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L’année 2025 devait être celle de la fin de l’occupation et de la colonisation israélienne du territoire palestinien (TPO). S’appuyant sur l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ) du 19 juillet 2024, l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) l’a voté le 18 septembre dans la résolution exigeant qu’Israël quitte le TPO et démantèle les colonies avant le délai d’un an.
Au lieu de cela que s’est-il passé ?
Le génocide est toujours en cours : le cessez-le-feu entré en application le 10 octobre a été violé quasiment chaque jour par Israël qui bloque toujours l’entrée de l’aide vitale et c’est de froid que meurent les plus fragiles. Israël occupe plus de la moitié de la bande de Gaza et déplace chaque jour la ligne jaune qu’il entend pérenniser comme nouvelle frontière avec la bande de Gaza. Il détruit chaque jour de nouvelles maisons et impose de nouveaux déplacements forcés aux Palestinien·nes.
L’occupation est toujours plus violente en Cisjordanie et à Jérusalem-Est : destructions d’habitations, arrestations de masse, torture systémique dans les prisons israéliennes, territoire totalement bouclé et asphyxié, paralysie des ONG de défense des droits humains…
Israël programme et construit toujours plus de colonies. La violence des colons, armés par centaines de milliers, atteint des niveaux jamais égalés : incendies, harcèlement, vols de bétail, destructions, saccages, assassinats… Le passage à tabac de Palestinien·nes, en territoire occupé ou en Israël, non seulement n’est pas sanctionné mais est encouragé par une partie des ministres et des députés, portant fièrement à la boutonnière le sinistre nœud coulant symbole de la violence raciste et suprémaciste.
L’État israélien renforce son régime d’apartheid par toujours plus de lois discriminatoires dont la dernière en date envisage d’instaurer la peine de mort pour les seuls Palestinien·nes.
L’impunité assurée par les gouvernements internationaux à Israël lui a donné le feu vert permanent pour franchir toutes les lignes rouges sans jamais avoir de compte à rendre. Pour une fois, les Nations unies s’étaient dotées dans leur résolution de leviers très importants pour faire pression sur Israël afin de lui imposer le respect du droit qu’il viole en toute impunité depuis bientôt 80 ans. On pouvait donc imaginer que l’année 2025 serait l’année de l’application du droit international, de la fin de l’impunité d’Israël, les États ayant l’obligation de prendre des mesures pour lui imposer la fin de l’occupation et de la colonisation.
Au lieu de cela, à quoi a-t-on assisté ? Au détricotage mois après mois de tout ce qui devait permettre cette application du droit. La France qui devait contribuer à mettre en œuvre cette résolution a contribué à sa neutralisation en ignorant délibérément ses objectifs et toutes les obligations qui en découlaient, en refusant toute sanction et en garantissant l’impunité à Israël. Les États ont montré leur hypocrisie et leur lâcheté mais surtout se sont rendus de facto complices des crimes d’Israël. À l’exception de ceux qui se sont retrouvés autour du Groupe de la Haye, ils ont montré qu’ils ne se sentent engagés, ni par leurs votes aux Nations unies, ni par les valeurs qu’ils prétendent incarner.
Les conditions associées à la reconnaissance de l’État de Palestine dans la déclaration de New York étaient un préambule au plan Trump entériné par le Conseil de sécurité des Nations unies : mise sous tutelle des Palestinien·nes de Gaza, rien sur la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid, la création de l’État palestinien reportée aux calendes grecques. Et rien dans les mains des Palestinien·nes. Une violation des fondements même des Nations unies bâtis sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Faut-il rappeler qu’Israël n’a pas le droit d’agresser la population qu’il occupe (au contraire, il lui doit protection et assistance), qu’il n’a pas le droit d’agresser ses voisins, qu’il n’a pas le droit de conquérir des territoires par la force, de détenir des enfants, de pratiquer la détention administrative de masse, de coloniser des territoires ni de tirer profit de ses ressources naturelles ?
Faut-il rappeler que le seul devoir d’Israël concernant le territoire palestinien qu’il occupe est d’en partir et certainement pas de décider de quelles sont les ONG qui peuvent y entrer et porter assistance aux Palestinien·nes.
Il n’y a pas d’autre voie que celle du droit contre la loi du plus fort, celle qui rendra aux Palestinien·nes leur territoire et tous leurs droits, celle qui leur permettra d’être maîtres et acteurs de leur destin. Faire lever les blocages qui les maintiennent dans l’ère coloniale, voilà le défi que nous devrons relever en 2026. Le mouvement de solidarité sera d’autant plus fort qu’il sera uni et déterminé.
Anne Tuaillon, 19 décembre 2025