective de paix.
Comment la population de Gaza va-t-elle vivre sans les nombreuses infrastructures démolies, va-t-elle reconstruire ses habitations, ses universités, ses librairies sans les matériaux, sous le blocus israélien ? Comment le peuple palestinien à Gaza, notamment les enfants, va-t-il vivre après avoir vécu ce traumatisme ?
Dans le même temps les exactions des colons en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la Vieille ville de Jérusalem continuent.
L’armée israélienne, les bandes fascistes et racistes multiplient les agressions à l’encontre des Palestiniens de Jérusalem : interdiction d’accès à l’Esplanade des mosquées, son invasion violente de l’Esplanade ainsi que de la Mosquée Al-Aqsa début mai, provocations et agressions permanentes de la part des colons, appels au meurtre.
La police israélienne réprime violemment les manifestations des Palestiniens et procède à des arrestations de centaines d’opposants, plus particulièrement, les leaders. Tout comme elle empêche brutalement des journalistes d’entrer dans certains quartiers afin de les empêcher de témoigner sur ce qu’il se passe sur le terrain. De même, les résistant·es palestinien·nes voient leurs comptes Facebook et Instagram bloqués pour éviter la transmission virale d'images. L’objectif est d’occulter ses crimes contre la population palestinienne.
Ces attaques répétées, violentes, contraires au droit international ont été le catalyseur des réactions palestiniennes. Y compris en Israël où les Palestiniens « de 48 » ne supportent plus la politique discriminatoire menée à leur encontre et soutiennent les Palestiniens ainsi agressés.
L’objectif de l’État israélien est de vider Jérusalem de ses habitants palestiniens tout en continuant à isoler les quartiers palestiniens du reste de la Cisjordanie.
La municipalité de Jérusalem participe à ce même objectif, en leur refusant tout permis de construire.
Victimes de cet accaparement de leurs terres et de leurs biens, des centaines de familles palestiniennes des quartiers de Jérusalem-Est de Silwan et Sheikh Jarrah sont menacées de démolition de leur domicile et/ou d’expulsion immédiate. Plusieurs familles du quartier de Silwan ont déjà vu leurs maisons détruites, et plusieurs habitations de Sheikh Jarrah ont été transférées à des colons
Ces quartiers de Silwan et de Sheikh Jarrah sont deux exemples, parmi tant d’autres, de ce processus de nettoyage ethnique, qui illustrent parfaitement ces pratiques discriminatoires des autorités israéliennes :
Silwan, quartier de plus de 55 000 habitants situé au sud-est de la Vieille Ville, occupe une place de choix dans la stratégie israélienne du « Grand Jérusalem ». C’est aussi un lieu de résistance des populations palestiniennes à l’occupation. Les arrestations fréquentes et les restrictions de mouvements, le manque de services sociaux et d’infrastructures publiques dans les domaines éducatifs, sociaux, de la santé créent un climat oppressant pour obliger les Palestiniens à quitter la ville, sans oublier la politique de « deux poids deux mesures » dont témoignent les habitants du quartier.
Un programme de démolition de 88 habitations, dans lesquelles vivent 135 familles, est planifié. La Cour suprême a ordonné le 8 juin la démolition de ces immeubles sous 3 semaines, jetant 1 500 Palestiniens à la rue. Aujourd’hui, 450 colons habitent Silwan, regroupés dans 45 sites.
Sheikh Jarrah est un quartier palestinien de Jérusalem-Est où vivent près de 300 000 Palestiniens. Il est situé à quelques centaines de mètres de la vieille ville où l’on passe pour se rendre à l’université hébraïque de Jérusalem ou à l’hôpital Hadassah, qui font eux partie de Jérusalem Ouest. Des dizaines d’habitants palestiniens sont menacés d’une expulsion imminente de leurs maisons. Ils devront partir de chez eux et des colons vont s’y installer à leur place. La décision est entre les mains de la Cour suprême
Le développement des colonies continue sans relâche au mépris du droit de la population palestinienne à l’auto-détermination, en violation du droit international.
Face à cette situation, nous sommes tous concernés. La France et les États Membres de l’Union Européenne doivent prendre leurs responsabilités, et tenir Israël responsable pour ces politiques de déplacement forcé, d’apartheid.
L’AFPS qui a lancé le 1er mai sa campagne contre l’apartheid renouvelle fermement son soutien à la population palestinienne de Jérusalem-Est et l’ensemble de la population où qu’elle se trouve. L’association appelle au respect du Droit international, à la condamnation ferme des exactions commises par l’État israélien contre le peuple palestinien. Il doit être mis fin à l’impunité d’Israël. Justice doit être rendue au peuple palestinien.
Le 23 juin 2021