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Alerte sur le processus électoral. A moins de trois mois des élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RDC), les retards dans le calendrier sont alarmants. Au coeur des inquiétudes se retrouve les fameuses machines à voter, très contestées par l’opposition. Son utilisation, décidée au dernier moment par la Commission électorale (Ceni), et jamais inscrite dans la loi électorale, fait craindre une possible fraude massive.
Mais ce qui inquiète surtout les observateurs, c’est le retard pris par le déploiement des 106.000 machines à répartir dans 75.000 bureaux de vote du pays. Les premiers lots devaient débarquer par bateau fin juillet, mais les autorités ont repoussé leur arrivée pour la fin septembre. Et début octobre, il n’y a toujours pas de machines à voter à l’horizon.
Retards logistiques
Mais une fois les machines sur le sol congolais, reste sans doute le plus dur à faire : les acheminer aux quatre coins de ce vaste pays continent, grand comme cinq fois la France, et dont les infrastructures routières sont quasi inexistantes. Et pour cela, il faut beaucoup de moyens. Seulement voilà, la RDC a affirmé vouloir organiser seule les élections et a décliner l’aide logistique des casques bleus de la Monusco. La Commission électorale a annoncé disposé de 7 hélicoptères, 7 avions dont 2 Boeing, d’un DC-8, d’un Antonov, de 130 camions,185 pickups…
Mais selon plusieurs experts, le compte n’y est pas, d’autant que les hélicoptères sont encore sans pilote, encore en formation au Soudan, et que certains appareils sont « en cours d’acquisition ». Si on rajoute les difficultés d’acheminent dans certaines provinces, en bateau, ou en pirogue, et l’insécurité qui règne dans l’Est et le centre du pays, certains experts tablent sur « au moins 45 jours de retard » sur le calendrier initial.
La Ceni déjà hors délais
Les retards s’accumulent également dans la formation des agent électoraux, toujours au point mort, mais aussi dans l’affichage des listes électorales provisoires. Pour l’instant, les listes ne sont pas encore consultables dans les 17.000 points de votes identifiés par la Ceni. En comptant les délais de contestations de 30 jours et l’obligation d’afficher les listes définitives 60 jours avant la date du scrutin… la Commission électorale est déjà en dehors des clous.
Enfin, toujours aussi inquiétant, le manque de moyens financiers fait planer le doute sur la volonté réelle du pouvoir d’organiser les élections dans les délais. A ce jour, il manque 289 millions de dollars à la Ceni pour boucler son budget électoral. Sur les 432 millions budgétés, l’Etat n’a décaissé que 143 millions, et n’a rien versé depuis juillet 2018 dans les caisses de la Commission électorale. Et comme sur l’aide logistique, le gouvernement congolais a refusé toute aide financière extérieure, estimant qu’elle ne devait plus subir « d’ingérence étrangère ». Si Corneille Nangaa, le président de la Ceni, a tenté de rassurer l’opinion en déclarant qu’il y aurait biens des élections en décembre « avec ou sans argent », son verdict est (... ) Lire la suite sur Afrikarabia.